Le conseil d’administration du FMI approuve un accord triennal d’un montant de 115,1 millions de dollars au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) en faveur de la République centrafricaine

le 15 janvier 2020

  • La décision du conseil d’administration du FMI permet le décaissement immédiat de 11,936 millions de DTS, soit environ 16,4 millions de dollars.
  • Les réformes structurelles auront pour objectif d’améliorer la capacité de l’État à formuler et à mettre en œuvre des politiques et des réformes économiques, de renforcer la gouvernance, notamment en consolidant les institutions chargées de la lutte contre la corruption.
  • La politique budgétaire s’attachera à améliorer le recouvrement des recettes, à hiérarchiser les dépenses et à renforcer la gestion des finances publiques.

Le 20 décembre 2019, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé un accord triennal au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) en faveur de la République centrafricaine (RCA), pour un montant équivalent à 83,55 millions de DTS (environ 115,1 millions de dollars, soit 75 % de la quote-part du pays). Ce programme appuyé par le FMI vise à préserver la stabilité macroéconomique du pays, à renforcer les capacités de son administration, la gouvernance et le climat des affaires et à répondre aux besoins persistants de financement de sa balance des paiements.

La décision du conseil d’administration du FMI permet le décaissement immédiat de 11,936 millions de DTS, soit environ 16,4 millions de dollars. Le décaissement du montant restant sera échelonné sur la durée du programme sous réserve de revues semestrielles du programme appuyé par le FMI par le conseil d’administration.

À l'issue des débats du conseil d'administration sur la République centrafricaine, M. Mitsuhiro Furusawa, directeur général adjoint et président par intérim, a déclaré :

« Malgré les progrès notables réalisés au cours de l’accord au titre de la FEC qui a pris fin en juillet dernier, la RCA demeure très fragile, pâtissant d’une insécurité chronique, d’une capacité administrative limitée, d’une mauvaise gouvernance et d’un manque de cohésion sociale.

« Le nouveau programme triennal appuyé par la FEC du FMI viendra soutenir la mise en œuvre de l’accord de paix signé en février 2019 et de la stratégie de développement à moyen terme de la RCA. Il vise à préserver la stabilité macroéconomique, à renforcer les capacités de l’administration, la gouvernance et le climat des affaires, à favoriser une croissance solide et durable et à réduire la pauvreté.

« La politique budgétaire s’attachera à améliorer le recouvrement des recettes, à prioritiser les dépenses et à renforcer la gestion des finances publiques. Cela permettra de satisfaire durablement les besoins considérables de la RCA dans le domaine social ainsi qu’en matière de sécurité et d’infrastructures. La mise en concordance quotidienne des données relatives aux recettes, la possibilité de déclarer et de payer ses impôts en ligne et le renforcement de la coordination entre les administrations compétentes feront partie des mesures destinées à accroître les recettes. Pour consolider encore davantage la gestion des finances publiques, les derniers organismes publics dont l’existence ne se justifie pas économiquement seront éliminés, l’audit des arriérés intérieurs finalisés et la gestion et la surveillance des entreprises publiques renforcée.

« Les réformes structurelles auront pour objectif d’améliorer la capacité de l’État à formuler et à mettre en œuvre les politiques et réformes économiques, de renforcer la gouvernance, notamment en consolidant les institutions chargées de la lutte contre la corruption, et d’éliminer les goulots d’étranglement et les obstacles réglementaires à l’investissement privé.

« Le succès du programme dépendra de façon essentielle de la poursuite de l’assistance financière et technique des partenaires en développement. Compte tenu de son risque élevé de surendettement et de son assiette de recettes restreinte, la RCA continuera de dépendre largement de dons pour faire face à ses besoins de financements les plus urgents. Les autorités coopéreront étroitement avec leurs partenaires techniques pour veiller à ce que le développement des capacités soit délivrée de façon efficace et soit conforme aux priorités définies par le programme.

« Le programme en faveur de la RCA est épaulé par les politiques et les réformes menées par les institutions régionales de la CEMAC dans les domaines de la réglementation des changes et du cadre de politique monétaire et visant à favoriser l’augmentation des avoirs extérieurs nets régionaux, qui jouent un rôle décisif pour la réussite du programme. »

Annexe

Évolution économique récente

Le programme de politique économique et de réforme des autorités de la RCA, mis en œuvre dans le cadre de l’accord triennal au titre de la FEC qui a pris fin en juillet dernier, a permis de rétablir la croissance économique, de réduire les déséquilibres budgétaire et extérieur et de renforcer l’administration publique. Dans l’ensemble, l’évolution économique récente est satisfaisante : la croissance devrait retrouver un niveau de 4½ % pour l’année 2019, portée principalement par les industries extractives, la sylviculture et le BTP. Les pressions inflationnistes dues au blocage de l’axe commercial principal entre Bangui et le Cameroun s’étant atténuées, l’inflation ne devrait pas dépasser 3¼ % en moyenne en 2019 et rester inférieure à 3 % en 2020. Le déficit du compte courant devrait baisser pour atteindre 5,6 % du PIB en 2019, principalement du fait d’une augmentation des transferts officiels.

Le secteur bancaire reste bien capitalisé, liquide et rentable, bien qu’en septembre 2019, le crédit au secteur privé ait baissé de 3 % en glissement annuel. La mise en œuvre des réformes structurelles a également progressé.

Les avancées permises par l’accord de paix signé en février 2019 restent précaires. Dans l’ensemble, la RCA demeure dans une situation de grande fragilité, caractérisée par une insécurité chronique, une capacité administrative limitée, une mauvaise gouvernance et un manque de cohésion sociale.

Résumé du programme

Le programme facilitera la mise en œuvre de l’accord de paix et de la stratégie de développement à moyen terme de la RCA. La politique budgétaire s’attachera à accroître les recettes, à hiérarchiser les dépenses et à consolider la gestion des finances publiques, de manière à permettre, à moyen terme, de répondre de façon viable aux besoins de financement considérables de la RCA dans le domaine social ainsi qu’en matière de sécurité et d’infrastructures. Les réformes structurelles auront pour objectif d’améliorer la capacité de l’État à formuler et à mettre en œuvre les politiques et les réformes nécessaires, de renforcer la gouvernance et d’éliminer les goulots d’étranglement et les obstacles réglementaires à l’investissement privé.

Les perspectives à moyen terme demeurent globalement favorables, pourvu que la sécurité soit maintenue. Compte tenu de la lenteur de la mise en œuvre de l’accord de paix prend du temps. Aussi, les projections macroéconomiques écartent l’hypothèse d’une résurgence du conflit mais tiennent compte du fait que la paix est encore loin d’avoir porté tous ses fruits. La croissance devrait atteindre 5 % à moyen terme sous l’effet de la reprise du secteur minier, de la mise en œuvre de réformes structurelles et de la réduction progressive des blocages dans les secteurs de l’énergie et des transports. A moyen terme, l’inflation devrait rester inférieure au plafond de 3 % fixé par la CEMAC. Le déficit du compte courant est censé se stabiliser autour de 5½ % du PIB, étant donné que l’amélioration du solde des biens et services devrait globalement compenser la baisse des transferts officiels. Le solde primaire intérieur devrait se stabiliser autour de 2½ %, ce qui permettrait au ratio dette/PIB de baisser progressivement. Face à des recettes moins abondantes que prévu, les autorités sont déterminées à maîtriser le solde primaire intérieur.

Ce nouveau programme permettra de catalyser des financements concessionnels extérieurs d’autres partenaires de développement, ce qui est décisif pour permettre à la RCA de sortir de sa situation de fragilité. Le FMI poursuivra également ses nombreuses activités de développement des capacités dans des domaines correspondant aux objectifs du programme.

Cependant, des risques élevés continuent de peser sur ces perspectives économiques. Les incertitudes et les pressions politiques pourraient nuire à la mise en œuvre des politiques et des réformes à l’approche des élections présidentielles et législatives de 2020–21. De plus, une nouvelle flambée de violence pourrait aggraver la crise humanitaire et l’instabilité politique.

Contexte

La République centrafricaine, qui est devenue membre du FMI le 10 juillet 1963, y dispose d’une quote-part de 111,4 millions de DTS.

Pour davantage d’informations sur le FMI et la République centrafricaine, voir :

https://www.imf.org/en/Countries/CAF

 

Tableau 1. République centrafricaine : principaux indicateurs économiques et financiers, 2017–24

2017

2018

2019

2020

2021

2022

2023

2024

Est.

6e rév.

Est.

6e rév.

Est.

Proj.

(Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)

Revenu national et prix

PIB à prix constants

4,5

3,8

3,8

4,5

4,5

5,0

5,0

5,0

5,0

5,0

PIB par habitant à prix constants

3,2

1,9

2,3

2,5

2,8

3,2

3,1

3,0

3,0

2,9

PIB à prix courants

11,3

5,3

5,2

7,2

7,4

7,6

7,6

7,7

7,7

7,6

Déflateur du PIB

6,4

1,4

1,3

2,7

2,8

2,5

2,5

2,6

2,5

2,5

IPC (moyenne annuelle)

4,5

1,6

1,6

3,5

3,2

2,5

2,5

2,5

2,5

2,5

IPC (fin de période)

7,2

4,6

4,6

3,0

-0,3

2,5

2,5

2,5

2,5

2,5

Monnaie et crédit

Monnaie au sens large

10,3

14,0

14,0

14,1

3,2

14,9

5,8

8,9

9,4

9,6

Crédit à l’économie

1,4

11,5

11,5

9,7

3,0

5,0

7,0

8,0

8,0

8,0

Secteur extérieur

Exportations de biens en volume

42,5

10,3

10,3

2,8

-6,5

14,9

6,0

7,0

8,3

9,2

Importations de biens en volume

-1,9

0,1

-0,2

4,2

10,4

7,8

4,0

5,0

4,2

4,1

Termes de l’échange

-18,4

-11,7

-12,0

5,7

12,7

3,5

2,2

0,5

-1,6

-1,5

(En pourcentage du PIB, sauf indication contraire)

Épargne nationale brute

5,7

7,1

8,5

12,8

10,5

10,6

11,0

10,9

11,1

11,8

Dont : transferts officiels courants

1,8

3,0

3,0

5,9

6,0

3,7

3,4

2,7

1,9

1,8

Épargne intérieure brute

-2,9

-2,7

-1,4

0,2

-1,9

0,3

0,9

1,5

2,6

3,5

Publique

-1,4

-1,2

-1,2

-0,7

-1,6

-1,3

-0,9

-0,6

-0,5

-0,4

Privée

-1,5

-1,5

-0,2

1,2

-0,3

1,6

1,7

2,2

3,1

3,9

Consommation

102,9

102,7

101,4

99,5

101,9

99,7

99,1

98,5

97,4

96,5

Publique

7,0

7,7

7,7

7,6

7,3

7,5

7,5

7,5

7,5

7,5

Privée

95,9

95,0

93,7

91,9

94,6

92,3

91,7

90,9

89,9

89,0

Investissement brut

13,5

15,1

16,4

16,6

16,2

16,9

16,3

16,3

16,8

17,3

Public

4,5

6,0

7,4

7,5

7,1

7,9

7,2

7,2

7,3

7,3

Privé

9,0

9,0

9,0

9,0

9,0

9,0

9,0

9,0

9,5

10,0

Solde des transactions courantes

Dons compris

-7,8

-7,9

-8,0

-3,7

-5,6

-6,3

-5,3

-5,4

-5,7

-5,5

Dons exclus

-11,0

-12,3

-12,3

-10,9

-12,9

-11,6

-10,4

-9,8

-9,4

-9,1

Balance globale des paiements

2,9

-1,7

-1,7

2,9

1,0

1,3

1,5

1,4

2,4

2,6

Finances de l’administration centrale

Total des recettes (dons compris)

12,8

16,6

16,6

20,9

19,4

18,6

18,4

17,8

17,2

17,1

Dont : recettes intérieures

7,8

8,9

8,9

9,9

8,7

9,7

10,0

10,3

10,6

10,8

Total des dépenses 1

13,9

16,3

17,6

18,3

17,6

19,0

18,3

18,3

18,4

18,5

Dont : dépenses d’équipement

4,5

6,0

7,4

7,5

7,1

7,9

7,2

7,2

7,3

7,3

Solde global

Dons exclus

-6,1

-7,4

-8,7

-8,4

-8,9

-9,3

-8,2

-8,0

-7,8

-7,8

Dons compris

-1,1

0,4

-1,0

2,6

1,8

-0,4

0,2

-0,5

-1,2

-1,4

Solde primaire intérieur 2

-2,0

-1,7

-1,7

-2,5

-3,0

-2,7

-2,5

-2,5

-2,5

-2,5

Dette du secteur public

50,3

48,8

50,0

43,4

47,1

42,6

39,8

37,1

35,1

33,0

Dont : dette intérieure 3

16,2

13,9

13,9

10,2

10,2

7,8

6,9

5,9

5,1

4,3

Dont : dette extérieure

34,1

34,9

36,1

33,2

36,9

34,8

32,9

31,2

30,0

28,6

Postes pour mémoire :

PIB par habitant (dollars)

451

449

489

457

500

534

567

603

639

688

PIB nominal (milliards de FCFA)

1.203

1.266

1.266

1.356

1.360

1.464

1.575

1.696

1.826

1.966

Sources : autorités centrafricaines ; estimations et projections des services du FMI.

1 Dépenses en base caisse.

2 Hors dons, paiements d’intérêts et dépenses d’équipement financées sur ressources extérieures.

3 Y compris dette publique envers la BEAC et les banques commerciales, et arriérés publics.

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