Les services du FMI parviennent à un accord avec les autorités tchadiennes sur la première revue de l'accord au titre de la facilité élargie de crédit (FEC)
19 décembre 2025
- L'activité économique reste robuste, l'inflation a fortement baissé et la confiance des bailleurs et des investisseurs privés s'est renforcée après le lancement du Plan national de développement (PND) et de l'accord au titre de la FEC.
- Les résultats du programme à la fin juin 2025 étaient globalement satisfaisants, tous les critères de réalisation quantitatifs et deux des trois cibles indicatives ayant été atteints. Les réformes sont en cours d'exécution, malgré certains retards.
- Les discussions ont porté sur les mesures relatives aux recettes et aux dépenses, la gouvernance et la restructuration des banques publiques, l'amélioration des filets de protection sociale, ainsi que sur les évolutions et les risques liés aux pressions humanitaires.
Washington : Une équipe du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par Julien Reynaud, chef de mission pour le Tchad, s'est rendue à N'Djamena du 13 au 21 novembre pour mener des entretiens sur la première revue du programme appuyé par la facilité élargie de crédit (FEC) approuvé par le conseil d'administration du FMI le 25 juillet 2025, pour un montant total de 455,65 millions de DTS (environ 655 millions de dollars, ou 325 % de la quote-part du pays).
Au terme de la mission, M. Reynaud a fait la déclaration suivante :
« Les autorités tchadiennes et les services du FMI sont parvenus à un accord au niveau des services sur les mesures économiques et financières à prendre pour favoriser l'achèvement de la première revue du programme dans le cadre de l'accord au titre de la FEC. Cet accord au niveau des services est soumis à l'approbation de la direction du FMI. Pour présenter la première revue de l'accord FEC au conseil d'administration du FMI, il faudra toutefois aussi obtenir les assurances sur les politiques régionales et confirmer les financements.
« L'activité économique reste robuste, soutenue par une activité plus forte que prévu dans le secteur non pétrolier. Le PIB réel a augmenté de 5,0 % en 2024, dépassant ainsi les projections antérieures, et les indicateurs à haute fréquence laissent entrevoir une poursuite de l'expansion en 2025 de l’ordre de 5,6 %. L'inflation est devenue négative début 2025 et a chuté à -4,3 % en novembre, en grande partie sous l'effet d'une baisse des prix des denrées alimentaires après des sommets historiques l'an dernier et d'une amélioration de la production agricole cette année.
« Les perspectives sont globalement positives, à condition que les réformes se poursuivent, que le PND soit mis en œuvre et que les conditions extérieures soient favorables. Les prévisions de croissance pour 2026 ont été revues à la hausse, de 3,6 % à 5,1 %, avec un risque haussier, en raison de la vigueur persistante de l'activité économique. L'inflation devrait progressivement passer en territoire positif en 2026.
« Les résultats du programme à fin juin 2025 étaient globalement satisfaisants. Tous les critères de réalisation quantitatifs ont été respectés, y compris ceux relatifs aux recettes non pétrolières, aux salaires et au solde primaire hors pétrole. Deux des trois objectifs indicatifs ont été atteints : la part des dépenses avant ordonnancement (DAO) est restée inférieure au plafond et les arriérés de paiement intérieurs ont diminué, avec notamment une réduction de 42 milliards de FCFA des arriérés envers les fournisseurs. Les autorités ont aussi apuré 51 milliards de francs CFA d'arriérés extérieurs. L'objectif indicatif relatif au financement intérieur net n'a pas été atteint en raison de retards dans la restructuration des banques publiques.
« Globalement, les recettes budgétaires ont été conformes aux projections au cours des trois premiers trimestres de 2025. Les recettes pétrolières ont été inférieures aux projections, à cause de la forte dépréciation du dollar. Toutefois, les recettes non pétrolières ont été supérieures aux projections, soutenues par le dynamisme de l'activité économique et les mesures fiscales liées à la FEC. L'exécution des dépenses a été inférieure aux prévisions concernant les transferts et les subventions, ainsi que les investissements, en partie sous l'effet des réformes visant à renforcer le contrôle des dépenses et du déploiement du système de gestion des finances publiques SIGFIP.
« Le budget 2026 approuvé cette semaine par l'Assemblée Nationale est conforme aux objectifs et à la conditionnalité définis dans le cadre du programme. Les autorités se sont fixé des objectifs ambitieux afin de dégager un espace budgétaire pour les investissements en capital et les investissements sociaux en augmentant les recettes non pétrolières et en maîtrisant la masse salariale.
« La mise en œuvre de certaines réformes structurelles a été retardée, mais les autorités restent déterminées à mener leur programme de réformes. Elles s'emploient activement à assurer un système de crédits de TVA efficient, à continuer d'améliorer la gestion de la masse salariale, ainsi que l'exécution du budget et les lois de règlements, et à publier les résultats d'un audit des recettes pétrolières. Elles sont déterminées à poursuivre la restructuration du secteur bancaire, à continuer de renforcer la gestion des finances publiques, la gouvernance et la transparence budgétaires, et à développer les dispositifs de protection sociale. Sur ce dernier point, il sera essentiel d'avancer dans le recensement de la population et des ménages vulnérables prévus pour 2026 afin d'améliorer les conditions de vie au Tchad.
« Les besoins humanitaires se sont intensifiés : 160 000 réfugiés soudanais supplémentaires sont arrivés depuis janvier 2025, portant le nombre total de réfugiés et de demandeurs d'asile à 1,5 million. La protection des dépenses sociales et de développement reste une priorité, notamment des programmes ciblés pour venir en aide aux ménages vulnérables et améliorer la prestation de services publics conformément au PND.
La délégation du FMI a rencontré le Chef de l'État et Président de la République, M. Mahamat Idriss Deby Itno, lors du Forum sur le commerce et l'investissement entre les Émirats arabes unis et le Tchad à Abdu Dhabi ; le Premier Ministre et Chef du Gouvernement, M. Allamaye Halina ; le Ministre d'Etat, Ministre des Finances, du Budget, de l'Economie, du Plan et de la Coopération internationale, M. Tahir Hamid Nguilin ; la Ministre de l'Action Sociale, de la Solidarité et de l'Action Humanitaire, Mme. Zara Mahamat Issa ; la ministre déléguée auprès de la ministre d'État chargée de l'Economie, du Plan et de la Coopération internationale, Mme. Fatima Haram Acyl ; le Secrétaire d'État aux Finances et au Budget, M. Ali Djadda Kampard ; le Directeur national de la BEAC, M. Idriss Ahmed Idriss ; la Présidente de la Cour des comptes, Mme. Zara Brahim Mahamat ; l'Inspecteur général des finances, M. Moustapha Loukman ; le Contrôleur général de l'Autorité indépendante de lutte contre la corruption, M. Ousmane Abderamane Djougourou ; ainsi que des hauts fonctionnaires d'autres organismes et entités gouvernementaux. La délégation a également eu des entretiens productifs avec des représentants du secteur privé. L'équipe du FMI tient à remercier les autorités tchadiennes et ses autres interlocuteurs pour leur accueil chaleureux et leur dialogue ouvert et constructif.

