Communiqué de presse : Perspectives économiques régionales : le FMI prévoit un ralentissement de la croissance en Europe et examine les défis à relever pour limiter l'impact des turbulences financières

le 21 avril 2008

Communiqué de presse n° 08/89 (F)

L'Europe devrait connaître un ralentissement de la croissance imputable à la poursuite des turbulences financières, à la vigueur de l'inflation et aux retombées de la récession modérée attendue aux États-Unis. Selon les projections des Perspectives économiques régionales pour l'Europe publiées aujourd'hui par le FMI, la croissance des économies européennes avancées devrait ralentir très sensiblement au cours des deux prochaines années pour s'établir à 1,5 % en 2008 et 1,4 % en 2009, contre 2,8 % en 2007; elle devrait aussi se modérer dans les économies européennes émergentes, pour s'établir à 5,5 % en 2008 et 5,2 % en 2009, contre 6,9 % en 2007.

Les risques qui pèsent sur ces perspectives de croissance sont globalement équilibrés, mais ils pourraient pencher légèrement dans le sens d'une dégradation de la situation en 2009. À court terme, la demande intérieure pourrait être plus forte que prévu car les marchés du travail restent solides et les indicateurs à court terme affichent toujours des niveaux raisonnablement élevés. Sur le plan négatif, il se pourrait que la croissance mondiale fléchisse plus que prévu, que les déséquilibres mondiaux enregistrent une correction soudaine accompagnée de pressions en faveur d'une appréciation de l'euro, et que le resserrement actuel du crédit se transforme en une contraction plus brutale.

«L'Europe a relativement bien résisté jusqu'à présent au ralentissement de l'économie américaine et aux turbulences financières mondiales, mais les précédents historiques laissent penser que l'impact négatif de ces deux facteurs va se faire de plus en plus sentir» a déclaré M. Michael Deppler, Directeur du Département Europe du FMI, qui a rappelé que «lorsque la croissance ralentit aux États-Unis, l'Europe suit. L'ampleur et le moment de la répercussion du ralentissement ont varié dans le passé, mais le phénomène se produit et semble même s'être quelque peu amplifié au fil du temps. Dans nos projections, les liens financiers et ceux qui existent au niveau de la confiance sont un canal de transmission plus important que les échanges commerciaux, ce qui cadre avec leur rôle prééminent dans la tourmente financière actuelle. La montée en flèche de l'inflation, qui a déjà sapé la confiance des consommateurs européens et freiné leurs dépenses, est une source de faiblesse supplémentaire».

Selon le rapport, les autorités des économies avancées doivent rétablir la confiance dans le système financier et limiter autant que possible l'impact de la crise financière sur l'économie réelle. Priorité doit être donnée au rétablissement de la confiance des contreparties et au renforcement des établissements financiers. Les banques centrales devront trouver le juste équilibre entre le soutien de l'économie réelle et la prévention des effets de second tour de l'accélération récente de l'inflation. Si, comme prévu, les anticipations inflationnistes restent bien ancrées et les indicateurs confirment le ralentissement projeté, les autorités disposeront de marges de man_uvre de plus en plus grandes pour assouplir les politiques conduites. Dans l'intervalle, les pays qui ont accompli des progrès suffisants dans le rétablissement de finances publiques viables devraient laisser les stabilisateurs automatiques jouer pleinement. Dans les économies émergentes, dont beaucoup présentent des facteurs de vulnérabilité externe importants et devraient continuer à connaître une croissance rapide, il conviendrait que la politique économique reste centrée sur la gestion des pressions qui s'exercent du côté de la demande et sur la réduction des déséquilibres.

Chapitres analytiques : turbulences financières et convergence dans les économies européennes émergentes

Outre les perspectives économiques, le présent rapport propose une analyse de l'impact des turbulences financières mondiales actuelles sur les systèmes financiers en Europe. Ces turbulences se sont propagées rapidement aux diverses catégories d'actifs et à travers l'Europe. Cependant, en dépit de l'ampleur et de l'étendue des remous provoqués, les systèmes financiers européens ont assez bien résisté jusqu'à présent. Les principaux acteurs systémiques sont restés solides, car les actionnaires et les investisseurs extérieurs ont injecté de l'argent frais lorsque c'était nécessaire. Mais l'épreuve n'est pas achevée pour autant, car toutes les pertes subies n'ont pas été déclarées et d'autres risques se profilent encore à l'horizon.

Le rapport examine plus en détail, au chapitre 3, les perspectives d'évolution et les facteurs de vulnérabilité des économies européennes émergentes. La convergence vers les économies avancées repose sur des paramètres économiques fondamentaux solides, notamment en ce qui concerne les gains de productivité, et elle se poursuivra par conséquent même si son rythme ralentit. La croissance rapide est allée de pair avec un creusement des déséquilibres externes dans plusieurs économies - sous forme de déficits extérieurs courants et de niveaux d'endettement extérieur élevés, notamment -, au risque de favoriser un atterrissage brusqué. Les politiques macroéconomiques et les réformes structurelles devront faire plus pour assurer une convergence harmonieuse des économies européennes émergentes.


Pays européens: croissance du PIB réel, 2006-09
(%)
 
  Croissance du PIB réel
  2006 2007 2008 2009
 

Europe 1/ 2/

4,0 3,9 2,6 2,5

Économies européennes avancées 1/

2,9 2,8 1,5 1,4

Économies européennes émergentes 1/ 2/

7,0 6,9 5,5 5,2
         

Union européenne 1/

3,3 3,1 1,8 1,7

Zone euro

2,8 2,6 1,4 1,2

Autriche

3,3 3,4 1,9 1,7

Belgique

2,9 2,7 1,4 1,2

Finlande

4,9 4,4 2,4 2,1

France

2,0 1,9 1,4 1,2

Allemagne

2,9 2,5 1,4 1,0

Grèce

4,2 4,0 3,5 3,3

Irlande

5,7 5,3 1,8 3,0

Italie

1,8 1,5 0,3 0,3

Luxembourg

6,1 5,4 3,1 3,2

Pays-Bas

3,0 3,5 2,1 1,6

Portugal

1,3 1,9 1,3 1,4

Slovénie

5,7 6,1 4,1 3,5

Espagne

3,9 3,8 1,8 1,7

Autres économies avancées de l'UE

       

Danemark

3,9 1,8 1,2 0,5

Suède

4,1 2,6 2,0 1,7

Royaume Uni

2,9 3,1 1,6 1,6

Nouveaux pays de l'UE 1/

6,6 6,2 4,6 4,3

Bulgarie

6,3 6,2 5,5 4,8

Chypre

4,0 4,4 3,4 3,5

République tchèque

6,4 6,5 4,2 4,6

Hongrie

3,9 1,3 1,8 2,5

Malte

3,4 3,8 2,2 2,0

Pologne

6,2 6,5 4,9 4,5

Roumanie

7,9 6,0 5,4 4,7

République slovaque

8,5 10,4 6,6 5,6

Estonie

11,2 7,1 3,0 3,7

Lettonie

11,9 10,2 3,6 0,5

Lituanie

7,7 8,8 6,5 5,5
         

Économies avancées non membres de l'UE

       

Islande

4,4 3,8 0,4 0,1

Israël

5,2 5,3 3,0 3,4

Norvège

2,5 3,5 3,1 2,3

Suisse

3,2 3,1 1,3 0,9
         

Autres économies émergentes

       

Albanie

5,0 6,0 6,0 6,1

Belarus

10,0 8,2 7,1 6,8

Bosnie-Herzégovine

6,2 5,8 5,5 5,5

Croatie

4,8 5,8 4,3 4,0

Macédoine, ex-République yougoslave de

3,7 5,0 4,5 5,0

Moldova

4,0 5,0 7,0 8,0

Monténégro

6,5 7,5 7,2 5,4

Russie

7,4 8,1 6,8 6,3

Serbie

5,7 7,3 4,0 6,0

Turquie

6,9 5,0 4,0 4,3

Ukraine

7,1 7,3 5,6 4,2
 

Source : FMI, Perspectives de l'économie mondiale.

1/ Moyenne pondérée par le PIB-PPA.

2/ Le Monténégro est exclu du calcul des agrégats.

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