Communiqué de presse: Dominique Strauss-Kahn perçoit un retour à la stabilité mais reste prudent quant aux perspectives de reprise de l’économie mondiale et recommande de maintenir le cap

le 4 septembre 2009

Communiqué de presse n° 09/295
Le 4 septembre 2009

Invité à donner aujourd’hui la Conférence 2009 de la Bundesbank à Berlin, le Directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, a déclaré qu’il faudra attendre que la reprise soit bien enclenchée et que le chômage amorce un repli avant de dénouer les mesures de relance adoptées pour combattre la crise mondiale.

Tout en reconnaissant que l’économie mondiale semble commencer à se remettre de la pire des crises économiques et financières de l’après-guerre, M. Strauss-Kahn a précisé que la reprise sera timide et qu’elle ne sera pas nécessairement génératrice d’emploi : «Je m’inquiète des coûts sociaux et économiques d’un chômage qui est élevé et le restera en dépit de la stabilisation des marchés financiers et de la production».

La reprise reste fragile, aussi a-t-il invité les dirigeants «à pécher plutôt par excès de prudence quand ils décideront de mettre fin aux mesures de riposte à la crise». Il a toutefois ajouté que les gouvernements devaient dès à présent définir leur stratégie de sortie pour être en mesure de mobiliser le soutien de l’opinion et d’agir au moment opportun.

M. Strauss-Kahn a rappelé que la coordination des politiques au plan international a été déterminante dans la riposte à la crise et il a signalé que «la coordination des stratégies de sortie le sera tout autant». Selon lui, c’est grâce à une action résolue et concertée que la crise a pu être maîtrisée.

M. Strauss-Kahn a tracé les trois grands axes d’une reprise durable :

1. Définir les nouvelles sources de croissance

Sur le plan de la demande, «à terme, le secteur privé devra prendre le relais du secteur public», a-t-il précisé, en préconisant par ailleurs un rééquilibrage mondial de la demande, lequel exigera des mesures énergiques — notamment remettre d’aplomb le système financier dans les pays avancés et renforcer les dépenses intérieures dans les pays émergents d’Asie.

S’agissant de l’offre, il appelle des réformes propres à doper la productivité — en renforçant la souplesse du marché du travail et la concurrence sur les marchés des produits. «Les percées des technologies vertes pourraient être la révolution informatique de demain — tout en contribuant à la lutte contre le changement climatique».

Sur le plan des politiques macroéconomiques, il a jugé le travail visant à préserver la viabilité des finances publiques «de la plus grande importance», compte tenu notamment des dépenses induites par le vieillissement de la population, qui représenteront plus de dix fois le coût budgétaire de la crise. L’inflation, selon M. Strauss-Kahn, ne devrait pas inquiéter outre mesure tant que la reprise ne sera pas confirmée.

2. Réformer le secteur financier

M. Strauss-Kahn craint que l’amélioration des marchés financiers «n’incite à relâcher la vigilance face aux problèmes délicats que continue de connaître le système bancaire». Il a engagé les décideurs à rester centrés sur la riposte à la crise, et notamment à établir un diagnostic complet des systèmes bancaires et à mettre en place des programmes de gestion d’actifs pour régler les problèmes des avoirs toxiques.

Sur le front de la réglementation financière, il a rappelé que les réformes n’avancent pas au rythme nécessaire. Il a préconisé une augmentation des fonds propres obligatoires avec une plus grande prise en considération des risques. Il a ajouté que le cadre opérationnel de la supervision macro-prudentielle est toujours «en chantier».

S’agissant des rémunérations dans le secteur financier, il a fait remarquer que la culture de la prise de risque dans les grandes firmes financières avait été pour beaucoup dans la crise, et il craint qu’une fois le secteur financier d’aplomb, l’insouciance ne reparte de plus belle. La communauté internationale doit «unir ses forces pour avancer sensiblement sur ce front».

3. Renforcer le système monétaire international

Tout en notant que plusieurs propositions ont été formulées pour réformer le système monétaire international, M. Strauss-Kahn a dit que «le système actuel, en dépit de ses défauts, fonctionne mieux qu’on ne le dit souvent». Le dollar s’est en fait renforcé durant la crise, ce qui à ses yeux «en dit long sur la position du billet vert comme valeur refuge incontestée».

Pour donner plus de stabilité au système monétaire international, il a souligné qu’il est essentiel de modérer la demande de réserves des pays et de renforcer les mécanismes d’assurance. Le FMI pourrait jouer un rôle important à cet égard et plusieurs idées pourraient être approfondies, dont l’accès plus prévisible à ses financements, des allocations de droits de tirage spéciaux plus sensibles à la conjoncture mondiale ou encore l’augmentation des ressources de l’institution.

DÉPARTEMENT DE LA COMMUNICATION DU FMI

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