Le Conseil d'administration du FMI conclut la deuxième revue de l’accord au titre de la facilité élargie de crédit et la première revue de l’accord au titre de la facilité pour la résilience et la durabilité en faveur de la République démocratique du Congo
19 décembre 2025
- Le Conseil d’administration du FMI a conclu la deuxième revue de l’accord au titre de facilité élargie de crédit (FEC) et la première revue de l’accord au titre de facilité pour la résilience et la durabilité (FRD) pour la République Démocratique du Congo. Cette décision permet un décaissement immédiat total de 442 millions de dollars américains.
- L’économie de la RDC est restée résiliente malgré la persistance du conflit armé dans la partie Est du pays, qui continue d’exercer une pression importante sur les finances publiques.
- Les Autorités ont maintenu la dynamique des réformes structurelles, et tous les critères de performance sauf un ont été respectés. Une discipline budgétaire soutenue, une meilleure coordination entre les politiques budgétaire et monétaire, ainsi qu’une accélération des réformes structurelles demeurent essentielles.
Washington, DC: Le Conseil d’administration du Fonds Monétaire International (FMI) a conclu la deuxième revue de l’accord au titre de la Facilité Élargie de Crédit (FEC) et la première revue de l’accord au titre de la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD) pour la République Démocratique du Congo (RDC), tous deux approuvés le 15 janvier 2025 (voir PR 25/003). La conclusion de la deuxième revue du programme appuyé par la FEC a permis un décaissement équivalent à 190,4 millions de DTS (environ 260,0 millions de dollars américains), portant le total des décaissements à ce jour à 570,9 millions de DTS (environ 779,7 millions de dollars américains). La conclusion de la première revue du programme appuyé par la FRD a permis un décaissement de 133,25 millions de DTS (environ 182,0 millions de dollars américains).
La situation sécuritaire dans l'est de la RDC reste difficile malgré le récent entérinement au niveau présidentiel de l’accord de paix négocié par les États-Unis entre la RDC et le Rwanda et la signature d’un « accord-cadre de Doha pour un accord de paix global » entre le Gouvernement de la RDC et le groupe rebelle M23. La reprise des violences a davantage aggravé la crise humanitaire.
L’activité économique est restée résiliente face à ces défis. La croissance du PIB réel devrait dépasser 5 % en 2025 et 2026, portée par le dynamisme continu du secteur extractif. La stabilité externe s’est renforcée grâce aux exportations et aux prix élevés du cuivre, malgré la suspension temporaire des exportations de cobalt pendant la majeure partie de 2025. L’amélioration du solde du compte courante qui en a résulté a permis de consolider l'accumulation de réserves de change, quoique que celles-ci restent inférieures au seuil d’adéquation recommandé. L’inflation a fortement baissé, passant de 11,7 % à fin 2024 à 2,2 % en novembre 2025, sur fond d’une orientation toujours restrictive de la politique monétaire et de forte appréciation du franc congolais. Dans ce contexte de baisse de l’inflation et de hausse des taux d’intérêt réels, le comité de politique monétaire de la Banque Centrale du Congo (BCC) a réduit le taux directeur de 25 % à 17,5 % en début octobre.
La mise en œuvre du programme soutenu par la FEC a été satisfaisante. Tous les critères de performance à fin juin 2025 ont été atteints, à l’exception du critère continu relatif à la non-introduction ou modification de Pratiques de Change Multiples, pour lequel les Autorités ont sollicité une dérogation, compte tenu du caractère temporaire de la mesure qui a déjà été abandonnée. La plupart des objectifs indicatifs ont également été atteints, sauf ceux liés au plancher sur les dépenses sociales et au plafond sur les dépenses exécutées en procédures d’urgence, en raison des dépenses exceptionnelles de sécurité élevées liées à la persistance du conflit. La mise en œuvre des réformes structurelles a été satisfaisante. Sept des huit repères non continus prévus pour la deuxième revue ont été atteints, le dernier — relatif à la généralisation du système de la facture normalisée de TVA — ayant été mis en œuvre avec un léger retard. Les trois repères structurels continus ont également été respectés. La performance au titre de la FRD a été aussi satisfaisante. Deux mesures de réforme, relatives à l’analyse des risques budgétaires liés aux chocs climatiques et à l’adoption d’une politique de gestion des risques de catastrophe naturelle, ont été mises en œuvre pour cette revue.
À la conclusion des discussions du Conseil d'administration, M. Okamura, Directeur général adjoint et président par intérim, a déclaré[1] :
« L’activité économique en République démocratique du Congo (RDC) demeure résiliente, soutenue par la vigueur du secteur extractif, et les pressions inflationnistes se sont atténuées. Malgré les perspectives favorables, des risques à la baisse subsistent, liés notamment aux défis sécuritaires et humanitaires, une diminution plus importante et plus prolongée de l’aide publique au développement, ou un regain de volatilité des prix des matières premières. Les résultats dans la mise en œuvre du programme ont été satisfaisants et les autorités demeurent engagées par rapport à leur programme de réformes.
« La persistance des dépenses de sécurité élevées ainsi que d’autres chocs ont continué à peser sur l’exécution budgétaire et les perspectives économiques. Les dépenses de sécurité devraient rester élevées à court terme, ce qui rend nécessaire le maintien d’une discipline budgétaire soutenue et la transition graduelle vers un cadre budgétaire hors ressources du secteur extractif. Des réformes orientées sur la modernisation de la gestion des finances publiques — notamment le renforcement des contrôles de la chaîne de la dépense — contribueront à limiter la procyclicité des dépenses, à dégager des marges pour l’investissement et les dépenses sociales, à renforcer la résilience face aux chocs et à consolider la crédibilité budgétaire. Il est essentiel de garantir un niveau adéquat de dépenses sociales, compte tenu de la crise humanitaire.
« Une politique monétaire prudente et fondée sur les données est appropriée. Les fortes incertitudes soulignent l’importance de suivre de près les conditions de liquidité et de se tenir prêt à ajuster la politique monétaire si nécessaire. La poursuite des efforts d’accumulation des réserves de change, tout en préservant le rôle du taux de change comme amortisseur de chocs, demeure essentielle pour renforcer la résilience extérieure. Les autorités continuent de fournir des efforts pour renforcer le cadre de conduite de la politique monétaire et mettre en œuvre les recommandations liées aux mesures de sauvegarde. Les mesures visant à améliorer la transparence et la communication dans la conduite de la politique monétaire et à renforcer l’indépendance de la banque centrale devraient concourir à ancrer les anticipations. Il est important d’éviter l’occurrence de pratiques de taux de change multiple.
« L’accélération des réformes visant à améliorer la gouvernance et la transparence, à renforcer les cadres de lutte contre la corruption et LBC/FT, ainsi qu’à améliorer l’environnement des affaires est essentielle pour soutenir le développement du secteur privé et promouvoir une croissance diversifiée, durable et inclusive. La mise en œuvre jugée satisfaisante des réformes au titre de la FRD, dont une plus tôt que prévu, devrait permettre d’atténuer les impacts du changement climatique sur la balance des paiements à long terme. »
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Tableau 1. République démocratique du Congo : principaux indicateurs économiques et financiers, 2023-26 |
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2023 |
2024 |
2025 |
2026 |
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Est. |
Rapport n°25/023 |
Proj. |
Rapport n°25/023 |
Proj. |
Rapport n°25/023 |
Proj. |
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(Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) |
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PIB et prix |
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PIB réel |
8.5 |
6.5 |
6.1 |
5.3 |
5.6 |
5.3 |
5.3 |
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PIB (industries extractives) |
20.2 |
12.2 |
11.9 |
8.2 |
10.1 |
5.8 |
5.0 |
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PIB (hors industries extractives) |
3.4 |
3.5 |
3.1 |
3.6 |
3.1 |
5.0 |
5.4 |
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Déflateur du PIB |
11.3 |
19.9 |
19.6 |
8.2 |
7.9 |
6.7 |
3.6 |
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Indice des prix à la consommation (moyenne annuelle) |
19.9 |
17.7 |
17.7 |
8.8 |
7.7 |
7.1 |
4.4 |
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Indice des prix à la consommation (fin d’année) |
23.8 |
11.7 |
11.7 |
7.8 |
4.3 |
7.0 |
6.1 |
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(Variation annuelle en pourcentage de la monnaie au sens large en début de période) |
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Monnaie et crédit |
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Avoirs extérieurs nets |
19.9 |
23.0 |
23.0 |
14.5 |
-0.2 |
22.7 |
30.1 |
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Avoirs intérieurs nets |
20.3 |
5.6 |
5.8 |
-1.0 |
3.7 |
-10.5 |
-21.0 |
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Crédit intérieur |
34.3 |
15.2 |
15.2 |
10.5 |
7.7 |
4.2 |
7.8 |
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Monnaie au sens large |
40.3 |
28.1 |
28.2 |
13.8 |
4.0 |
12.3 |
9.1 |
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(Pourcentage du PIB, sauf indication contraire) |
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Situation financière de l’administration centrale |
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Recettes et dons |
14.3 |
14.8 |
14.8 |
14.4 |
14.4 |
14.9 |
14.8 |
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Dépenses |
15.9 |
16.0 |
16.4 |
16.5 |
16.7 |
16.6 |
17.1 |
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Solde budgétaire intérieur |
-0.7 |
-0.8 |
-0.7 |
-1.2 |
-1.3 |
-0.8 |
-1.2 |
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Investissement et épargne |
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Épargne nationale brute |
10.3 |
9.6 |
9.7 |
11.2 |
9.7 |
12.5 |
11.7 |
|
Investissement |
15.5 |
13.5 |
13.8 |
14.4 |
13.3 |
14.8 |
13.9 |
|
Hors secteur public |
12.0 |
10.0 |
10.0 |
10.0 |
10.0 |
10.0 |
10.0 |
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Balance des paiements |
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Exportations de biens et services |
42.5 |
47.4 |
45.9 |
46.1 |
40.0 |
46.6 |
37.1 |
|
Importations de biens et services |
47.5 |
50.3 |
48.0 |
47.5 |
41.5 |
47.0 |
37.4 |
|
Solde des transactions courantes (transferts officiels compris) |
-5.3 |
-3.9 |
-4.2 |
-3.2 |
-3.6 |
-2.4 |
-2.2 |
|
Solde des transactions courantes (hors transferts officiels) |
-6.3 |
-5.0 |
-5.2 |
-3.4 |
-3.4 |
-2.6 |
-2.1 |
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Réserves officielles brutes (en semaines des importations) |
8.4 |
10.1 |
10.1 |
11.8 |
11.7 |
12.8 |
12.9 |
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Dette extérieure du secteur public |
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Service de la dette en pourcentage des recettes publiques |
7.6 |
6.1 |
6.1 |
7.1 |
6.7 |
7.4 |
6.5 |
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Sources : Autorités congolaises et estimations et projections des services du FMI. |
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[1] À la conclusion de la discussion, le Directeur général, en tant que président du Conseil, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est transmis aux Autorités du pays. Une explication de tous les termes spécifiques utilisés dans les conclusions peut être trouvée ici : http://www.IMF.org/external/np/sec/misc/qualifiers.htm.

