Tunisie--Conclusions préliminaires de la mission de consultation intérimaire en 2005

le 24 février 2005

La déclaration de fin de mission résume les constats préliminaires effectués par les représentants du FMI à l'issue de certaines missions (visites officielles, dans la plupart des cas dans les pays membres). Ces missions s'inscrivent dans le cadre des consultations périodiques (en général annuelles)au titre de l'Article IV des Statuts du FMI, ou sont organisées lorsqu'un pays demande à utiliser les ressources du FMI (à lui emprunter des fonds), ou encore dans le contexte des discussions sur les programmes suivis par le services du FMI, ou d'autres exercices de suivi de la situation économique.

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Le 24 Février 2005

1. La mission qui a séjourné à Tunis depuis le 15 février tient à remercier les autorités pour leur accueil chaleureux et leur disponibilité entière, ainsi que pour la grande qualité des discussions.

I. Introduction

 Tunisie: Indicateurs économiques, 2003-2005

 

 

 

 

Est.

Proj.

 

2003

2004

2005

Croissance du PIB réel (%)

5.6

5.8

5.0

Inflation (moyenne sur la période)

2.8

3.6

2.9

Déficit de la balance courante (% du PIB)

2.9

2.0

2.6

Déficit budgetaire (% du PIB, gouv. central)

3.4

2.7

2.8

Dette publique (% du PIB)

60.4

59.5

57.6

Réserves brutes (US$ milliards, fin de période)

3.0

4.1

4.3

en mois d'importations de biens et services

3.0

3.6

3.4

Dette extérieure (% du PIB)

64.8

62.9

57.4

dont dette à court terme

7.4

7.2

6.9

2. Les performances économiques en 2004 sont très encourageantes. Dans un contexte d'accélération de la croissance, des politiques monétaire et budgétaire prudentes accompagnées d'une flexibilité accrue dans la gestion du taux de change ont conduit à une amélioration significative des indicateurs extérieurs. En particulier, le ratio dette extérieure sur PIB n'est plus très éloigné de celui des pays émergents les plus performants (voir Graphique 1). La poursuite de la consolidation budgétaire a aussi permis une baisse de la dette publique en pourcentage du PIB, en ligne avec l'objectif de la ramener en deçà de 50%, soit le niveau prévalent dans les pays émergents ayant une notation comparable à celle de la Tunisie (voir Graphique 2).



Figure 1

Figure 2

3. Les perspectives favorables pour 2005 présentent une occasion de faire avancer les réformes du cadre de conduite des politiques macroéconomiques et les réformes structurelles. Celles-ci permettraient d'une part de réduire les vulnérabilités existantes afin d'achever l'intégration du pays dans le marché international et d'autre part de consolider les fondations d'une croissance soutenue et durable qui conduirait à une réduction du chômage et au comblement à terme de l'écart de revenu par tête avec les pays émergents de l'OCDE. Ces réformes se révèleraient plus coûteuses à mettre en œuvre dans un contexte économique moins porteur.

II. Situation Macroéconomique

4. Après une année 2004 marquée par une croissance forte et équilibrée et par la poursuite notable de la réduction du déficit du compte courant de la balance des paiements, la conjoncture en 2005 devrait rester très favorable. Le dynamisme des services compenserait le tassement de la production des secteurs agricole et agro-alimentaire et la stagnation du secteur textile suite à l'expiration de l'Accord Multi-Fibres. La faiblesse de ces secteurs exportateurs conduirait à un rythme d'expansion plus modéré des exportations et, dans un contexte de vigueur retrouvée de la demande intérieure, on devrait observer une légère détérioration du déficit du compte courant. La balance des paiements, qui a connu une année record en 2004, devrait continuer à être en situation de surplus au cours de 2005 tandis que l'inflation devrait rester maîtrisée.

5. Plusieurs risques pourraient affecter défavorablement la conjoncture, en particulier un affaiblissement de la reprise économique en Europe, l'expiration de l'Accord Multi-Fibres et une détérioration du contexte politique au Moyen-Orient. Toutefois la mission estime que le scénario macroéconomique pour 2005 repose sur des hypothèses prudentes et qu'une révision à la hausse de l'excédent de la balance des paiements est envisageable. De plus, les effets induits de la bonne campagne agricole de 2004 en conjonction avec la poursuite de la reprise du tourisme et la confiance accrue des acteurs économiques pourraient stimuler davantage la demande intérieure, voire générer des pressions inflationnistes. Les autorités devraient donc se tenir prêtes à faire face à ces développements éventuels.

6. Les bonnes performances de la balance des paiements ont d'ores et déjà engendré une abondance de liquidité dans le système bancaire. Dans ce contexte, la politique monétaire est restée prudente au travers d'un épongement opportun d'une grande partie de cette liquidité. De plus, la flexibilité accrue du dinar continue de bien servir l'économie tunisienne.

7. Dans un environnement qui pourrait continuer à générer un excédent significatif de la balance des paiements, la politique monétaire devrait contenir l'impact de cet excédent sur la masse monétaire. En outre, une telle situation présenterait une occasion de rembourser la dette extérieure par anticipation. Au cas où l'excédent viendrait à persister, la Banque Centrale de Tunisie ne devrait pas s'opposer à des pressions éventuelles à la hausse sur le dinar, en cohérence avec sa politique qui vise à donner plus d'importance aux forces du marché dans la détermination du niveau du taux de change.

8. Quant à la politique budgétaire, les efforts de consolidation se sont poursuivis, malgré les difficultés liées à la hausse du prix du pétrole et à une certaine faiblesse dans la mobilisation de recettes fiscales. Le déficit budgétaire rapporté au PIB s'est contracté de manière substantielle et la dette publique a diminué d'environ 1 point de pourcentage du PIB à 59 ½ %. La loi de finance 2005 est compatible avec l'objectif des autorités de ramener la dette publique en dessous de 50 % du PIB à moyen terme. Cependant, la mission estime qu'il y a une marge pour renforcer les finances publiques au-delà de ce qui est prévu dans la loi de finance. En effet, les prévisions de recettes apparaissent conservatrices et toute recette additionnelle devrait être employée à la réduction de la dette. Par ailleurs, des économies de dépenses seraient envisageables sur le poste transferts et subventions dans le cas où le prix du pétrole se maintiendrait en deçà du niveau retenu dans la loi de finance (45 dollars le baril). Un déficit budgétaire moins élevé que prévu pourrait aussi aider à contrôler les pressions éventuelles exercées par la demande intérieure, et par un excédent de la balance des paiements si ce dernier se révélait difficile à stériliser.

III. Programme De Réformes

9. Les autorités ont avancé dans la mise en œuvre de leur programme de réformes au niveau à la fois des politiques macroéconomiques et des politiques structurelles. Comme évoqué ci-dessus, l'environnement macroéconomique est propice à l'accélération de ce programme essentiel à l'atteinte des objectifs des autorités à moyen terme.

10. Le renforcement du secteur bancaire est en cours et doit être poursuivi avec détermination. L'assainissement de ce secteur est essentiel à une dynamisation de la politique monétaire, au succès de l'ouverture du compte capital, et à l'allègement du coût de financement des entreprises. Les mesures prises ont contribué à une amélioration du taux de provisionnement et à une légère baisse du ratio des créances douteuses sur engagements. Néanmoins, ce ratio demeure élevé. La mission note avec satisfaction les efforts des autorités pour améliorer la transparence et pour simplifier les procédures de réalisation des garanties. Elle se félicite de l'augmentation du taux de déductibilité fiscale des provisions à 85% et encourage les autorités à le porter à 100%.

11. La réforme du cadre de la politique monétaire se poursuit. La préparation au ciblage de la masse monétaire est très avancée et la BCT devrait être prête à passer au stade de la mise en œuvre dans les mois qui viennent. La mise en place de ce nouveau cadre de politique monétaire est une condition nécessaire à la transition vers un régime de change flottant et vers la convertibilité totale du dinar. En outre, la dynamisation de la politique monétaire doit être accompagnée du développement du marché monétaire. Dans ce but, la reprise des émissions de Bons du Trésor à court terme sera nécessaire pour accroître la liquidité du marché et assurer la formation d'une courbe de maturité.

12. La mise en œuvre du programme de libéralisation du compte capital a été amorcée avec l'ouverture limitée du marché des Bons du Trésor tunisien aux non-résidents et l'assouplissement des conditions d'emprunt à l'étranger. D'autres mesures importantes ont été prises pour développer le marché des changes, notamment l'abolition de l'obligation de cession des recettes en devises et la création de comptes en devises pour certaines catégories de résidents. Cependant, le plein effet de ces mesures pour le développement rapide d'un marché des changes profond et liquide requiert l'abolition du nivellement. En outre, pour accroître le volume des transactions et pour préparer les opérateurs économiques à une flexibilité du taux de change allant dans les deux sens, il sera important que la BCT n'affiche plus de cotation de marges sur les devises, ce qui offrira un plus grand rôle aux forces du marché dans la détermination du taux de change.

13. En ce qui concerne les finances publiques, des mesures sont nécessaires à la fois au niveau des recettes et au niveau des dépenses. Côté recettes, la complexité de la fiscalité et la multiplication d'exonérations et de régimes particuliers nuisent à la capacité du système fiscal à répondre aux besoins budgétaires. La mission se félicite de l'engagement des autorités à étudier les recommandations de la mission d'assistance technique du Département des Affaires Fiscales du FMI, qui s'est déroulée au mois de Janvier/Février de cette année, et à préparer un programme de réforme. Cette réforme sera aussi importante pour améliorer le climat des affaires et donc promouvoir l'investissement privé. Côté dépenses, la mission encourage les autorités à considérer à la fois les possibilités de limiter la croissance de la masse salariale et de réformer le système de subvention de biens de consommation.

14. La mission se félicite des progrès récents concernant la réduction des droits de douanes et du nombre de lignes tarifaires au niveau multilatéral, ainsi que l'assouplissement des procédures douanières et du contrôle technique des importations. Ces démarches devraient être renforcées. En complément, de nouveaux partenariats commerciaux, à la fois au sein et en dehors de l'Union Européenne, permettraient de limiter la dépendance de l'économie tunisienne vis-à-vis d'un nombre restreint de pays européens.

15. La poursuite de la libéralisation des échanges commerciaux pourrait s'effectuer dans le cadre du PACE IV qui sera conclu avec la Banque Mondiale, l'Union Européenne et la Banque Africaine de Développement, et dont la préparation est avancée. Ce programme sera aussi un outil important pour l'amélioration du climat des affaires. A cette même fin, une flexibilité accrue du marché du travail encouragerait la création d'emploi et la réallocation du facteur travail en réponse aux changements structurels dans l'économie.

IV. Autres dossiers

16. La mission a informé les autorités qu'en réponse à leur requête, une mission de mise à jour du PESF aura lieu à l'automne 2005. Par ailleurs, une mission RONC du Département des Statistiques du FMI est programmée pour le mois d'avril. Enfin, les services du Département des Marchés Financiers Internationaux du FMI sont prêts à fournir une assistance technique pour mieux organiser les relations avec les investisseurs.

17. La mission se félicite de la décision des autorités de publier cet aide-mémoire comme à l'accoutumée.

18. Il a été convenu que la prochaine mission au titre de l'Article IV aura lieu à l'automne de cette année.





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