Communiqué de presse: Le Conseil d’administration du FMI achève la consultation de 2015 au titre de l’article IV avec la République du Congo

le 22 juillet 2015

Communiqué de presse n°15/350
Juillet 22, 2015

Le 17 juillet 2015, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu la consultation de 2015 au titre de l’article IV avec la République du Congo selon la procédure de défaut d’opposition, et examiné et appuyé l’évaluation des services du FMI sans convocation de réunion.1 2

La croissance a été solide et l’inflation modérée en 2014, mais la République du Congo a été durement frappée par le choc lié aux cours du pétrole. En 2014, la croissance s’est hissée à 6,8 %, sous l’impulsion d’un rebond de la production pétrolière. L’inflation est descendue à 0,5 % à fin 2014 (en glissement annuel), principalement en raison du fléchissement des prix alimentaires internationaux. Le déficit budgétaire s’est situé à 8,5 % du PIB en 2014, soit près du double de 2013, notamment à cause de l’augmentation des dépenses publiques et de la diminution des recettes pétrolières. Ce déficit a été principalement financé à partir d’emprunts auprès de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) et de tirages sur les dépôts extérieurs de l’État. Le déficit courant s’est creusé de 1 % du PIB pour se situer à 5½ % du PIB en 2014. Cependant, les réserves officielles détenues à la BEAC ont grossi de 189 milliards FCFA pour se hisser à 2.698 milliards FCFA à fin 2014, grâce au rapatriement des dépôts des banques commerciales et des dépôts de l’État détenus à l’étranger. De ce fait, les réserves internationales de la République du Congo et les dépôts de l’État à la BEAC se maintiennent à environ 9½ mois d’importations prospectives et 20 % du PIB, respectivement, soit les chiffres les plus élevés parmi les pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). La dette publique représente actuellement environ 36½ % du PIB, contre 32 % du PIB en 2013 et 20 % du PIB en 2010, après le point d’achèvement de l’initiative PPTE. Les autorités ont entrepris des mesures correctives sur le plan budgétaire en maîtrisant les dépenses d’investissement dans le cadre d’une loi de finances rectificative de 2015.

Bien que robuste ces dernières années, la croissance n’a pas abouti à une amélioration généralisée des niveaux de vie. Elle a été en moyenne de 5 % ces cinq dernières années grâce à une augmentation des dépenses publiques, principalement financées par la montée des recettes pétrolières. Ceci s’est traduit par une intensification de l’activité dans l’agriculture, l’industrie et les services. Cependant, la République du Congo continue d’accuser des taux élevés de pauvreté et d’inégalité, d’énormes déficits d’infrastructure et d’importants problèmes de développement.

Les perspectives à court et moyen terme seront tributaires de l’évolution du secteur pétrolier et de la trajectoire et de la qualité de l’ajustement budgétaire. La production pétrolière devrait diminuer en 2015, principalement en raison des retards dans la mise en exploitation d’un nouveau gisement. La croissance du PIB devrait se situer à 1 % en 2015 et être en moyenne de près de 3 % par an sur la période 2015-20. Le tassement des cours internationaux du pétrole devrait provoquer une détérioration du solde des transactions courantes et continuer de peser sur le budget. D’ici 2018, l’augmentation prévue de la production pétrolière à partir des nouveaux gisements entrant en production devrait améliorer les soldes budgétaire et extérieur. À partir de 2018, cette tendance s’inversera avec le recul de la production. La croissance non pétrolière devrait redescendre à environ 3 % en 2015-16, avec la contraction des dépenses publiques en capital et le report des projets miniers en raison d’une conjoncture mondiale incertaine sur le marché du minerai de fer. L’inflation devrait être de 2½ % à moyen terme, s’appuyant sur le régime de parité fixe. Les risques qui pèsent sur les perspectives se rapportent à la volatilité des prix du pétrole, à la persistance d’un niveau de prix faible à l’accumulation d’arriérés de paiement intérieurs et à l’instabilité intérieure.

Évaluation par le Conseil d’administration

La croissance a été solide et l’inflation modérée en 2014. En 2014, la croissance s’est hissée à 6,8 %, sous l’impulsion d’un rebond de la production pétrolière. L’inflation est descendue à 0,5 % à fin 2014 (en glissement annuel), principalement en raison du fléchissement des prix alimentaires internationaux.

La République du Congo a cependant été durement frappée par le choc des prix pétroliers. Le déficit budgétaire s’est situé à 8,5 % du PIB en 2014, soit près du double de 2013, principalement à cause de l’augmentation des dépenses et de la diminution des recettes pétrolières. Le solde des transactions courantes s’est également détérioré.

L’économie devrait connaître un taux de croissance annuel d’environ 3 % sur la période
2015–20 à mesure que de nouveaux gisements pétroliers entreront en production. Quoique nécessaire, l’ajustement budgétaire prévu par la loi de finances rectificative devrait entraîner un ralentissement de la croissance à 1 % en 2015. Les risques qui pèsent sur les perspectives concernent la volatilité des cours du pétrole, la persistance du faible niveau des prix, l’accumulation d’arriérés de dépenses intérieurs et l’instabilité intérieure. Le taux de change effectif réel du Congo est globalement aligné sur les fondamentaux macroéconomiques, mais les exportations non pétrolières sont faibles et soulèvent des préoccupations en matière de compétitivité.

La loi de finances rectificative de 2015 devrait être votée rapidement et son exécution suivie de près. Les autorités devraient étudier de manière approfondie leur riposte aux manques à percevoir et aux dépassements de dépenses. Le maintien des dépôts à la BEAC offrirait une marge de manœuvre face à l’éventualité d’autres chocs négatifs. Des plans de secours devraient être préparés pour faire face aux risques baissiers.

Pour préserver la viabilité des finances publiques et de la dette, il faudra une stratégie cohérente d’ajustement budgétaire à moyen terme. Compte tenu de la durée de vie résiduelle limitée des réserves pétrolières et de la persistance de faibles prix, la politique budgétaire devrait être ancrée sur une réduction pluriannuelle progressive du déficit primaire hors pétrole. L’augmentation de la dette publique depuis l’allégement accordé en 2010 au titre des initiatives PPTE et IADM et les tirages effectués sur les réserves pétrolières, soulignent combien il est important d’adhérer à une politique d’emprunt prudente qui maintienne la VAN de la dette nette en dessous des seuils indicatifs de l’AVD. Ce travail devrait en outre être coordonné dans le contexte d’un cadre de surveillance macroéconomique révisé de la CEMAC (voir le rapport des services du FMI sur la CEMAC).

Les dépenses publiques devraient s’orienter de plus en plus vers les politiques destinées à promouvoir une croissance inclusive et des programmes pro-pauvres. Le lien entre les initiatives du PND et le budget annuel doit être clairement établi durant la préparation du budget, en insistant davantage sur la diversification de l’économie. La sélection, l’évaluation et le suivi des projets d’investissement et la budgétisation de leurs coûts d’exploitation et d’entretien doivent être renforcés. De manière plus générale, les services du FMI encouragent les autorités à donner suite aux recommandations des PEFA et PEMFAR afin de renforcer l’exécution budgétaire et les processus de passation de marché et de décaissement et d’accroître l’efficience et la qualité de la dépense.

L’ajustement budgétaire doit s’appuyer sur une amélioration des politiques de mobilisation de recettes et sur les réformes de GFP. Il est possible d’accroître les recettes non pétrolières et limitant l’utilisation de taux réduits de TVA et des exonérations tout en renforçant l’administration fiscale et douanière. Les réformes de GFP doivent se centrer sur l’amélioration de la qualité des investissements, la résolution de l’accumulation d’arriérés et la mise en place d’une information budgétaire exhaustive qui consolide les dépenses hors budget, éventuellement avec l’assistance technique du FMI.

Les réformes du secteur financier sont essentielles pour soutenir la croissance, la diversification et la réduction des inégalités. Le secteur financier devrait profiter de l’intention des autorités de revoir leur stratégie sectorielle, afin de mettre à profit les innovations récentes et d’assurer la cohésion avec les objectifs régionaux. Les grandes priorités restent l’amélioration de la centrale des risques, l’établissement d’un cadastre et d’un guichet unique pour l’enregistrement des titres de propriété foncière, et le renforcement de la justice. La promotion de la microfinance et de la banque mobile devrait également renforcer l’accès à la finance.

Dans l’intérêt de la viabilité extérieure il importe de maintenir un niveau de réserves supérieur à cinq mois d’importations, pour ainsi soutenir la parité fixe. Le repli des cours du pétrole et son impact sur les réserves de change rendent d’autant plus importante la conformité aux exigences de la CEMAC en matière de mise en commun des réserves pour appuyer le régime de parité fixe. À cet égard, les services du FMI saluent le rapatriement d’une partie des dépôts que le Congo détient à l’étranger et recommandent que cette politique se poursuive.

Il est urgent de renforcer la qualité et l’actualité des données macroéconomiques, pour contribuer à améliorer l’analyse macroéconomique et la prise de décisions et assurer le respect des obligations prévues à l’article VIII. Il convient d’améliorer les capacités et d’opérationnaliser la stratégie nationale de développement des statistiques. De manière plus précise il importe de veiller à ce que tous les organismes publics unifient leurs données et il est nécessaire d’assurer le financement adéquat de l’institut de la statistique.

Il est recommandé que la prochaine consultation au titre de l’article IV ait lieu conformément au cycle normal de 12 mois.


Table 1. République du Congo: Indicateurs économiques et financiers, 2013-16
 

 

2013 2014 2015 2016
 

 

  Est. Proj.
  (Variation annuelle en pourcentage)

Production et prix

       

PIB à prix constants

3.3 6.8 1.0 6.5

Secteur pétrolier

-10.2 3.4 -3.4 18.2

Secteur non-pétrolier

8.1 7.9 2.3 3.4

PIB à prix courants

-4.6 0.5 -17.3 16.1

Prix à la consommation (moyenne de période)

4.6 0.9 0.9 1.7

Prix à la consommation (fin de période)

2.1 0.5 1.8 2.1
  (En pourcentage du PIB)
         

Solde du compte courant

-4.5 -5.5 -10.7 -6.0

Dette publique extérieure (fin de période)

32.0 36.4 48.5 44.3

 

       

 

(En pourcentage du PIB non-pétrolier)

Finances du gouvernement central

Total des recettes

111.7 93.9 71.7 80.1

Recettes pétrolières

82.1 64.7 39.6 47.5

Recettes non-pétrolières (dons et revenus d'investissement inclus)

29.6 29.2 32.1 32.6

Total des dépenses

116.0 110.9 89.6 84.0

Dépenses courantes

33.7 36.2 32.6 32.0

Dépenses de capital (et prêts nets)

57.7 53.2 37.6 36.6

Hors-Budget

24.6 21.4 19.4 15.4

Solde global (déficit -, sur base d'engagement) 1/

-4.3 -17.0 -17.9 -3.9

Solde primaire de base (déficit -) 2/

14.1 -5.9 -5.6 6.1

Dont solde primaire de base non-pétrolier (déficit -)

-68.0 -70.6 -45.2 -41.4
   
  (En pourcentage du total des recettes publiques hors dons)

 

       

Service de la dette publique extérieure (après allégement) 3/

5.2 6.6 7.4 6.9

Dette publique extérieure (après allégement) 3/

68.8 86.0 122.4 110.3
         
  (Milliards de francs CFA, sauf indication contraire)

PIB nominal

6,657 6,689 5,528 6,421

PIB nominal non-pétrolier

2,796 3,050 3,098 3,253

Prix mondial du pétrole (dollars américains par baril)

104 96 59 64

Production de pétrole (millions de barils)

88 91 88 104

Taux de change nominal (CFA / USD, moyenne de période)

494 494
         
 

Sources: autorités congolaises et estimations des services du FMI et projections.

1 Dons inclus.

       

2 Revenu (excluant les revenus d'intérêt et dons) moins les dépenses totales (hors paiements d'intérêts et les investissements financés sur ressources extérieures).

3 Point d'achèvement PPTE atteint en Janvier 2010. En Mars 2010, le Club de Paris a accordé un allégement de 100 pour cent de la dette.

Table 1. République du Congo: Indicateurs économiques et financiers, 2013-16
 

 

2013 2014 2015 2016
 

 

  Est. Proj.
  (Variation annuelle en pourcentage)

Production et prix

       

PIB à prix constants

3.3 6.8 1.0 6.5

Secteur pétrolier

-10.2 3.4 -3.4 18.2

Secteur non-pétrolier

8.1 7.9 2.3 3.4

PIB à prix courants

-4.6 0.5 -17.3 16.1

Prix à la consommation (moyenne de période)

4.6 0.9 0.9 1.7

Prix à la consommation (fin de période)

2.1 0.5 1.8 2.1
  (En pourcentage du PIB)
         

Solde du compte courant

-4.5 -5.5 -10.7 -6.0

Dette publique extérieure (fin de période)

32.0 36.4 48.5 44.3

 

       

 

(En pourcentage du PIB non-pétrolier)

Finances du gouvernement central

Total des recettes

111.7 93.9 71.7 80.1

Recettes pétrolières

82.1 64.7 39.6 47.5

Recettes non-pétrolières (dons et revenus d'investissement inclus)

29.6 29.2 32.1 32.6

Total des dépenses

116.0 110.9 89.6 84.0

Dépenses courantes

33.7 36.2 32.6 32.0

Dépenses de capital (et prêts nets)

57.7 53.2 37.6 36.6

Hors-Budget

24.6 21.4 19.4 15.4

Solde global (déficit -, sur base d'engagement) 1/

-4.3 -17.0 -17.9 -3.9

Solde primaire de base (déficit -) 2/

14.1 -5.9 -5.6 6.1

Dont solde primaire de base non-pétrolier (déficit -)

-68.0 -70.6 -45.2 -41.4
   
  (En pourcentage du total des recettes publiques hors dons)

 

       

Service de la dette publique extérieure (après allégement) 3/

5.2 6.6 7.4 6.9

Dette publique extérieure (après allégement) 3/

68.8 86.0 122.4 110.3
         
  (Milliards de francs CFA, sauf indication contraire)

PIB nominal

6,657 6,689 5,528 6,421

PIB nominal non-pétrolier

2,796 3,050 3,098 3,253

Prix mondial du pétrole (dollars américains par baril)

104 96 59 64

Production de pétrole (millions de barils)

88 91 88 104

Taux de change nominal (CFA / USD, moyenne de période)

494 494
         
 

Sources: autorités congolaises et estimations des services du FMI et projections.

1 Dons inclus.

       

2 Revenu (excluant les revenus d'intérêt et dons) moins les dépenses totales (hors paiements d'intérêts et les investissements financés sur ressources extérieures).

3 Point d'achèvement PPTE atteint en Janvier 2010. En Mars 2010, le Club de Paris a accordé un allégement de 100 pour cent de la dette.


1 Conformément aux dispositions de l'article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières, et s'entretient avec les responsables nationaux de l'évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du Conseil d'administration.

2 La procédure de défaut d’opposition est proposée pour les consultations au titre de l'article IV lorsque les conditions suivantes sont remplies : i) il n'y a pas de risque grave ou notable ni de question de politique générale qui exige un débat en Conseil; ii) il est peu probable que les politiques économiques ou les circonstances aient une incidence régionale ou mondiale notable; iii) si, parallèlement, une revue de programme est également achevée, elle doit également l’être selon la procédure de défaut d’opposition; et iv) l'utilisation des ressources du FMI n'est pas à l’examen et elle n’est pas non plus envisagée.




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