Le conseil d’administration du FMI achève les consultations de 2019 au titre de l’article IV avec Djibouti

le 23 octobre 2019

Le 30 septembre 2019, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé les consultations de l’article IV [1] avec Djibouti.

Au cours des dernières années, les autorités ont engagé des investissements à grande échelle pour développer les infrastructures de transport et de logistique en vue de faire de Djibouti un centre régional du commerce et de la logistique. Conjuguée à des réformes visant à améliorer le climat des affaires, cette stratégie de développement a alimenté une forte expansion économique. Des progrès ont également été enregistrés sur le plan des indicateurs sociaux, même si le chômage et la pauvreté demeurent élevés.

La croissance du PIB réel a atteint en moyenne près de 7 % pendant la période 2014–17. Après un ralentissement en 2017, une reprise des échanges commerciaux a accéléré la croissance, qui a atteint 5,5 % l’an dernier selon les estimations. La croissance devrait rester vigoureuse à moyen terme, aux alentours de 6 % par an. L’inflation a été faible, du fait de la baisse des prix de l’alimentation.

Le solde global des transactions courantes a fortement fluctué au cours des dernières années, en raison des variations des stocks liées aux activités de réexportation. Le solde courant sous-jacent, hors activités de réexportation, s’est élevée à -0,8 % du PIB en 2018 selon les estimations. Les réserves officielles ont diminué de 112 millions de dollars en 2018, ce qui porte la couverture des réserves à 3,2 mois d’importations (hors importations pour réexportation).

Le déficit budgétaire global a diminué notablement ces dernières années. Mesuré au sens large par les services du FMI, c’est-à-dire y compris les investissements relatifs à deux grands projets (chemin de fer et aqueduc), le déficit a chuté de 15,7 % du PIB en 2015 à 2,5 % du PIB en 2018, en raison de la réduction des dépenses liées à ces projets. Cependant, les pressions sont de plus en plus fortes sur les dépenses en capital financées sur ressources intérieures du fait de la baisse de l’aide budgétaire, d’une réduction du ratio impôts/PIB en raison d’importantes exonérations fiscales et de la hausse du coût du service de la dette.

La stratégie de développement fondée sur des investissements à grande échelle a entrainé une hausse des vulnérabilités liées à la dette. La dette contractée ou garantie par l’État a augmenté de 34 % du PIB en 2013 à environ 71 % du PIB en 2018. Après les retards observés dans la mise en œuvre du projet de chemin de fer Djibouti–Addis-Abeba, les autorités ont entamé des discussions avec leur créancier afin de restructurer ce prêt. Elles ont conclu récemment un accord qui lissera le profil de remboursement de la dette.

En dépit des progrès réalisés dans l’assainissement des bilans des banques, le secteur financier reste fragile, et l’inclusion financière est faible. Certaines banques ont perdu des relations de correspondants bancaires avec des banques internationales au cours des dernières années, mais de nouvelles relations de correspondants bancaires ont été rapidement établies, ce qui a permis de préserver les flux financiers et la stabilité financière.

Évaluation par le conseil d’administration [2]

Les administrateurs ont noté avec satisfaction la vigueur de la croissance économique, le faible niveau de l’inflation et l’amélioration du climat des affaires, mais ont pris note de la hausse des vulnérabilités liées à la dette, ainsi que du niveau élevé de la pauvreté et du chômage. Dans ce contexte, les administrateurs ont souligné qu’il était nécessaire de mettre en place une stratégie comportant plusieurs volets pour réduire ces vulnérabilités, en la combinant avec une accélération des réformes structurelles. Il est fondamental de mettre en œuvre cette stratégie de manière systématique afin d’exploiter pleinement la situation du pays en tant que centre commercial régional et de réaliser une croissance durable et inclusive à long terme.

Les administrateurs ont appelé à établir un cadre de politique budgétaire à moyen terme, avec un point d’ancrage compatible avec la viabilité de la dette. Ils ont noté que la forte expansion des infrastructures s’était accompagnée d’une hausse rapide de la dette extérieure contractée ou garantie par l’État, et ont recommandé de réduire le rythme des emprunts, notamment en plafonnant strictement les garanties publiques et les emprunts des entreprises publiques, ainsi qu’en privilégiant les financements concessionnels.

Notant que les recettes fiscales n’ont pas suivi le rythme de la croissance en raison du niveau élevé des dépenses fiscales, les administrateurs ont souligné qu’il était nécessaire d’accroître les ressources intérieures afin de créer l’espace budgétaire nécessaire pour les dépenses de lutte contre la pauvreté et la réduction de la dette. Ils ont noté avec satisfaction que les autorités avaient l’intention de renforcer le recouvrement des impôts et l’administration douanière, et les ont vivement incitées à concevoir et à mettre en œuvre une stratégie de réduction des exonérations fiscales et des régimes spéciaux. À cet égard, les administrateurs ont plaidé en faveur de la poursuite du soutien du FMI en matière de développement des capacités.

Les administrateurs ont noté qu’un renforcement de la gouvernance budgétaire contribuerait à accroître l’efficience de l’État. Ils ont salué les efforts déployés pour accroître l’efficacité du système de passation des marchés publics et ont appelé les autorités à améliorer la gouvernance des entreprises publiques pour réduire les risques qu’elles représentent pour la viabilité de la dette, notamment en mettant en œuvre des contrats de performance, afin de réduire les coûts, d’améliorer la qualité des services publics et de maîtriser l’accumulation de la dette.

Les administrateurs ont souligné aussi qu’il était essentiel d’approfondir les réformes structurelles pour réaliser une croissance généralisée et tirée par le secteur privé, créer des emplois et faire reculer la pauvreté. Ils ont salué l’amélioration du climat des affaires et ont appelé à renforcer l’exécution des contrats et le respect des droits de la propriété. Ils ont recommandé de redoubler d’efforts pour réduire les coûts de production, surtout dans les secteurs de l’électricité et des télécommunications, et pour renforcer les compétences des Djiboutiens afin d’accroître la productivité du travail. Ils ont appelé à la mise en œuvre intégrale du dispositif de lutte contre la corruption, notamment en renforçant les capacités institutionnelles, afin de stimuler l’investissement privé.

Les administrateurs ont convenu que le régime de caisse d’émission a fourni au pays un point d’ancrage nominal efficace et reste approprié. La position extérieure étant plus faible que ne l’impliquent les fondamentaux économiques et les paramètres souhaités de la politique économique, ils ont souligné qu’il était important de mettre en œuvre des réformes pour renforcer la compétitivité extérieure.

Les administrateurs ont noté que la politique relative au secteur financier devrait continuer de mettre l’accent sur le renforcement de la stabilité et de l’inclusion, notamment en modernisant la réglementation des banques et en renforçant leur contrôle. Ils ont recommandé de rendre plus efficace le dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme afin de limiter les possibilités de corruption et de préserver les relations de correspondants bancaires.



Tableau 1. Djibouti : principaux indicateurs économiques et financiers, 2015–24

Est.

Proj.

2015

2016

2017

2018

2019

2020

2021

2022

2023

2024

Comptes nationaux

(Variation annuelle en pourcentage)

PIB réel

7,7

6,9

5,1

5,5

6,0

6,0

6,0

6,0

6,0

6,0

Prix à la consommation (moyenne annuelle)

-0,8

2,7

0,6

0,1

2,2

2,0

2,0

2,0

2,0

2,0

Prix à la consommation (fin de période)

-1,6

2,4

-0,8

2,0

2,0

2,0

2,0

2,0

2,0

2,0

Épargne et investissement

(En pourcentage du PIB)

Investissements en capital fixe

32,4

29,9

22,8

16,6

17,1

18,4

18,3

16,2

15,2

14,7

Non publics

7,0

15,2

12,4

7,5

9,2

10,9

10,5

9,8

8,9

8,5

Administration centrale

25,3

14,7

10,4

9,0

8,0

7,6

7,9

6,4

6,3

6,2

Épargne nationale brute

60,1

28,9

19,3

31,6

16,9

19,0

19,4

17,9

17,5

17,3

Solde épargne/investissement

27,7

-1,0

-3,6

15,1

-0,3

0,6

1,1

1,7

2,3

2,6

Administration centrale

(En pourcentage du PIB)

Recettes et dons

26,3

24,2

23,6

23,9

23,1

21,7

20,7

20,3

19,6

19,0

Recettes fiscales

14,2

13,9

13,5

13,3

12,9

12,7

12,3

12,3

12,1

11,9

Recettes non fiscales

7,2

7,2

8,3

7,2

6,9

6,7

6,3

6,1

5,7

5,5

Dons

4,9

3,2

1,8

3,4

3,3

2,3

2,1

1,9

1,8

1,7

Dépenses

41,6

32,5

28,1

26,7

24,6

23,4

23,1

21,1

20,5

20,0

Dépenses courantes

16,3

17,7

17,7

17,7

16,7

15,8

15,2

14,7

14,3

13,8

Dépenses en capital

25,3

14,7

10,4

9,0

8,0

7,6

7,9

6,4

6,3

6,2

Financées sur ressources intérieures

7,1

4,8

3,7

3,3

3,9

3,2

3,2

2,9

2,9

2,9

Financées sur ressources extérieures

18,3

10,0

6,7

5,7

4,0

4,4

4,6

3,5

3,4

3,3

Solde global (base engagements)

-15,3

-8,3

-4,5

-2,9

-1,5

-1,7

-2,4

-0,8

-0,9

-1,0

Variation des arriérés

-0,4

-0,4

-0,1

0,4

-0,3

-0,3

-0,3

-0,2

-0,2

-0,2

Solde global (base caisse)

-15,7

-8,6

-4,6

-2,5

-1,8

-1,9

-2,7

-1,0

-1,1

-1,2

Financement

15,7

8,6

4,6

2,5

1,8

1,9

2,7

1,0

1,1

1,2

Intérieur

0,0

0,5

-0,5

0,1

-1,0

-0,2

-0,2

0,0

0,0

0,0

Extérieur

15,7

8,1

5,1

2,4

2,8

2,2

2,8

1,0

1,1

1,2

Décaissements

16,3

8,7

5,8

3,3

2,9

3,4

3,7

2,6

2,6

2,6

Amortissement

-0,7

-0,6

-0,7

-0,7

-0,9

-1,2

-0,9

-1,5

-1,4

-1,3

Autres

0,0

0,0

0,0

-0,2

0,7

0,0

0,0

0,0

0,0

0,0

Pour mémoire : Solde global (à l’exclusion des grands projets)

-0,6

-2,0

-0,3

-1,6

-1,6

-1,5

-2,0

-1,0

-1,1

-1,2

Secteur monétaire

(Variation annuelle en pourcentage de la monnaie au sens large en début de période)

Monnaie au sens large

19,0

8,8

21,9

-5,6

8,4

10,3

9,2

9,5

10,2

10,2

Avoirs extérieurs net

15,4

8,0

20,7

-6,2

4,0

6,5

6,7

6,4

7,4

7,9

Avoirs intérieurs nets

3,6

0,7

1,2

0,6

4,4

3,7

2,5

3,0

2,8

2,3

Dont : Créances sur l’État (net)

0,3

0,7

-0,7

0,5

-0,4

-0,4

-0,3

0,0

0,0

0,0

Dont : Créances sur le secteur non public

4,3

0,8

2,8

3,7

3,3

3,3

3,3

3,3

3,2

3,2

Crédit au secteur non public (en pourcentage du PIB)

23,7

22,6

23,1

24,5

24,7

24,9

25,1

25,3

25,5

25,7

Couverture de la caisse d'émission (en pourcentage) 2/

104

107

104

108

109

109

109

108

108

108

Secteur extérieur

(En millions de dollars)

Solde courant

678

-26

-99

441

-8

21

40

67

99

121

(en pourcentage du PIB)

27,7

-1,0

-3,6

15,1

-0,3

0,6

1,1

1,7

2,3

2,6

Solde courant sous-jacent 3/

-15,1

165,3

-4,4

-22,1

-8,3

20,8

40,0

66,9

99,3

120,6

(en pourcentage du PIB)

-0,6

6,3

-0,2

-0,8

-0,3

0,6

1,1

1,7

2,3

2,6

Dette extérieure publique ou garantie par l’État

1 218

1 647

1 951

2 087

2 231

2 342

2 476

2 602

2 704

2 783

(en pourcentage du PIB)

49,8

62,9

70,5

71,4

70,5

68,4

66,9

65,0

62,5

59,5

Investissement direct étranger

124

160

165

170

222

240

259

280

303

327

(en pourcentage du PIB)

5,1

6,1

6,0

5,8

7,0

7,0

7,0

7,0

7,0

7,0

Exportations de biens et de services (en pourcentage, variation annuelle)

-2,0

-23,8

55,3

10,5

5,8

8,5

8,7

6,6

6,6

6,8

Importations de biens et de services (en pourcentage, variation annuelle)

-4,5

-4,5

51,2

-2,8

17,8

7,3

8,1

6,0

5,9

6,3

Réserves officielles brutes 3/

355

398

556

445

422

443

466

480

516

564

(En mois d'imp. de biens et de services de l'année suivante, hors réexportations)

3,1

3,2

4,3

3,2

3,0

3,0

3,0

3,0

3,1

3,2

Avoirs extérieurs bruts des banques commerciales

1 157

1 190

1 423

1 345

1 435

1 539

1 658

1 795

1 953

2 134

(En mois d'imp. de biens et de services de l'année suivante, hors réexportations)

10,0

9,7

11,0

9,7

10,1

10,3

10,7

11,2

11,7

12,0

Taux de change en fin de période

177,7

177,7

177,7

177,7

Taux de change effectif réel (moyenne annuelle, 2005 = 100) 4/

101,4

101,9

101,0

100,7

(Variation en pourcentage; dépréciation -)

4,7

0,5

-0,9

-0,3

Postes pour mémoire

PIB nominal (milliards de francs djiboutiens)

434 612

465 375

491 728

519 540

562 724

608 417

657 820

711 235

768 988

831 429

PIB nominal (millions de dollars) 4/

2 445

2 619

2 767

2 923

3 166

3 423

3 701

4 002

4 327

4 678

PIB nominal par habitant (dollars) 4/

2 533

2 638

2 711

2 787

Population (millions)

0,966

0,993

1,020

1,049

1,078

1,109

1,138

1,167

1,196

1,226

Sources : autorités djiboutiennes ; estimations et projections des services du FMI.

1/ Ratio actifs totaux bruts/passifs de la banque centrale (hors dépôts de l’État à la banque centrale)

2/ Tient compte des ressources allouées par les entreprises publiques qui gèrent les projets du chemin de fer et de l’aqueduc pour le service des prêts y afférents. Ces prêts ont été contractés par l'État et doivent encore être re-prêtés officiellement à ces entreprises publiques.

3/ Le solde courant sous-jacent n’inclut pas les importations et exportations liées aux activités de réexportation.

4/ Dernières données disponibles.



[1] Conformément aux dispositions de l’article IV de ses statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des informations économiques et financières et s’entretient avec les autorités nationales de l’évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission préparent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du conseil d’administration.

[2] À l'issue des délibérations, le directeur général, en qualité de président du conseil d'administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés du conseil d’administration à l’adresse suivante : http://www.imf.org/external/np/sec/misc/qualifiers.htm .

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