Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : Les pays touchés préparent un plan de redressement pour l’après-crise Ébola

le 11 octobre 2014

  • Global recovery continues but it is fragile and uneven
  • L’épidémie de fièvre Ébola efface les progrès économiques récents dans les pays touchés
  • Les retombées de l’épidémie commencent à se faire sentir dans d’autres pays africains

Les trois pays les plus durement touchés par l’épidémie de fièvre Ébola en Afrique de l’Ouest sont en train d’élaborer un plan de redressement pour l’après-crise, a déclaré le Ministre des Finances de Sierra Leone, M. Kaifala Marah.

Des aides-soignants se préparent à Freetown, en Sierra Leone : «Nous avions de bons résultats… puis la crise Ébola nous est tombée dessus», a dit le M. Marah, Ministre des Finances (photo: Huang Xianbin/Xinhua)

Des aides-soignants se préparent à Freetown, en Sierra Leone : «Nous avions de bons résultats… puis la crise Ébola nous est tombée dessus», a dit le M. Marah, Ministre des Finances (photo: Huang Xianbin/Xinhua)

MINISTRES DES FINANCES AFRICAINS

Lors d’une conférence de presse tenue le 11 octobre à Washington en marge de l’Assemblée annuelle 2014 du FMI et de la Banque mondiale, il a déclaré qu’il avait récemment rencontré les ministres des finances de la Guinée et du Libéria pour discuter d’une stratégie pour l’après-épidémie.

«Nous avons décidé de mettre au point une stratégie globale que nous partagerons avec nos partenaires, tant bilatéraux que multilatéraux», a dit M. Marah, en ajoutant que les trois ministres avaient décidé de «mettre à profit les stratégies nationales pour s’entraider».

M. Marah a rappelé que, grâce à la vigueur de son secteur minier, la Sierra Leone avait été ces dernières années l’une des économies les plus dynamiques d’Afrique. «Pour cette année, notre taux de croissance allait être de 11,3 %, nous avions de bons résultats et nos paramètres macroéconomiques fondamentaux étaient solides. Nous faisions des progrès dans le domaine des routes, de l’énergie, du tourisme et de l’agriculture.»

Les flux d’investissements extérieurs étaient aussi soutenus, car le pays attirait les grandes sociétés. Le gouvernement envisageait même de rapprocher la date du passage au statut de pays à revenu intermédiaire, aujourd’hui fixée à l’année 2035.

«Puis la crise Ébola nous est tombée dessus»

«Puis la crise Ébola nous est tombée dessus en mai, et tout s’est inversé, a déclaré M. Marah. Avec l’épidémie d’Ébola, j’ai pris conscience et j’ai commencé à comprendre que la fragilité s’autoperpétue, car si nous avions eu les bonnes infrastructures, les bonnes institutions et les bonnes capacités humaines pour affronter la crise, nous n’aurions pas autant souffert.»

M. Marah a expliqué que les sociétés minières réduisaient leurs opérations en Sierra Leone et que les activités manufacturières avaient diminué. «Le cacao et le café, qui constituent 90 % des exportations agricoles, sont aussi au plus bas désormais, car les gens ont abandonné leurs fermes — tout le monde prend la fuite devant le virus Ébola. La situation est aussi difficile dans le secteur de la construction, parce qu’un grand nombre d’entrepreneurs ont abandonné les chantiers.

«Le tourisme a chuté de 50 à 60 %. Le trafic aérien est en passe de stagner et d’étouffer toute la sous-région. Nous nous retrouvons isolés. Que cela soit ou non la meilleure stratégie ou pratique internationale, nous avons besoin de conseils. Nos économies sont en train de mourir, a déclaré M. Marah, en ajoutant que l’isolement équivalait à un «embargo économique» sur la sous-région.

M. Marah a salué la réponse internationale à l’épidémie de fièvre Ébola. «Le monde a répondu présent. La réponse a été lente et tardive, mais nous sommes très heureux que le monde ait compris que la crise Ébola ne concerne pas seulement la sous-région : c’est un défi pour toute l’humanité».

Répercussions internationales

Henry Rotich, Secrétaire au Trésor du Kenya, note que l’épidémie a aussi des répercussions en Afrique de l’Est. « Au Kenya, des annulations dans le secteur du tourisme ont pesé sur notre croissance, que nous avons révisée à la baisse cette année ». Étant donné la position du Kenya en tant que plaque tournante régionale, les transports ont été affectés par l’épidémie, ce qui pèse sur les perspectives de croissance globale, a ajouté M. Rotich.

M. Rotich a déclaré que le gouvernement du Kenya s’inquiétait des perspectives économiques dans la zone euro, qui est la destination de la plupart des exportations du pays. La croissance vigoureuse en Afrique subsaharienne, un autre marché important pour les exportations kenyanes, pourrait aussi s’affaiblir en raison de l’épidémie d’Ébola, et cela constitue aussi une vulnérabilité potentielle pour l’économie kenyane.

Importance de la stabilité

Bedoumra Kordje, Ministre des finances et du budget du Tchad, a souligné que la sécurité influe sur la croissance économique en Afrique. « La stabilité est un problème pour une bonne partie de l’Afrique, et nous devons l’intégrer dans notre analyse et nos évaluations. »

M. Kordje a déclaré que le Tchad, en particulier, est prêt à défendre cette cause parce que le pays se trouve dans sa plus longue période de stabilité depuis l’indépendance, et le pays en recueille les fruits.

Mais le Tchad est aussi entouré de menaces pour sa sécurité, a déclaré le ministre. « Cela signifie que nous devons investir dans la sécurité, parce qu’il s’agit simplement d’une partie de notre réalité si nous souhaitons préserver la stabilité de notre pays ».

M. Kordje a souligné aussi qu’il ne pouvait y avoir de développement sans infrastructures. « Mais les infrastructures coûtent cher, et l’Afrique ne peut pas les financer sans financements concessionnels. Nous avons besoin de dons, sans lesquels nous stagnerons ou nous reculerons ».

Le ministre a déclaré que les pays à faible revenu ne peuvent pas réaliser non plus leurs ambitions plus larges de développement si l’aide financière qui leur est offerte est seulement concessionnelle. Les dons constituent le meilleur moyen de financer la croissance durable des pays pauvres, a-t-il noté.

Dividende de paix

Geraldo Joao Martins, Ministre de l’économie et des finances de la Guinée-Bissau, a déclaré que son pays profitait d’un « dividende de paix » après les élections et la nouvelle politique économique qui ont suivi le coup militaire de 2012. L’inclusion dans le gouvernement d’éléments de l’opposition politique a suscité un esprit de réconciliation nationale.

« Nous mobilisons toutes les ressources publiques et privées pour soutenir la reconstruction d’un nouveau pays. Notre pays dispose d’un potentiel énorme dans l’agriculture, la pêche, le tourisme et les mines, et il n’est pas encore pleinement exploité », a noté le ministre.