Le conseil d'administration du FMI achève la première revue de l'accord au titre de la facilité élargie de crédit et de la facilité pour la résilience et la durabilité, et achève les consultations de 2024 au titre de l'article IV avec la République de Madagascar

le 27 février 2025

  • Le conseil d'administration du FMI a achevé hier les premières revues de l'accord au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) et de l'accord au titre de la facilité pour la résilience et la durabilité (FRD) en faveur de la République de Madagascar, ouvrant ainsi la voie au décaissement immédiat de 101 millions de dollars. Le conseil d'administration a également achevé les consultations de 2024 au titre de l'article IV.
  • Après s'être stabilisée à 4,2% en 2024, l'économie malagasy devrait rebondir à 4,6% en 2025. L'inflation devrait diminuer progressivement en 2025.
  • Les résultats de Madagascar dans le cadre des programmes au titre de la FEC et de la FRD ont été acceptables, mais inégaux. La mise en œuvre d'un mécanisme d'ajustement automatique des prix des carburants permettra de dégager un espace budgétaire pour les dépenses sociales et les investissements. La réforme de la JIRAMA reste prioritaire.

Washington. Le conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé hier les consultations au titre de l'article IV avec la République de Madagascar. [1] Le conseil d'administration a également achevé les premières revues de l'accord de 36 mois au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) et de l'accord au titre de la facilité pour la résilience et la durabilité (FRD). Les accords au titre de la FEC et de la FRD ont été approuvés par le conseil d'administration du FMI en juin 2024.

L'achèvement des revues ouvre la voie au décaissement immédiat de 36,7 millions de DTS (environ 48 millions de dollars) au titre de l'accord FEC et de 40,7 millions de DTS (environ 53 millions de dollars) au titre de l'accord FRD.

Selon les estimations, la croissance de Madagascar s'est stabilisée en 2024, tandis que les pressions inflationnistes ont persisté. Le solde budgétaire s'est amélioré, grâce au règlement des arriérés d'impôts des distributeurs de carburant à la suite d'un accord conclu en décembre et malgré le maintien de transferts élevés à la JIRAMA. Le déficit des transactions courantes s'est creusé, principalement en raison d'une baisse des exportations.

Les perspectives de croissance à moyen terme semblent favorables, portées par les réformes soutenues par la FRD et la FEC, notamment les programmes gouvernementaux visant à stimuler la productivité agricole, à améliorer l'accès à l'électricité et à améliorer les infrastructures routières. Les perspectives risquent d'être révisées à la baisse, dans un contexte national et mondial incertain. Madagascar reste également très vulnérable aux chocs climatiques.

Les entretiens dans le cadre des consultations de 2024 au titre de l'article IV ont porté sur : i) l'ancrage de la viabilité budgétaire par l'augmentation des recettes intérieures, la réduction des risques budgétaires, la constitution d'amortisseurs pour améliorer la résilience aux chocs et le renforcement des institutions budgétaires et de la gestion des finances publiques ; ii) le renforcement de la gouvernance et de la lutte contre la corruption ; iii) la consolidation de la stabilité monétaire et financière ; iv) la promotion d'une croissance plus vigoureuse et plus inclusive ; et v) le renforcement de la résilience face aux changements climatiques.

À l'issue de la réunion du conseil d'administration, M. Nigel Clarke, directeur général adjoint et président du conseil par intérim, a fait la déclaration ci-après :

« Madagascar continue d'être confronté à d'importants besoins de développement compte tenu de son taux de pauvreté élevé et de sa vulnérabilité aux chocs climatiques. Une accélération des réformes est nécessaire pour stimuler la croissance, qui reste bien en deçà de son potentiel à moyen terme. Les résultats du programme à fin juin 2024 ont été globalement jugés mitigés, soulignant la nécessité de maintenir une forte appropriation politique pour soutenir la mise en œuvre du programme.

« La poursuite de la mise en œuvre du mécanisme automatique d'ajustement des prix des carburants contribuera à contenir les risques budgétaires et créera de l'espace budgétaire pour accroître les investissements publics et les dépenses sociales. En outre, il faut continuer d'améliorer la mobilisation des recettes intérieures et assurer fermement le redressement financier de la JIRAMA.

« Il est indispensable de renforcer les processus de gestion des finances et des investissements publics pour améliorer l'exécution des budgets et leur traçabilité. De meilleures projections et gestion des flux de trésorerie devraient faciliter les dépenses et limiter l'accumulation d'arriérés. La poursuite de l'amélioration de la gouvernance, en s'appuyant sur l'évaluation diagnostique de la gouvernance en cours, et la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre la corruption pour 2025-30, récemment publiée, soutiendront les efforts déployés pour lutter contre la corruption et promouvoir la transparence.

« La banque centrale (BFM) devrait se tenir prête à relever ses taux directeurs pour maintenir l'inflation sur une trajectoire descendante. La crédibilité de la BFM pourrait être renforcée par de nouvelles améliorations du cadre de gestion des liquidités et une meilleure communication sur les décisions de politique monétaire.

« Le renforcement de l'adaptation et de la résilience aux chocs climatiques ainsi que la mobilisation de financements pour l'action climatique devraient demeurer une priorité essentielle. Le nouveau décret sur l'évaluation des impacts environnementaux et sociaux fournit un cadre pour l'évaluation et la sélection des projets d'investissement, qui devrait s'appliquer aux nouveaux investissements, y compris routiers.

Évaluation par le conseil d'administration[2]

Les administrateurs approuvent l'orientation générale de l'évaluation effectuée par les services du FMI. Ils se félicitent de la résilience de la croissance de Madagascar, tout en notant que les perspectives économiques sont sujettes à des risques et que le pays continue de faire face à d'importants besoins de développement et d'être très vulnérable aux chocs climatiques. Tout en reconnaissant dans l'ensemble les progrès accomplis en matière de réformes dans le cadre des programmes appuyés par le FMI, les administrateurs préconisent de maintenir une forte appropriation politique. Ils insistent sur la nécessité de continuer de mener des politiques prudentes et de poursuivre la mise en œuvre des réformes structurelles, appuyées par une stratégie de développement des capacités adaptée, afin de promouvoir la stabilité macroéconomique et la résilience économique.

Les administrateurs saluent les efforts que les autorités déploient pour consolider la viabilité des finances publiques. Ils soulignent qu'il est nécessaire de créer un espace budgétaire pour l'investissement public et les dépenses sociales. À cet effet, les administrateurs recommandent de redoubler d'efforts pour accroître les recettes intérieures et améliorer la gestion des finances publiques et l'exécution du budget. Ils encouragent également les autorités à envisager d'élaborer une stratégie budgétaire à moyen terme axée sur un objectif de dette compatible avec la capacité de Madagascar à assurer son service. Pour contribuer à contenir les risques budgétaires, les administrateurs soulignent qu'il importe de poursuivre le règlement des dettes croisées avec les distributeurs de carburants, de poursuivre la mise en œuvre du mécanisme d'ajustement automatique des prix des carburants et de renforcer la gouvernance et la transparence des entreprises publiques. Ils exhortent en particulier à adopter et à mettre en œuvre rapidement le plan de redressement de la JIRAMA.

Les administrateurs soulignent qu'il faut se tenir prêts à relever les taux directeurs afin de maintenir l'inflation sur une trajectoire descendante. Ils conviennent que des communications claires, transparentes et opportunes de la banque centrale contribueraient à accroître la crédibilité et l'efficacité de sa politique monétaire. Les administrateurs recommandent d'améliorer le fonctionnement du nouveau cadre opérationnel de la politique monétaire. Ils conviennent que le régime de change flexible sert bien d'amortisseur des chocs et préconisent de renforcer encore l'efficacité du marché des changes. Les administrateurs notent qu'il est important de préserver la stabilité financière et attendent avec intérêt les résultats de la revue de la stabilité du secteur financier. Ils encouragent également les autorités à renforcer le dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

Les administrateurs invitent les autorités à poursuivre la mise en œuvre des réformes structurelles. Ils saluent l'adoption de la nouvelle stratégie de lutte contre la corruption et soulignent que la publication de l'évaluation diagnostique de la gouvernance à venir sera cruciale pour renforcer les efforts de renforcement de la gouvernance. Les administrateurs conviennent qu'il est impératif d'améliorer le climat juridique des affaires et d'investir dans le capital humain pour promouvoir l'investissement privé. Notant que Madagascar a bénéficié du cadre de coopération renforcée du FMI et du Groupe de la Banque mondiale, ils ont soutenu les efforts déployés par les autorités pour accroître la résilience aux chocs climatiques et mobiliser des financements pour l'action climatique.

Il est prévu que les prochaines consultations au titre de l'article IV avec la République de Madagascar se déroulent conformément à la décision du conseil d'administration sur les cycles de consultation pour les pays membres ayant conclu un accord avec le FMI.

 

Principaux indicateurs économiques

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2022

2023

2024

2025

2026

 

 

Est.

 

Proj.

 

 

(Taux de croissance en pourcentage)

Produit intérieur brut et prix

 

 

 

 

   PIB à prix constants

4.2

4.2

4.2

 

4.6

4.7

 

   Déflateur du PIB

9.6

7.5

7.6

 

7.2

6.8

 

   Indice des prix à la consommation (fin de période)

10.8

7.5

8.6

 

7.6

7.0

 

 

 

 

 

 

Monnaie et crédit

 

 

 

 

   Masse monétaire (M3)

13.8

8.6

15.5

 

13.6

11.9

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(Croissance en pourcentage de M3 en début de période)

   Avoirs extérieurs nets

0.8

18.2

11.5

 

2.7

2.0

 

   Avoirs intérieurs nets

13.0

-9.7

4.0

 

10.9

9.9

 

      dont: Crédit au secteur privé

9.8

0.7

5.7

 

6.6

7.6

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(En pourcentage du PIB)

Finances publiques

 

 

 

 

   Recettes budgétaires (hors dons)

9.5

11.5

11.2

 

11.3

12.0

 

      dont: Recettes fiscales

9.2

11.2

10.8

 

10.8

11.7

 

   Dons

1.3

2.3

2.4

 

0.7

0.5

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   Dépenses totales

16.2

17.9

16.9

 

15.8

16.5

 

      Dépenses courantes

10.8

10.9

10.1

 

9.6

9.6

 

      Dépenses en capital

5.4

7.0

6.8

 

6.3

6.9

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   Solde global (base engagement)

-5.5

-4.2

-3.3

 

-3.8

-4.0

 

   Solde primaire intérieur1

-1.8

-0.3

0.2

 

0.5

1.2

 

   Solde primaire

-4.9

-3.5

-2.6

 

-2.9

-3.0

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   Financement total

4.7

4.2

3.4

 

4.1

4.3

 

      Financement extérieur (net)

2.4

3.0

2.3

 

3.3

3.2

 

      Financement intérieur

2.2

1.2

1.0

 

0.8

1.1

 

   Déficit de financement

0.0

0.0

0.0

 

0.0

0.0

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Epargne et investissement

 

 

 

 

 

 

 

   Formation brute de capital fixe

21.8

19.9

22.5

 

20.5

21.9

 

   Epargne nationale intérieure

16.8

15.3

17.5

 

15.1

16.8

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Secteur extérieur

 

 

 

 

 

 

 

   Exportations de biens, FAB

23.0

19.5

14.7

 

14.0

14.6

 

   Importations de biens, CAF

33.8

28.0

26.3

 

24.3

24.3

 

   Solde du compte courant (hors dons)

-6.6

-6.9

-7.4

 

-6.2

-5.5

 

   Solde du compte courant (dons inclus)

-5.4

-4.7

-5.0

 

-5.5

-5.1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dette publique

50.0

52.7

51.4

 

52.9

53.5

 

   Dette publique Extérieure

36.1

37.8

37.4

 

40.2

41.6

 

   Dette publique Intérieure

13.9

14.9

13.9

 

12.7

11.9

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(Unités comme indiqué)

Réserves officielles brutes (en millions de DTS)

1,601

1,972

2,189

 

2,380

2,459

 

En mois d'importations de biens et services

4.2

5.7

6.3

 

6.6

6.3

 

PIB par habitant (dollars américains)

529

533

569

 

584

617

 

 

 

 

 

 

Sources: Autorités malagasy et estimations et prévisions des services du FMI.

 

1 Solde primaire sauf les investissements avec financement extérieur et dons.

 

                   

 

 

 

[1] Conformément aux dispositions de l'article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières, et s'entretient avec les responsables nationaux de l'évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du conseil d'administration.

[2] À l'issue des délibérations, la Directrice générale, en qualité de présidente du conseil d'administration, résume les vues des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans le résumé des délibérations du conseil d'administration à  l'adresse http://www.IMF.org/external/np/sec/misc/qualifiers.htm

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