Communiqué de presse : Le Conseil d'administration du FMI annule la dette d’Haïti et approuve un nouveau programme triennal d'appui à la reconstruction et à la croissance économique

le 21 juillet 2010

Communiqué de presse No. 10/299
le 21 juillet 2010

Le Conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé aujourd'hui l'annulation totale de l'encours des engagements d'Haïti envers le FMI, qui avoisinent 178 millions de DTS (soit 268 millions de dollars EU). Le Conseil a également approuvé un nouvel accord triennal en faveur d'Haïti au titre de la facilité élargie de crédit (FEC), qui avait été sollicité par les autorités à l'appui de leur programme de reconstruction et de croissance du pays.

Ces deux décisions font partie d'une vaste stratégie de soutien au programme de reconstruction à long terme du pays, après le tremblement de terre dévastateur du 12 janvier 2010. Dans les jours qui ont suivi cette catastrophe, M. Dominique Strauss-Kahn, Directeur général du FMI, avait plaidé en faveur de l'annulation de la dette existante dans le cadre d'un effort international concerté qui serait déployé en vue de lancer un plan Marshall pour la reconstruction du pays. Le nouveau programme fournit un cadre de référence solide et prospectif à l'appui de la stabilité économique et de la reconstruction, et contribuera également à catalyser des contributions des donateurs.

« Les donateurs doivent rapidement tenir leurs promesses envers Haïti », a déclaré M. Strauss-Kahn, « afin que l'on puisse accélérer la reconstruction, améliorer rapidement les conditions de vie et apaiser les tensions sociales. » Lors d'une conférence de donateurs de haut niveau en mars dernier, la communauté internationale s'est engagée à fournir 9,9 milliards de dollars EU pour la reconstruction d'Haïti, dont 5,3 milliards de dollars EU sont à décaisser au cours des 18 prochains mois.

Les ressources dégagées par l'allégement de la dette du FMI aideront Haïti à satisfaire aux besoins considérables au titre du financement de la balance des paiements, qui ont été aggravés par le tremblement de terre. L'allégement de la dette est financé par le fonds fiduciaire pour l'allégement de la dette après une catastrophe, que le FMI a mis en place récemment pour aider les pays très pauvres touchés par des catastrophes naturelles (voir fiche technique ci-jointe).

Le nouvel accord au titre de la FEC fournira 40,9 millions de DTS (environ 60 millions de dollars EU) au cours des trois prochaines années afin d’accroître les réserves de change et d’aider la banque centrale à gérer d'éventuelles variations de la valeur de la monnaie nationale — ce qui est important pour éviter une hausse des prix des produits de base consommés par les pauvres — sans alourdir la dette nette du pays. Le financement au titre de la FEC est assorti d'un taux d'intérêt nul jusqu'à la fin de 2011, et de 0 à 0,5 % par la suite, avec une échéance de 10 ans et un délai de remboursement de cinq ans et demi. La suspension temporaire des intérêts fait partie des mesures approuvées en juillet 2009 pour favoriser les prêts du FMI aux pays à faible revenu; ces mesures sont financées sur les ressources internes du FMI, notamment celles liées aux ventes d’or, et par des contributions bilatérales (voir fiche technique « Financing the Fund’s Concessional Lending to Low-Income Countries »). Le nouveau programme inclut aussi des engagements importants de la part des autorités, qui contribueront à préserver la stabilité macroéconomique et à renforcer la gouvernance budgétaire.

« Le nouveau programme fournira un cadre macroéconomique cohérent qui appuiera l'exécution de notre plan d'action et qui veillera à ce que les apports d'aide soient absorbés et dépensés de manière efficiente », a noté Ronald Baudin, Ministre de l'économie et des finances d'Haïti.

Assistance technique

Le FMI accordera aussi une vaste assistance technique à moyen terme pour renforcer les institutions nationales, notamment dans les domaines de la politique fiscale, de l'administration des recettes, ainsi que de la préparation et de l'exécution du budget, et pour aider le pays à organiser sa première émission de titres publics.

« Il sera essentiel d'améliorer le climat des affaires et de favoriser le crédit et l'investissement privés pour soutenir la croissance », a déclaré Charles Castel, Gouverneur de la Banque de la République d'Haïti. « L'assistance technique fournie par le FMI contribuera à remettre sur pied les institutions économiques et à renforcer les capacités ».

Après le débat du Conseil d'administration sur Haïti, M. Naoyuki Shinohara, Directeur général adjoint et Président par intérim, a prononcé la déclaration suivante :

« Le tremblement de terre de janvier 2010 a été dévastateur pour Haïti, après plusieurs années de progrès en matière de stabilité économique, de croissance et d'exécution de réformes fondamentales. Il convient de féliciter les autorités pour la bonne exécution de leur politique économique pendant les six mois qui ont suivi le tremblement de terre, en dépit de ressources financières limitées et de l'affaiblissement de leurs capacités.

« Haïti est admissible à un allégement de l'encours de la dette au titre du fonds fiduciaire pour l'allégement de la dette après une catastrophe. Les ressources dégagées par l'allégement de la dette au titre du fonds fiduciaire pour l'allégement de la dette après une catastrophe sont essentielles pour satisfaire les besoins considérables et prolongés de financement de la balance des paiements qui ont été alourdis par le tremblement de terre et les efforts de reconstruction ultérieurs, ainsi que pour placer la dette haïtienne sur une trajectoire viable. L'allégement de la dette accordé par le FMI fait partie d'un effort concerté déployé par la communauté internationale pour annuler le solde de la dette haïtienne après le tremblement de terre.

« L'accord au titre de la FEC qui vient d'être approuvé fournit un cadre macroéconomique cohérent à l'appui des objectifs de reconstruction et de croissance des autorités. Le décaissement en temps voulu des contributions élevées des donateurs est d'une importance capitale pour les perspectives macroéconomiques et l'exécution du plan de reconstruction des autorités. Par ailleurs, il sera essentiel d'améliorer les infrastructures et le climat des affaires pour rehausser la croissance à moyen terme, en attirant des investissements privés et en élargissant la gamme des exportations. La mise en place d'un fonds de garantie partielle du crédit contribuera à relancer le crédit au secteur privé.

« Le programme appuyé par le FMI vise à lisser les effets économiques des apports d'aide considérables qui sont attendus ; ces derniers devraient tripler pour avoisiner 15 % du PIB au cours des trois prochaines années. Dans le domaine budgétaire, les objectifs sont d'accroître les recettes intérieures, d'aligner le budget et son financement sur les priorités de la reconstruction, ainsi que de continuer de renforcer la gouvernance. La politique monétaire et la politique de change seront améliorées de manière à faciliter l'absorption des apports d'aide, tout en évitant de fortes variations du taux de change et en maîtrisant l'inflation. Le programme est appuyé par une vaste stratégie d'assistance technique à moyen terme, qui est coordonnée avec les partenaires au développement d'Haïti. »

ANNEXE

Évolution économique récente

Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a causé des dégâts sans précédent en termes de capital humain et physique, les pertes étant estimées à 120 % du PIB de 2009. Cette catastrophe a frappé le pays alors que ses perspectives s'amélioraient après plusieurs années de gestion macroéconomique prudente. En 2009, la croissance avait atteint près de 3 %, un seul pays de l'hémisphère occidental ayant enregistré un taux plus élevé.

Une reprise encore fragile est observée après le tremblement de terre. La production agricole, la construction et l'industrie textile portent l'activité économique, tandis que les envois de fonds des travailleurs émigrés, qui ont progressé de 12 % entre janvier et mai 2010 (par rapport à l'année précédente), soutiennent la consommation et les importations. Les exportations se redressent, bien que le déficit commercial continue de se creuser.

Principaux objectifs du programme

Le programme est centré sur des mesures macroéconomiques qui peuvent soutenir la croissance et le plan de reconstruction des autorités, ainsi que contribuer à gérer les apports d'aide extérieure. Il prévoit d'améliorer l'efficience et la transparence des dépenses publiques, d'accroître les recettes, de moderniser les opérations monétaires et de change, ainsi que d'accélérer la croissance du crédit.

Croissance : le PIB devrait progresser de 9 % pendant l'exercice 2011-12, principalement grâce aux activités de reconstruction, et de 6 % d'ici 2015.

Inflation : l'inflation devrait atteindre 8,5 % pendant l'exercice en cours puis fléchir à 7 % d'ici 2013.

Stratégie budgétaire : l'objectif est de porter les recettes à 13 % du PIB d'ici 2013, contre 10 % aujourd'hui. Les autorités s'emploieront à accroître la qualité et l'efficacité des dépenses de reconstruction, et à mettre en place une administration fiscale plus moderne et plus efficiente.

Politique monétaire : le programme vise à assurer une position extérieure viable tout en absorbant les flux de devises liés à la reconstruction. Pour accroître l'efficacité de la politique monétaire, de nouvelles mesures seront prises pour améliorer l'indépendance de la Banque de la République d'Haïti. Les autorités chercheront aussi à développer progressivement un marché des titres publics.

DÉPARTEMENT DE LA COMMUNICATION DU FMI

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