Communiqué de la trente-quatrième réunion du CMFI

le 8 octobre 2016

Présidée par M. Agustín Carstens, Gouverneur de la Banque du Mexique

Économie mondiale

La reprise de l’économie mondiale se poursuit à un rythme lent et de façon inégale, et la croissance ne devrait s’accélérer que légèrement l’an prochain, principalement grâce aux pays émergents. Les résultats économiques et la résilience se sont améliorés dans certains pays, et les risques à court terme sur les marchés financiers se sont en grande partie estompés. Néanmoins, les perspectives restent moroses dans un contexte caractérisé par une croissance modeste de la demande mondiale et la persistance des écarts de production, un ralentissement du commerce mondial, de l’investissement et de la productivité, ainsi que la montée de l’incertitude géopolitique et des risques financiers à moyen terme. La persistance d’une croissance molle a mis à jour des faiblesses structurelles, et risque de modérer davantage la croissance potentielle et les perspectives d’inclusion. Le ralentissement de la croissance de la productivité et les séquelles de la crise qui subsistent dans les pays avancés, les problèmes liés aux ajustements en cours et à la vulnérabilité dans certains des grands pays émergents et les effets de la baisse des prix des produits de base sur les pays exportateurs de ces produits continuent de peser sur les perspectives. Globalement, l’incertitude et les risques de dégradation sont élevés, tandis que persistent des vents contraires qui existent de longue date.

L’économie mondiale a profité considérablement de la mondialisation et des progrès technologiques. Cependant, les perspectives sont de plus en plus menacées par des politiques de repli sur soi, y compris du protectionnisme, et des retards dans les réformes. Nous nous engageons à concevoir et à mettre en œuvre des mesures qui répondent aux préoccupations de ceux qui ont été marginalisés et à faire en sorte que chacun ait la possibilité de bénéficier de la mondialisation et des progrès technologiques.

Riposte

Nous réaffirmons notre attachement à une croissance vigoureuse, durable, solidaire, riche en emplois et plus équilibrée. Nous utiliserons tous les leviers de la politique économique (réformes structurelles, politiques budgétaire et monétaire) à la fois individuellement et collectivement. Nous renforçons notre action de manière à accroître la confiance et la résilience, à préserver la stabilité financière et à veiller à ce que tous les membres de la société aient la possibilité de profiter de la mondialisation et des progrès technologiques. Nous encourageons les pays durement touchés par une dégradation persistante de leurs termes de l’échange à poursuivre leur ajustement. Nous reconnaissons qu’une volatilité excessive et des mouvements désordonnés des taux de change peuvent avoir des conséquences négatives pour la stabilité économique et financière. Nous nous abstiendrons de procéder à des dévaluations compétitives et nous ne fixerons pas d’objectifs de taux de change à des fins de compétitivité. Nous nous engageons de nouveau à communiquer clairement l’orientation de nos politiques et à résister à toute forme de protectionnisme. Nous redoublerons d’efforts pour préserver l’ouverture économique et revigorer le commerce international, deux facteurs essentiels pour stimuler la croissance économique mondiale. Nos priorités sont les suivantes :

Une politique budgétaire contribuant à la croissance. Tous les pays doivent utiliser leur politique budgétaire avec souplesse et faire en sorte que leur politique fiscale et leurs dépenses publiques contribuent davantage à la croissance, notamment en privilégiant les investissements de première qualité, tout en accroissant leur résilience et en veillant à ce que leur ratio dette publique/PIB suive sur une trajectoire viable. Des politiques budgétaires appropriées et crédibles de cette nature soutiendront la croissance, la création d’emplois et la confiance. Des structures fiscales bien conçues, ainsi que des politiques des revenus lorsque les circonstances s’y prêtent, peuvent promouvoir une croissance plus vigoureuse, protéger les groupes vulnérables et réduire les inégalités.

Une politique monétaire qui reste accommodante. Dans les pays avancés où l’inflation reste inférieure à l’objectif fixé et où les écarts de production demeurent négatifs, la politique monétaire doit rester accommodante : elle doit être conforme au mandat des banques centrales, tenir compte des risques pesant sur la stabilité financière et reposer sur des cadres de référence crédibles. La politique monétaire à elle seule ne peut conduire à une croissance durable et équilibrée, et doit donc aller de pair avec d’autres politiques d’accompagnement.

Des réformes structurelles classées par ordre de priorité. Les réformes structurelles sont essentielles pour rehausser la croissance potentielle et profiteraient de synergies avec d’autres mesures de soutien de la demande. Elles doivent être adaptées aux circonstances propres à chaque pays, remises en marche, bien choisies et bien enchaînées de manière à produire un effet maximum sur la croissance, à accroître la productivité et à créer des opportunités pour tous, tout en aidant ceux qui supportent la charge de l’ajustement à la mondialisation et aux progrès technologiques.

Des mesures efficaces dans le secteur financier. Afin que le secteur financier soit suffisamment robuste pour soutenir la croissance et le développement, nous redoublerons d’efforts en vue de remédier aux séquelles de la crise dans certains pays avancés et aux facteurs de vulnérabilité dans certains pays émergents, tout en surveillant les risques pour la stabilité financière liés à la persistance de taux d’intérêt faibles ou négatifs, aux risques systémiques pour la liquidité du marché et à l’intermédiation non bancaire. La mise en œuvre en temps opportun et de façon intégrale et cohérente du programme de réforme convenu dans le secteur financier demeure une priorité importante, de même que la mise en place finale, dès que possible, des derniers éléments de l’appareil réglementaire.

Une coopération mondiale renforcée. Il est essentiel de déployer un effort concerté à l’échelle internationale pour stimuler le commerce mondial, poursuivre le rééquilibrage mondial, gérer les répercussions des chocs économiques et non économiques, mettre en place un environnement fiscal international équitable, efficient et transparent, et s’attaquer aux sources et canaux de financement du terrorisme, à la corruption et aux flux financiers illicites, ainsi que pour freiner le retrait des relations de correspondant bancaire. Une action globale, coordonnée et cohérente dans le temps qui exploite les synergies amplifierait les effets d’entraînement positifs internationaux des mesures prises par les pays individuellement. Nous continuerons de renforcer l’architecture financière internationale, y compris le dispositif mondial de sécurité financière.

Activités du FMI

Le FMI a un rôle essentiel à jouer pour aider ses pays membres en ces temps difficiles.

Conseils et surveillance : Pour mieux articuler la politique économique de manière à assurer une croissance vigoureuse, durable, solidaire, riche en emplois et plus équilibrée, nous appuyons les travaux en cours qui visent à : renforcer encore la cohérence des conseils du FMI en matière de politique budgétaire, notamment en ce qui concerne les cadres budgétaires à moyen terme, en achevant les travaux sur l’évaluation de l’espace budgétaire, sans compromettre la viabilité de la dette, et en intégrant ces travaux dans les consultations avec les pays ; analyser l’influence des systèmes fiscaux sur les risques pour la stabilité macroéconomique; et examiner les conséquences des taux d’intérêt très bas ou négatifs, y compris leurs effets secondaires. Nous appuyons les efforts qui sont déployés pour déterminer quelles réformes structurelles sont prioritaires en fonction de circonstances macroéconomiques et de facteurs structurels qui sont propres à chaque pays, et nous encourageons le FMI à continuer d’explorer les synergies et les arbitrages de différentes politiques intérieures dans les entretiens au titre de l’article IV. Dans ce contexte, nous prenons note des travaux en cours sur l’établissement d’une panoplie d’outils à l’appui de la formulation et de la mise en œuvre de recommandations relatives aux réformes structurelles dans la surveillance, et sur l’élargissement de l’initiative de soutien aux politiques des infrastructures à un plus grand nombre de pays pilotes. Nous souscrivons à l’examen par le FMI des facteurs qui expliquent le ralentissement de la productivité mondiale, ainsi qu’à son intention de fournir des recommandations. Nous attendons avec intérêt l’examen de l’expérience des pays en matière la libéralisation et de gestion des flux de capitaux conformément aux vues du FMI, afin d’identifier les problèmes émergents, ainsi que les travaux futurs sur la politique macroprudentielle, qui, ensemble, aideront à fournir des conseils adaptés et cohérents pour s’attaquer aux risques pesant sur la stabilité macroéconomique et financière. Nous souscrivons à l’analyse des liens macrofinanciers dans la surveillance bilatérale, qui repose sur les cas pilotes récents.

Système monétaire international et adhésion au multilatéralisme : Nous réaffirmons que des politiques intérieures solides et une surveillance efficace de la part du FMI restent la pierre angulaire de la prévention des crises. Nous saluons les travaux récents sur la poursuite du renforcement du dispositif mondial de sécurité financière, et nous appelons le FMI à intensifier la coopération avec les arrangements financiers régionaux, notamment par le test conjoint du FMI et de la Multilatéralisation de l’Initiative de Chiang Mai. Nous attendons avec intérêt les travaux du FMI et d’autres institutions sur les instruments de dette modulables en fonction de la situation des pays. Nous attendons aussi avec intérêt que le FMI termine l’examen de son arsenal de prêt, qui vise à le rendre encore plus efficace. Nous saluons l’inclusion récente du renminbi dans le panier du DTS, et nous attendons avec intérêt l’examen à venir de la possibilité d’un usage plus large du DTS. Nous appelons le FMI à chercher à accroître la coopération économique internationale, y compris pour faciliter le processus d’ajustement mondial. Nous attendons avec intérêt l’analyse par le FMI des facteurs d’explication et des implications du ralentissement du commerce mondial et des bienfaits économiques du commerce.

Opportunités pour tous : Nous attendons avec intérêt les travaux à venir sur les impacts de la mondialisation, des technologies émergentes et de la numérisation. Nous considérons favorablement la poursuite des travaux sur les raisons de la hausse des inégalités dans certains pays, y compris une analyse des causes de la baisse de la part du travail dans la production et de l’impact des politiques sur les inégalités dans les pays avancés et les pays en développement.

Pays à faible revenu : Nous appelons le FMI à continuer de s’efforcer, en coopération avec les autres organisations internationales concernées, d’aider les pays à atteindre les objectifs de développement durable 2030 et à intégrer dans ses travaux les résultats attendus dans le cadre du programme de développement de l’après-2015. Les travaux sur les pays à faible revenu doivent mettre l’accent sur l’aide aux pays fragiles, qu’il convient de poursuivre pour soutenir la croissance et accroître la résilience, et aux pays les plus durement touchés par la baisse des prix des produits de base, notamment en concevant un ensemble cohérent de mesures à l’appui de la croissance. Nous appelons le FMI à aider les pays à faible revenu à répondre à leurs besoins d’investissement et à fournir des conseils sur les moyens de trouver le juste équilibre entre le financement des besoins de développement et la préservation de la viabilité de la dette. Dans ce contexte, nous souscrivons aux travaux qui sont entrepris pour examiner le cadre de viabilité de la dette pour les pays à faible revenu. Nous attendons avec intérêt les débats sur les moyens d’accroître l’accès des pays à une aide financière de précaution, ainsi que l’examen des pratiques en vigueur en ce qui concerne le panachage des ressources entre le compte de ressources générales et le fonds de fiducie pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance dans le cadre des programmes du FMI. Nous attendons avec intérêt aussi les conclusions de l’examen à venir des objectifs sociaux dans les programmes appuyés par le fonds de fiducie pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance. Nous saluons le maintien des taux d’intérêt nuls pour tous les prêts concessionnels du FMI pour deux ans au moins, jusqu’à fin 2018. Nous nous félicitions du soutien qui a été reçu jusqu’à présent, y compris de la part de nouveaux contributeurs, pour mobiliser des ressources de prêt supplémentaires pour le fonds de fiducie, et nous appelons les autres pays membres à apporter leur soutien afin de mener à bon terme ces efforts.

Renforcement des capacités : Nous saluons l’importance accordée par le FMI à l’assistance technique et à la formation en complément de son analyse, en particulier pour aider les pays à faible revenu ainsi que les pays fragiles et les pays de petite taille à renforcer leurs capacités de formulation et d’exécution de la politique économique, ainsi que leurs institutions économiques. Les priorités en matière de renforcement de capacités sont les suivantes : améliorer la mobilisation des recettes intérieures ; mettre en place des capacités budgétaires dans les pays de petite taille et fragiles; élargir les travaux sur la fiscalité internationale, notamment grâce à la Plateforme pour la collaboration en matière fiscale; développer les capacités pour consolider la stabilité monétaire et financière, et favoriser le développement du secteur financier.

Autres problèmes rencontrés par les États membres : Nous appuyons les travaux entrepris par le FMI avec d’autres organisations internationales pour remédier au retrait des relations de correspondant bancaire et préserver l’accès aux services financiers. Cela supposerait d’intensifier la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ainsi que l’aide au développement des capacités de contrôle dans les pays des banques participantes, en clarifiant les attentes en matière de réglementations et en proposant des solutions pour le secteur; de promouvoir l’inclusion financière; et d’aider les pays à renforcer leurs institutions de manière à s’attaquer aux flux financiers illicites. Nous soutenons aussi les travaux du FMI visant à continuer d’intégrer les inégalités, l’analyse de la parité hommes-femmes et le changement climatique dans la surveillance, lorsque ces questions sont importantes d’un point de vue macroéconomique; à aider les pays exportateurs de produits de base et les pays à faible revenu à diversifier leur économie; à accroître la résilience face aux catastrophes naturelles et au changement climatique, et à renforcer le travail d’analyse et le soutien en faveur des pays qui ont à gérer les retombées d’événements non économiques, tels que l’afflux de réfugiés et les épidémies mondiales. Nous saluons l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris sur le changement climatique. Nous attendons avec intérêt l’examen à venir de la note d’orientation sur le rôle du FMI dans les questions de gouvernance.

Nous exprimons notre sympathie aux gouvernements et aux populations des Caraïbes, en particulier Haïti, au moment où la région subit les ravages de l’ouragan Matthew. Nous nous félicitons que le FMI soit prêt à aider ces pays à surmonter les conséquences de cette catastrophe.

Ressources et gouvernance du FMI

En ce qui concerne la capacité actuelle du FMI à octroyer des prêts, nous saluons les engagements de 260 milliards de DTS (360 milliards de dollars) reçus de 26 pays membres qui permettront au FMI de continuer d’avoir accès à des emprunts bilatéraux au titre du dispositif renforcé de gouvernance qui a été approuvé par le Conseil d’administration; nous souscrivons à la nécessité de continuer d’accéder à des accords d’emprunts multilatéraux et nous appelons à une large participation des pays membres du FMI, notamment au moyen de nouveaux accords.

Nous réaffirmons notre attachement à un FMI solide, reposant sur un système de quotes-parts et disposant de ressources adéquates, afin de préserver son rôle au centre du dispositif mondial de sécurité financière. Nous sommes déterminés à achever la 15e révision générale des quotes-parts et à arrêter une nouvelle formule de calcul des quotes-parts en vue d’un réalignement qui conduirait à une augmentation des quotes-parts relatives des pays dynamiques conformément à leur position relative dans l’économie mondiale et donc probablement des quotes-parts relatives des pays émergents et des pays en développement dans leur ensemble, tout en protégeant la participation et la représentation des pays les plus pauvres. Pour disposer de suffisamment de temps pour dégager le large consensus nécessaire, nous souscrivons à la proposition de la Directrice générale de modifier le calendrier de la 15 e révision de manière à ce qu’elle soit achevée conformément aux objectifs ci-dessus d’ici aux réunions de printemps 2019 et au plus tard l’Assemblée annuelle de 2019, sous réserve de son adoption par le Conseil des Gouverneurs. Nous appelons le Conseil d’administration à établir un programme de travail concret en vue d’atteindre cet objectif.

Nous souscrivons aux efforts déployés par le FMI pour exploiter de nouvelles technologies, notamment en améliorant la gestion des connaissances, afin d’accroître son agilité et son efficacité. Nous réaffirmons qu’il importe de maintenir la qualité supérieure du personnel du FMI et d’en améliorer la diversité. Nous appuyons aussi les efforts tendant à une meilleure représentation des femmes au Conseil d’administration.

Notre prochaine réunion se déroulera à Washington le 22 avril 2017.

La liste des participants se trouve à l’adresse: http://www.imf.org/external/french/am/2016/imfc/attendees/index.htm

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