Note d'information au public: Le FMI conclut les consultations de 2003 au titre de l'article IV avec la République islamique de Mauritanie

le 13 août 2003


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Les notes d'information au public (NIP) sont publiées i) à la demande d'un pays membre qui, au terme d'une consultation au titre de l'article IV, souhaite faire connaître au public l'opinion du FMI à son sujet. Cette mesure vise à renforcer la surveillance de la politique économique des pays membres par le FMI en rendant plus transparente l'évaluation de ces politiques par le Fonds; ii) à la demande du Conseil d'administration au terme d'un débat de politique économique.

Le Conseil d'administration a conclu le 18 juillet 2003 les consultations au titre de l'article IV avec la République islamique de Mauritanie1.

Informations générales

Depuis la dernière consultation au titre de l'article IV, la Mauritanie a surmonté des chocs exogènes défavorables grâce à une politique macroéconomique avisée. Conformément aux recommandations du Conseil, les autorités ont fait progresser la mise en œuvre de leur stratégie de réduction de la pauvreté et de leur programme de réformes.

La sécheresse a considérablement freiné la croissance en 2002, mais les résultats macroéconomiques sont restés relativement satisfaisants. La conjonction d'une grave sécheresse et de la faiblesse de la demande pour les principaux produits d'exportations du pays a entraîné un ralentissement du taux de croissance à 3,3 %, contre 4 % en 2001. La croissance a semble-t-il été essentiellement alimentée par la construction et les services, notamment le commerce, les transports et les télécommunications. L'incidence de la sécheresse sur le prix des denrées alimentaires et la dépréciation de l'ouguiya, par rapport à l'euro notamment, expliquent en grande partie la remontée du taux d'inflation à 8,4 % en fin de période, alors que le taux moyen sur 12 mois est resté proche de l'objectif de 4 %. Les réserves officielles brutes ont atteint 400 millions de dollars EU à la fin de l'année (soit l'équivalent de 8,7 mois d'importations), malgré la vente massive de devises réalisée par la banque centrale au dernier trimestre, qui a contribué à resserrer (à 6 % environ) l'écart entre le taux du marché officiel et celui du marché parallèle.

Le déficit extérieur courant a sensiblement diminué en 2002, principalement du fait du paiement tardif des redevances de pêche de l'UE pour 2001. Avec l'affaiblissement du dollar américain, l'ouguiya s'est déprécié de 23 % environ en termes effectifs nominaux et de 16 %, selon les estimations, en termes effectifs réels entre la fin décembre 2001 et mai 2003.

En 2002, la Mauritanie a enregistré un excédent budgétaire global équivalant à 6,2 % du PIB, également en raison du versement tardif des redevances de pêche. Les recettes fiscales ont été légèrement inférieures au montant budgétisé en raison d'un manque à gagner au titre des impôts sur les biens et services, tandis que les dépenses d'investissement ont augmenté en raison d'une accélération notable du taux d'exécution des projets. Les dépenses sociales et celles consacrées à la lutte contre la pauvreté ont également progressé, passant à 10,6 % du PIB, contre 8 % en 2001. L'excédent budgétaire et l'ampleur du financement extérieur net ont donné lieu à une augmentation substantielle des dépôts publics auprès du système bancaire (37 milliards d'UM, soit 13,5 % du PIB), leur montant total atteignant 44 % du PIB.

La politique monétaire est demeurée prudente ; la masse monétaire au sens large a connu une expansion de 9 % et le crédit au secteur privé de quelque 20 %. L'orientation prudente de la politique budgétaire, de même que l'intervention massive et non stérilisée de la banque centrale sur le marché des changes au dernier trimestre, a permis de maintenir une politique monétaire relativement rigoureuse. Le taux des pensions, principal taux d'intérêt de la BCM, est demeuré stable à 11 % et le taux des bons du Trésor est resté aux alentours de 6 %.

Les chiffres préliminaires pour le premier semestre de 2003 sont encourageants. Le taux de croissance du PIB réel visé en 2003 (5,4 %) paraît réalisable. Après être remonté à la fin de 2002, le taux d'inflation a reculé de 0,1 % par mois en moyenne jusqu'à fin mai; l'objectif de 3,5 % d'inflation en fin d'année semble donc aussi réaliste. Les projections situent le déficit budgétaire global pour 2003 à 2,1 % du PIB et il serait largement couvert par des emprunts extérieurs assortis de conditions concessionnelles, des dons et l'allegement de la dette, d'où une hausse sensible des dépôts publics auprès du système bancaire. Les recettes fiscales ont légèrement dépassé les prévisions grâce aux mesures récemment adoptées pour améliorer le recouvrement de l'impôt et les dépenses publiques dans le secteur social ont continué d'augmenter, conformément aux prévisions. Le montant confortable des réserves de change (380 millions de dollars EU) restait stable à la fin de juin 2003. Les réformes engagées se poursuivent conformément au programme.

Les autorités ont continué de gérer prudemment la dette publique extérieure. La Mauritanie a atteint en juin 2002 le point d'achèvement dans le cadre de l'Initiative renforcée en faveur des pays pauvres très endettés. La dette publique extérieure, exprimée en valeur actuelle nette, représentait à la fin de décembre 2002 58 % du PIB et 150 % des exportations. Les autorités sont déjà parvenues à un accord avec la plupart des créanciers.

La Mauritanie a réalisé un nombre impressionnant de réformes structurelles ces dernières années. Les plus importantes sont l'unification des taux de TVA et l'élimination des exemptions, hormis celles en faveur des pauvres; le renforcement de la gestion des dépenses publiques; la simplification du code de passation des marchés et la révision du code d'investissement en vue d'accroître sa transparence et l'achèvement d'un ambitieux programme de privatisations.

Évaluation par le Conseil d'administration

Les administrateurs complimentent les autorités pour les résultats obtenus (croissance économique vigoureuse, stabilité macroéconomique et amélioration des indicateurs sociaux) en dépit des chocs exogènes qu'a subi l'économie mauritanienne. Des progrès substantiels ont notamment été accomplis sur le plan de la réduction de la pauvreté. Les administrateurs notent que ce bilan favorable témoigne de la détermination des autorités à mettre en œuvre des politiques macroéconomiques avisées et des réformes structurelles de grande envergure dans le cadre d'une stratégie de réduction de la pauvreté qu'elles ont elles-mêmes définie.

Les administrateurs observent que malgré les progrès remarquables enregistrés dans le cadre de plusieurs accords FRPC, l'économie mauritanienne demeure vulnérable aux chocs extérieurs et souffre du manque de développement des capacités et des institutions. Ils relèvent que pour atteindre l'objectif de réduction de la pauvreté fixé dans le cadre du nouveau programme FRPC, des taux de croissance économique plus élevés et durables seront nécessaires et que les autorités devront pour cela poursuivre les réformes, diversifier l'économie, améliorer la gouvernance et la transparence et consolider les institutions. Les administrateurs conviennent que le FMI a encore un rôle important à jouer en Mauritanie sur le plan de l'assistance technique et des activités de conseil.

Les administrateurs avalisent la stratégie budgétaire à moyen terme des autorités qui vise à élargir l'assiette fiscale et à maîtriser la hausse des dépenses globales tout en augmentant celles en faveur des pauvres. Ils approuvent la priorité donnée à la simplification du régime fiscal et au renforcement de l'administration fiscale et notent qu'une amélioration de la gestion des dépenses publiques sera essentielle pour accroître l'efficacité et assurer la réussite de la stratégie de réduction de la pauvreté. Les administrateurs félicitent les autorités de leur engagement à appliquer les mesures proposées dans le RONC finances publiques, et leur suggèrent d'élargir le mécanisme actuellement en place pour suivre les dépenses financées par les ressources PPTE — ce qui devrait améliorer le ciblage des dépenses sociales — à toutes les dépenses.

Les administrateurs saluent l'engagement des autorités à maintenir un faible taux d'inflation. Ils remarquent qu'un succès durable dans ce domaine passe par le recours actif aux opérations d'open market pour gérer les liquidités bancaires. Les administrateurs se félicitent du transfert des dépôts publics des banques commerciales à la banque centrale de manière à améliorer le contrôle des liquidités, mais recommandent de mener prudemment cette opération afin d'éviter tout effet défavorable sur la liquidité bancaire et le crédit au secteur privé.

Les administrateurs conviennent que le renforcement du secteur financier et le développement de l'intermédiation financière viendraient à l'appui des efforts des autorités en vue de promouvoir l'investissement, la croissance et la réduction de la pauvreté. Dans ce contexte, ils soulignent à quel point il importe de distinguer les activités bancaires des activités commerciales et d'adhérer aux objectifs de concentration du crédit fixés d'un commun accord par la banque centrale et les banques commerciales. Il conviendra en outre d'assurer une capitalisation suffisante des banques et d'encourager la diversification de leur capital — y compris par des prises de participations étrangères.

Les administrateurs approuvent l'engagement des autorités à maintenir la flexibilité du taux de change pour assurer la compétitivité du pays et sa capacité à réagir aux chocs extérieurs. Ils relèvent toutefois que cette démarche appellera de nouvelles améliorations dans le fonctionnement du marché des changes, notamment l'application rigoureuse de la législation bancaire pour lutter contre le traitement préférentiel accordé par les banques commerciales à certains clients et, plus généralement, de mesures pour assurer à chacun un accès facile aux devises. Étant donné le montant confortable des réserves internationales, une politique de change plus dynamique devrait permettre de resserrer encore l'écart entre le taux du marché parallèle et celui du marché officiel.

Les administrateurs insistent sur l'importance de préserver la viabilité de la dette à moyen terme. Ils prennent note de l'intention des autorités de poursuivre une stratégie prudente à cet égard, dans le cadre d'un plan d'investissement aux priorités bien définies et de s'abstenir de recourir à des emprunts extérieurs non concessionnels. Compte tenu du montant élevé des dépôts publics auprès du système bancaire, les administrateurs estiment nécessaire de surveiller de près et de réduire — dans la mesure du possible — la dépendance à l'égard de l'emprunt extérieur.

Les administrateurs encouragent les autorités à intensifier leurs efforts pour améliorer la transparence et la gouvernance du secteur public, ce qui leur paraît indispensable pour créer un climat plus propice à l'investissement privé et à la croissance. Ils se réjouissent de l'intention des autorités de poursuivre un programme de réformes approfondi des services publics, d'adopter, avant la fin de l'année prochaine, un code de déontologie pour les fonctionnaires de l'État et de réformer le système judiciaire. Certains d'entre eux proposent également aux autorités d'adopter une loi instituant l'obligation de déclaration de patrimoine aux hauts fonctionnaires. Les autorités sont par ailleurs invitées à engager, dès que possible, les travaux préparatoires en vue de l'utilisation efficiente et transparente des recettes pétrolières potentielles.

Les administrateurs notent avec satisfaction le plan élaboré par les autorités afin de résoudre les problèmes de production et de diffusion des données économiques et financières. Les mesures qui seront adoptées pour améliorer les statistiques tireraient profit de l'expertise de l'AFRITAC et du Département des statistiques, surtout en ce qui concerne les comptes nationaux, la balance des paiements et l'indice des prix à la consommation. Les administrateurs encouragent aussi les autorités à élaborer un groupe d'indicateurs qui pourraient être mis à jour chaque année par le biais d'enquêtes informelles plus fréquentes.

République islamique de Mauritanie : Indicateurs économiques


  1999 2000 2001 2002

 

(Variation en pourcentage, sauf indication contraire)

Revenu et prix nationaux

       

PIB en prix constants

5,2

5,2

4,0

3,3

IPC (moyenne de la période)

4,1

3,3

4,7

3,9

IPC (fin de période)

1,9

5,6

1,7

8,4

         

Secteur extérieur

       

Exportations, f.à.b. (en dollars EU)

-7,4

3,5

-1,8

-2,4

Importations, f.à.b. (en dollars EU)

-13,2

8,3

10,7

12,3

Volume des exportations

5,6

-0,4

-5,5

-10,1

Volume des importations 1/

-10,9

6,8

13,2

10,3

Taux de change effectif réel

1,1

-3,8

1,0

-7,0

         

Monnaie et crédit

       

Monnaie et quasi-monnaie 2/

5,1

12,8

17,3

8,9

Avoirs extérieurs nets 2/

24,1

58,1

6,1

78,4

Avoirs intérieurs nets 2/

-18,9

-41,5

7,9

-69,4

Crédit intérieur 2/

-10,1

-26,0

21,9

-60,1

Crédit à l'État 2/

-39,5

-62,5

-8,8

-95,5

Crédit à l'économie 2/

29,4

36,5

30,8

35,1

Taux d'intérêt 3/

10-11

8-9

8,0

8,0

         
 

(En % du PIB sauf indication contraire)

   

Investissement et épargne

       

Investissement 4/

18,6

32,1

34,5

33,0

Investissements non pétroliers

17,1

28,6

26,6

21,9

Épargne nationale

22,1

29,4

23,9

27,9

         

Opérations consolidées des administrations publiques

       

Recettes, hors dons

27,1

25,3

20,6

37,6

Dépenses et capacité nette de financement

25,0

29,6

26,1

31,4

Solde global, hors dons 5/

2,1

-4,4

-5,5

6,2

         

Secteur extérieur

       

Solde extérieur courant

       

Hors transferts officiels et produits pétroliers

-3,3

-5,8

-10,4

-0,6

Ratio du service de la dette (en % des export.)

       

Avant rééchelonnement

36,4

32,2

28,5

30,1

Après rééchelonnement

22,4

23,0

19,6

19,4

Réserves officielles brutes (en mois d'import.)

5,9

6,9

6,8

8,7

         

Pour mémoire :

       

Taux de change ouguiya/ $EU (moyenne)

209,5

240,0

254,3

271,7

PIB nominal (en milliards d'ouguiyas)

206,5

229,4

251,3

269,1


Sources : données communiquées par les autorités mauritaniennes; estimations et projections du FMI

1/ Hors importations de matériel et d'équipements d'exploitation pétrolière.

2/ En pourcentage de la masse monétaire au sens large en début de période.

3/ Taux d'intérêt à 12 mois sur les livrets d'épargne.

4/ L'augmentation marquée en 2000/2001 est due aux nouveaux investissements dans le secteur des télécommunications, à la hausse de l'investissement public et au redressement des investissements de la SNIM

5/ L'augmentation du déficit en 2000 est essentiellement due à l'avance en espèces accordée par l'État à la société de télécommunications Mauritel.


1 Conformément aux dispositions de l'article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des renseignements économiques et financiers, et s'entretient avec les responsables nationaux de l'évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui est soumis à l'examen du Conseil d'administration. À l'issue de cet examen, le Directeur général, en qualité de Président du Conseil d'administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays.





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