Le conseil d’administration du FMI achève les consultations de 2022 au titre de l’article IV avec l’Algérie

le 1 février 2023

Washington, DC: le 1er février 2023, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé les consultations [1] au titre de l’article IV avec l’Algérie selon la procédure du défaut d’opposition [2] .

Le rebond des cours des hydrocarbures a atténué les pressions sur les finances publiques et extérieures et la reprise suite au choc de la pandémie semble s’être renforcée. En 2022, le solde des transactions courantes devrait enregistrer son premier excédent depuis 2013 et les réserves internationales ont augmenté, interrompant leur baisse tendancielle au cours des dernières années. De même, un solde budgétaire aurait été enregistré en 2022 du fait des revenus exceptionnels des hydrocarbures et de la nette sous-exécution des dépenses inscrites au budget. La reprise économique s’est renforcée et la croissance du PIB hors hydrocarbures est estimée à 3,2 % en 2022, contre 2,1 % en 2021.

La hausse de l’inflation est un défi considérable, dans un contexte de politique monétaire accommodante. L’inflation globale s’est accélérée pour atteindre 7,2 % en 2021 et est estimée à 9,3 % en 2022, son plus haut niveau depuis 26 ans. Malgré les mesures prises par la banque centrale en faveur d’une gestion plus active de la liquidité, la politique monétaire reste accommodante.

Les perspectives pour 2023 sont favorables, mais la croissance devrait ralentir et l’inflation rester élevée à moyen terme. La croissance du PIB hors hydrocarbures devrait se renforcer pour atteindre 3,4 % en 2023 sous l’effet d’une forte augmentation des dépenses budgétaires. Elle devrait ralentir progressivement par la suite pour atteindre 2 % environ à moyen terme. Le compte des transactions courantes devrait rester excédentaire en 2023 et enregistrer un déficit croissant à compter de 2024. L’inflation devrait s’atténuer légèrement à 8,1 % en 2023, mais rester relativement élevée à moyen terme. Les perspectives dépendent essentiellement de la trajectoire de prix des hydrocarbures. Des risques favorables pour les perspectives découlent d’une éventuelle hausse des investissements dans le secteur des hydrocarbures et des projets miniers en cours de développement.


É valuation du conseil d’administration

En achevant les consultations au titre de l’article IV avec l’Algérie, les administrateurs ont souscrit à l’évaluation des services du FMI dans les termes suivants :

Les perspectives à court terme de l’économie algérienne se sont sensiblement améliorées, portées par le rebond des cours des hydrocarbures. Des excédents extérieur et budgétaire sont attendus en 2022 pour la première fois depuis une longue période. La position extérieure de l’Algérie en 2022 a été plus solide que le niveau correspondant aux fondamentaux et aux politiques souhaitables. Toutefois, les perspectives restent tributaires des prix des hydrocarbures et soumises aux risques liés à un affaiblissement de la conjoncture mondiale et à la volatilité des cours des matières premières. L’accélération généralisée de l’inflation est devenue un défi considérable pour les politiques publiques.

Les services du FMI exhortent la Banque d’Algérie (BA) à resserrer sa politique monétaire dès à présent pour prévenir un éventuel désancrage des anticipations et la persistance d’une inflation élevée. L’appréciation récente du dinar ne peut se substituer au resserrement nécessaire de la politique monétaire. Les services du FMI recommandent de relever le taux directeur de la banque centrale et de reprendre une gestion bien calibrée de la liquidité pour améliorer la transmission de la politique monétaire. La révision en cours de la loi sur la Monnaie et le Crédit est une opportunité pour renforcer le dispositif de gouvernance de la BA. Les services du FMI recommandent d’interdire formellement le financement monétaire dans la nouvelle loi afin de renforcer l’indépendance de la banque centrale et sa capacité à agir pour défendre la stabilité des prix.

La hausse considérable des dépenses annoncée dans le cadre de la loi de finances pour 2023 pourrait résorber les progrès en matière de réduction du déficit budgétaire depuis 2018, affaiblir la résilience des finances publiques et aggraver les pressions inflationnistes. Les contraintes de financement devraient empêcher la pleine exécution des dépenses annoncées. Toutefois, même une poursuite du faible taux d’exécution des dépenses inscrites au budget pourrait entraîner une détérioration significative du déficit budgétaire. Une rigidité accrue des dépenses et une diminution rapide de l’épargne budgétaire aggraveraient la vulnérabilité des finances publiques aux fluctuations des cours des hydrocarbures- avec le risque d’un ajustement brutal en cas de baisse des prix du pétrole- et contribueraient à alimenter l’excès de liquidité, compliquant la conduite de la politique monétaire.

La trajectoire du déficit à moyen terme comporte également des risques pour la stabilité macroéconomique. La persistance de déficits budgétaires élevés et l’arrivée graduelle à échéance des remboursements de principal dus au titre du financement monétaire passé devraient entraîner des besoins de financement budgétaires élevés à moyen terme. Compte tenu de l’exclusion du recours à l’emprunt extérieur par les autorités, le financement de ces besoins entraînerait des pressions significatives sur le système bancaire domestique et présenterait des risques pour la stabilité financière et macroéconomique.

Un rééquilibrage budgétaire progressif guidé par un cadre fondé sur des règles est nécessaire pour renforcer la résilience des finances publiques et préserver la stabilité macroéconomique à moyen terme. Les services du FMI recommandent un ajustement pour améliorer le déficit primaire hors hydrocarbures et dividendes de la BA de 10 % du PIB hors hydrocarbures par rapport à son niveau de 2022 et jusqu’en 2027. Une réforme des subventions avec renforcement d’une protection sociale ciblée contribuerait à réaliser le rééquilibrage budgétaire requis, parallèlement à une réforme paramétrique des retraites, une réduction des dépenses d’investissement et la poursuite des réformes fiscales. Les services du FMI proposent également l’adoption d’un cadre budgétaire à moyen terme fondé sur des règles bien calibrées comprenant un plancher d’épargne et une ancre sur la dette brute, pour orienter le rééquilibrage budgétaire, limiter la procyclicité des politiques économiques et protéger les dépenses prioritaires. La diversification des sources de financement permettrait d’étaler l’ajustement budgétaire sur plusieurs années tout en limitant les pressions sur le système bancaire.

Les services du FMI saluent les progrès accomplis en matière de réforme de la gestion des finances publiques et appellent à des efforts supplémentaires pour renforcer le cadre budgétaire. La mise en œuvre complète de la Loi Organique des Lois de Finance prévue en 2023 constituerait une étape primordiale dans les efforts de modernisation. Pour sauvegarder ces progrès, les projections budgétaires devraient être en ligne avec la capacité d’exécution et l’espace budgétaire disponible. Les budgets devraient également intégrer des plans de financement complets et transparents et des mesures devraient être prises pour renforcer la gestion de la trésorerie et améliorer la transparence de l’exécution budgétaire.

L’accélération des réformes structurelles est nécessaire pour faire progresser la transition vers un modèle de croissance plus diversifié, résilient et riche en emplois et renforcer davantage le cadre de gouvernance. Les réformes législatives récemment adoptées ou en cours, notamment le nouveau code de l’investissement et les lois relatives à l’auto-entreprenariat et aux énergies renouvelables, pourraient contribuer à créer un environnement plus propice à l’activité du secteur privé. Les services du FMI mettent en garde contre les risques liés aux mesures strictes de réglementation des importations – qui pourraient notamment alimenter l’inflation et encourager l’informalité - et recommandent de poursuivre les réformes visant à améliorer l’ouverture commerciale et la compétitivité, notamment les réformes des marchés des produits et du travail. Ils appellent également les autorités à donner la priorité aux mesures visant à remédier aux lacunes en matière de qualité et de disponibilité des données macroéconomiques. Les mesures en cours pour renforcer la gouvernance et réduire les risques de corruption sont les bienvenues et devraient être intensifiées.




[1] Conformément aux dispositions de l’article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses pays membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières et s’entretient avec les responsables nationaux de l’évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du Conseil d’administration.

 

[2] Le Conseil d’administration arrête ses décisions selon la procédure dite du défaut d’opposition lorsqu’il convient qu’une proposition peut être examinée sans réunion formelle.

Tableau 1. Algérie : principaux indicateurs économiques et financiers, 2017–27

Projections

2017

2018

2019

2020

2021

2022

2023

2024

2025

2026

2027

Production et prix

(variation annuelle en pourcentage)

PIB réel

1.4

1.2

1.0

-5.1

3.4

2.9

3.0

2.6

2.2

2.1

1.6

Secteur hydrocarbures

-2.4

-6.4

-4.9

-10.2

10.5

1.7

0.7

1.7

0.8

1.8

0.0

Hors hydrocarbures

2.3

2.9

2.2

-4.1

2.1

3.2

3.4

2.8

2.4

2.1

1.9

Par habitant

-0.8

-0.8

-1.0

-6.0

2.0

1.5

1.6

1.2

0.8

0.7

0.3

Indice des prix à la consommation (moyenne annuelle)

5.6

4.3

2.0

2.4

7.2

9.3

8.1

7.6

6.6

6.0

5.6

Investissement et épargne

(en pourcentage du PIB)

Solde épargne/investissement

-13.1

-9.6

-9.9

-12.8

-2.8

7.6

2.7

-1.4

-3.1

-4.4

-4.9

Épargne nationale

30.3

31.7

29.5

27.0

35.1

39.6

39.2

36.6

34.7

33.4

32.6

Administrations publiques

5.4

5.0

4.3

-1.7

1.8

8.9

1.4

0.6

-0.1

-0.3

-0.7

Hors administrations publiques 1/

25.0

26.7

25.2

28.7

33.3

30.7

37.8

35.9

34.8

33.7

33.4

Investissement

43.5

41.3

39.3

39.9

37.9

32.0

36.5

38.0

37.8

37.8

37.6

Administrations publiques

13.8

11.8

13.9

10.2

9.0

6.8

8.0

7.3

6.6

6.7

6.5

Hors administrations publiques 1/

29.7

29.5

25.5

29.6

28.9

25.2

28.5

30.7

31.1

31.2

31.1

dont hors administrations publiques et hydrocarbures

25.6

23.6

18.9

25.8

26.0

22.7

26.2

27.9

29.2

29.3

29.5

Finances de l'administration centrale

(en pourcentage du PIB)

Recettes totales

32.0

33.4

32.2

30.5

29.8

33.2

31.4

29.5

28.5

27.5

26.9

Dépenses (prêts nets compris)

40.5

40.2

41.8

42.4

37.0

31.1

38.1

36.1

35.2

34.4

34.1

Solde budgétaire global

-8.4

-6.8

-9.6

-11.9

-7.2

2.1

-6.6

-6.7

-6.7

-7.0

-7.2

Financement par la banque centrale (flux)

11.6

16.5

4.9

0.0

2.3

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

Dette publique brute (hors garanties)

26.8

38.3

46.0

52.0

62.8

52.4

49.4

51.9

54.6

57.5

60.8

(en pourcentage du PIB hors hydrocarbures)

Solde primaire hors hydrocarbures, hors dividendes de la banque centrale

-29.8

-32.6

-32.2

-29.9

-28.9

-25.5

-31.4

-26.4

-24.4

-22.6

-21.6

Solde hors hydrocarbures

-24.8

-26.9

-28.1

-25.9

-24.5

-24.4

-31.0

-26.4

-24.4

-23.1

-22.3

Recettes

39.9

42.9

40.0

35.5

38.4

47.0

42.3

37.8

35.9

34.2

33.1

Hydrocarbures

14.3

18.2

16.2

12.1

15.2

27.4

22.1

17.8

16.0

14.4

13.4

Hors hydrocarbures

25.5

24.8

23.8

23.4

23.1

19.6

20.1

20.0

19.9

19.7

19.6

Dépenses (prêts nets compris)

50.3

51.7

51.9

49.3

47.6

44.0

51.2

46.4

44.4

42.8

41.9

Dépenses courantes

30.8

33.4

29.7

31.5

31.7

30.0

36.3

33.2

32.4

31.3

30.9

Dépenses en capital

17.2

15.2

17.2

11.9

11.6

9.6

10.8

9.4

8.4

8.3

8.0

Prêts nets

2.3

3.1

5.0

5.9

4.4

4.3

4.1

3.8

3.6

3.3

3.0

Secteur extérieur 2/

Solde des transactions courantes (en % du PIB)

-13.1

-9.6

-9.9

-12.8

-2.8

7.6

2.7

-1.4

-3.1

-4.4

-4.9

Exportations, fàb (variation en pourcentage)

19.0

19.1

-14.2

-37.9

75.9

58.0

-5.2

-11.3

-3.0

-3.1

-0.7

Hydrocarbures

20.0

17.2

-14.5

-39.8

70.2

61.4

-7.6

-14.3

-5.6

-6.1

-3.7

Hors hydrocarbures

-1.9

62.3

-6.7

-7.7

135.7

32.4

16.6

10.7

11.8

11.6

11.3

Importations, fàb (variation en pourcentage)

-0.9

-0.8

-8.1

-20.4

5.4

7.6

15.2

5.8

2.1

2.1

1.6

Valeur unitaire à l'exportation du pétrole brut (dollars/baril)

54.1

71.2

64.5

41.9

72.3

101.7

87.0

80.9

77.4

75.0

73.2

Réserves officielles brutes

En milliards de dollars

97.3

79.9

62.8

48.2

46.7

62.0

69.5

68.1

63.1

54.9

45.4

En mois d'importations de biens et de services de l'année suivante

19.4

17.7

17.6

13.0

11.6

13.4

14.1

13.3

12.0

10.4

8.4

Dette extérieure brute (en % du PIB)

2.3

2.3

2.2

2.4

1.9

1.6

1.6

1.6

1.6

1.6

1.5

Monnaie et crédit

(variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)

Avoirs extérieurs nets

-11.1

-15.8

-20.3

-14.9

-5.2

36.2

18.8

3.1

-3.1

-9.4

-14.4

Crédit à l’économie

11.9

12.3

9.0

3.0

-12.1

13.2

2.3

2.5

4.9

6.7

7.6

Monnaie et quasi-monnaie

8.4

11.1

-0.8

7.4

13.2

11.9

13.4

8.6

7.5

6.9

6.9

Postes pour mémoire :

PIB (en milliards de dinars aux prix courants)

18,876

20,452

20,500

18,477

22,079

27,863

30,062

32,097

34,753

37,461

40,126

Croissance du PIB nominal

7.8

8.3

0.2

-9.9

19.5

26.2

7.9

6.8

8.3

7.8

7.1

PIBHH (en milliards de dinars aux prix courants)

15,177

15,904

16,509

15,902

17,167

19,709

22,367

24,998

27,608

30,109

32,610

PIB par habitant (en USD)

4,080

4,119

3,953

3,322

3,669

...

...

...

...

...

...

Taux de change (DA/USD)

110.9

116.6

119.4

126.9

135.3

...

...

...

...

...

...

Taux de change effectif réel (variation en %)

2.4

-4.7

2.3

-4.6

-4.9

...

...

...

...

...

...

Sources : autorités algériennes ; estimations et projections des services du FMI.

1/ Y compris les entreprises publiques.

2/ En millions de dollars, sauf indication contraire.

Département de la communication du FMI
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ATTACHÉ DE PRESSE: Mayada Ghazala

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