Perspectives économiques régionales

Moyen-Orient et Asie centrale

avril 2024

Une reprise inégale dans un contexte de forte incertitude

Les régions Moyen-Orient et Afrique du Nord et Caucase et Asie centrale ont bénéficié de la résilience de l’économie mondiale. La baisse des prix mondiaux des produits de base et les mesures avisées des pouvoirs publics ont contribué à atténuer les tensions inflationnistes dans la plupart des pays. Cependant, l’incertitude et les risques s’amplifient avec en toile de fond les conflits en cours, les perturbations du transport maritime et les réductions de la production de pétrole. En conséquence, c’est une reprise inégale qui se dessine, le rythme de la croissance variant d’un pays à l’autre de la région Moyen-Orient et Asie centrale cette année.

Les décideurs doivent préserver la stabilité macroéconomique et la viabilité de la dette tout en gérant les risques géopolitiques et en rehaussant les perspectives de croissance à moyen terme. Dans un contexte d’incertitude élevée, il est fondamental que les pays appliquent des réformes visant à renforcer leurs facteurs économiques de base, notamment en améliorant les institutions. En outre, les pays peuvent saisir de nouvelles opportunités économiques sur fond de reconfiguration des échanges commerciaux en réduisant les obstacles aux échanges, en diversifiant les produits et les marchés et en améliorant leurs infrastructures.

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Chapitres

Chapitre 1 : Évolution de la situation régionale et perspectives économiques : une reprise inégale dans un contexte de forte incertitude

L’incertitude s’accentue avec en toile de fond les conflits en cours, les perturbations du transport maritime et les baisses de la production de pétrole. Dans ce contexte, la croissance économique en 2024 devrait être inégale au Moyen-Orient et en Asie centrale. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les conflits se poursuivent dans plusieurs pays et territoires. Dans le même temps, certains pays émergents et pays à revenu intermédiaire sont aux prises avec des tensions en matière de financements et une inflation obstinément élevée. Un certain nombre de pays exportateurs de pétrole s’emploient à diversifier leur économie et à renforcer leur secteur hors hydrocarbures, tout en adoptant de nouvelles réductions de production de pétrole. Dans le Caucase et l’Asie centrale, la croissance demeure vigoureuse, malgré le repli des flux réels et financiers lié à la guerre en Ukraine, et dans l’ensemble, les pays importateurs d’hydrocarbures voient leur économie progresser plus rapidement que les pays exportateurs grâce à une forte demande intérieure. L’inflation se situe à un niveau proche de sa moyenne historique ou de sa cible dans de nombreux pays et devrait continuer de refluer.

Chapitre 2 : Fondations fragiles : les séquelles économiques durables des conflits

Le conflit à Gaza et en Israël rappelle avec force les défis persistants engendrés par les conflits régionaux au Moyen-Orient et en Asie centrale. Ce chapitre analyse et compare les incidences économiques des conflits au Moyen-Orient et en Asie centrale et dans d’autres parties du monde au cours des 30 dernières années. Il en ressort que les conflits ont de profondes répercussions négatives sur les résultats économiques à court comme à long terme, se caractérisant par une hausse de l’inflation et un recul de la consommation, de l’investissement, des exportations et des recettes budgétaires. Pire, ces effets peuvent se pérenniser en fragilisant les institutions. De surcroît, les conséquences économiques néfastes des conflits tendent à être plus prononcées et durables au Moyen-Orient et en Asie centrale que dans le reste du monde et elles se propagent aux pays voisins.

Chapitre 3 : Moyen-Orient et Asie centrale : la (re)configuration des échanges face aux chocs et à la transformation du paysage géopolitique

Une évolution des échanges commerciaux est en cours au sein des régions Caucase et Asie centrale et Moyen-Orient et Afrique du Nord, alors que les obstacles aux échanges et les chocs au niveau mondial se multiplient. Depuis 2022, l’accroissement du commerce de transit et de la réorientation des échanges ont entraîné un fort essor des activités commerciales au Caucase et en Asie. De même, la structure des échanges, en particulier dans le domaine de l’énergie, se modifie dans certaines parties du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Plus récemment, les tensions dans la mer Rouge ont considérablement perturbé les échanges dans plusieurs pays. Notre analyse donne à penser que les pays de ces régions pourraient soit continuer de bénéficier d’une intensification des flux d’échanges, soit pâtir de pertes en matière de commerce et de PIB, en fonction du scénario de fragmentation envisagé. Des mesures visant à abaisser les obstacles aux échanges, à améliorer les infrastructures et à renforcer les cadres réglementaires pourraient permettre aux pays du Moyen-Orient et d’Afrique centrale de réduire les risques et de tirer parti des gains générés par les échanges commerciaux. À moyen terme, une diversification des échanges et le développement d’autres corridors commerciaux peuvent améliorer la résilience face aux chocs commerciaux.