Communiqué de presse : Le Conseil d’administration du FMI conclut les consultations de 2013 au titre de l’article IV avec l’Algérie

le 28 janvier 2014

Communiqué de presse n° 14/28
Le 28 janvier 2014

Le 27 janvier 2014, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu les consultations au titre de l’article IV avec l’Algérie1.

Les résultats économiques en 2013 ont été satisfaisants. L’inflation, qui a atteint 8,9 % l’an dernier, a considérablement décéléré en 2013 grâce au rééquilibrage du budget et à une politique monétaire prudente. La croissance du produit intérieur brut (PIB) réel devrait ralentir à 2,7 % en 2013, contre 3,3 % 2012, du fait d’une baisse continue de la production dans le secteur des hydrocarbures et d’une diminution des dépenses publiques, qui ont été compensées en partie par la croissance vigoureuse de la demande privée et de l’investissement des entreprises publiques. Cependant, même si elle reste très solide, la position extérieure de l’Algérie a commencé à s’affaiblir. L’excédent des transactions extérieures courantes devrait décliner à 1,1 % du PIB en 2013, sous l’effet d’une forte consommation intérieure d’hydrocarbures qui, conjuguée à la baisse des prix, pèse sur les exportations d’hydrocarbures, et de la croissance rapide des importations. La situation risque de se détériorer : l’Algérie est vulnérable à une baisse prolongée des prix du pétrole, à une dégradation de la conjoncture mondiale, à de nouvelles pressions sur la rente hydrocarbure et à une intensification des tensions régionales. Les effets de contagion sur l’étranger seront probablement limités.

L’Algérie est confrontée à plusieurs défis. En dépit d’une stabilisation en 2013, de nouvelles tensions inflationnistes restent possibles du fait de la croissance récente du crédit et d’une nouvelle augmentation des salaires dans le secteur public. La vulnérabilité des finances publiques et de la balance des paiements à l’évolution du secteur des hydrocarbures s’accroît : le freinage exercé par la consommation intérieure sur le volume des exportations aggrave le risque que pose depuis longtemps une baisse des prix du pétrole. En outre, en dépit du rééquilibrage en cours, la trajectoire de la politique budgétaire n’est pas viable. La politique budgétaire est de facto procyclique, et le déficit primaire hors hydrocarbures se situe bien au-dessus de son niveau viable à long terme, ce qui implique une épargne publique nette négative à longue échéance. Enfin, les problèmes de compétitivité et de productivité pèsent sur la croissance économique, qui demeure en deçà de son potentiel et en deçà du niveau nécessaire pour réduire sensiblement le chômage, en particulier celui des jeunes et des femmes. Quoique stable, le secteur financier est sous-développé, ce qui limite l’accès au crédit, en particulier pour les petites et moyennes entreprises.

Évaluation par le Conseil d’administration2

En concluant les consultations de 2013 au titre de l’Article IV avec l’Algérie, les administrateurs ont endossé l’évaluation des services du FMI comme suit :

Les résultats économiques de l’Algérie, marqués notamment par le recul de l’inflation, du chômage et des inégalités, sont bons. Cependant, la croissance vigoureuse du crédit et une nouvelle augmentation des salaires dans le secteur public appellent à la prudence en ce qui concerne la stabilité des prix. En outre, la vulnérabilité de l’économie à l’évolution du secteur des hydrocarbures a augmenté : la baisse de la production d’hydrocarbures et l’augmentation de la consommation intérieure pèsent sur le volume des exportations, ce qui aggrave le risque que représente depuis longtemps une baisse des prix du pétrole. Enfin, le chômage reste élevé parmi les jeunes et les femmes. Les autorités sont donc encouragées à prendre les mesures nécessaires pour consolider la stabilité macroéconomique et financière, garantir la viabilité des finances publiques à moyen terme, et promouvoir une croissance vigoureuse et tirée par le secteur privé en dehors du secteur des hydrocarbures, ainsi qu’une solide création d’emplois.

Le recul de l’inflation résultant du resserrement de la politique monétaire et la consolidation budgétaire est bienvenu. Cependant, la montée récente du crédit accordé à l’économie, conjuguée à l’augmentation des dépenses courantes prévue en 2014, pourrait raviver les tensions inflationnistes, et la Banque d’Algérie devrait se tenir prête à absorber davantage de liquidités et à relever les taux d’intérêt si nécessaire. Il sera également important d’éviter de nouvelles augmentations des dépenses courantes et de financer le déficit budgétaire en émettant des obligations plutôt qu’en puisant dans le fonds de régulation des recettes (FRR).

La consolidation budgétaire engagée en 2013 doit se poursuivre afin de garantir la viabilité des finances publiques. Ceci implique de contenir l’évolution de la masse salariale, d’éliminer progressivement les subventions tout en mettant en place un système ciblé de transferts monétaires pour protéger les plus pauvres, de stabiliser en valeur réelle les transferts aux entités publiques et de réduire les exemptions fiscales. Afin de protéger la croissance économique, il sera important de préserver les dépenses d’équipement, ainsi que d’en accroître l’efficience et l’efficacité.

L’Algérie est encouragée à adopter une véritable règle budgétaire afin de mieux gérer la volatilité des recettes tirées des hydrocarbures et d’assurer la viabilité des finances publiques. Une règle budgétaire fondée sur un prix rétrospectif moyen du pétrole et plafonnant le solde primaire structurel sur la base de la viabilité des finances publiques à long terme permettrait d’améliorer la gestion des recettes des hydrocarbures. Par ailleurs, le fonds de régulation des recettes pourrait être transformé en un fonds souverain, et des plafonds annuels de prélèvements établis afin de préserver l’épargne financière. Afin d’améliorer la gestion des finances publiques, la transparence du recouvrement des recettes des hydrocarbures devrait être accrue et un système d’information intégré de gestion des finances publiques mis en place.

Pour préserver la viabilité budgétaire et extérieure, il conviendra d’accroître la production d’hydrocarbures et d’allonger l’horizon temporel des réserves. Il sera important d’améliorer le climat des affaires, d’attirer des investissements directs étrangers dans le secteur des hydrocarbures et de mettre en œuvre rapidement les plans d’investissement de la société nationale des hydrocarbures. L’élimination progressive des subventions implicites contribuerait à contenir la consommation intérieure d’énergie et à soutenir les exportations.

Les autorités sont encouragées à continuer de cibler le taux de change effectif réel d’équilibre pour protéger la compétitivité des exportations hors hydrocarbures. La prime sur le marché des changes parallèle illégal nuit à la croissance et ce problème doit être traité avec vigueur. Par ailleurs, il conviendrait de relever les plafonds indicatifs de devises pour les voyageurs à des niveaux plus réalistes.

La stabilité du secteur financier est bienvenue. Pour en favoriser le développement, la concurrence dans le secteur bancaire devrait être intensifiée, le développement des centrales des risques accéléré, les mécanismes de garantie révisés, et les régimes des sûretés et de l’insolvabilité renforcés. L’interdiction des prêts à la consommation devrait par ailleurs être éliminée et davantage de possibilités de financement hypothécaire offertes. Afin de développer les marchés de capitaux, les émissions de dette souveraine pourraient être accrues, et les entreprises publiques performantes cotées en bourse. En outre, les obstacles à l’émission d’obligations et d’actions des sociétés privées devraient être éliminés. Enfin, les autorités sont appelées à s’attaquer immédiatement aux déficiences du dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

Il est nécessaire d’opérer des réformes structurelles de large portée pour accélérer la croissance économique et la création d’emplois. Il importe en particulier d’améliorer le climat des affaires, d’accroître la compétitivité-coûts et d’assouplir le régime restrictif de l’investissement direct étranger. Il convient également d’approfondir l’intégration commerciale en adhérant à l’OMC, en facilitant le commerce extérieur et en encourageant les exportations. Enfin, des réformes pour assouplir le marché du travail et veiller à ce que les demandeurs d’emploi disposent des qualifications appropriées seraient utiles.


Algérie : principaux indicateurs macroéconomiques du scénario de référence, 2012–14
 

 

2012 2013 2014

 

  Proj. Proj.
 

Production

 

 

 

PIB réel

3,3 2,7 4,3

PIB réel hors hydrocarbures

7,1 5,9 5,3

Emploi

 

 

 

Taux de chômage (en pourcentage)

11,0 9,8

Prix

 

 

 

Prix à la consommation (moyenne de la période)

8,9 4,5 4,5

 

(En pourcentage du PIB, sauf indication contraire)

Finances publiques

 

 

 

Recettes

40,5 38,4 37,6

Hydrocarbures

26,4 23,9 23,2

Dépenses et prêts nets

44,5 38,7 39,7

Dépenses courantes

30,2 26,0 26,1

Dépenses en capital

14,4 12,3 13,2

Solde budgétaire

-4,0 -0,2 -2,1

Solde primaire hors hydrocarbures (en pourcentage du PIBHH)

-46,4 -34,0 -34,9

Total dette publique

9,2 9,4 10,2

 

(Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)

Secteur monétaire

 

 

 

Crédit à l’économie 1/

15,1 29,6 10,3

Monnaie au sens large

10,9 8,6 10,2

Vitesse de circulation de la monnaie au sens large (niveau)

1,4 1,4 1,4

Taux des bons du Trésor à trois mois (fin de période, en pourcentage)

0,4
  (En pourcentage du PIB, sauf indication contraire)

Balance des paiements

 

 

 

Exportations d’hydrocarbures (en dollars EU, variation en pourcentage)

-1,5 -7,5 -2,7

Exportations d’hydrocarbures (en pourcentage du total des exportations de marchandises)

98,4 98,1 97,8

Importations de marchandises (en dollars EU, variation en pourcentage)

14,9 4,9 0,9

Transactions courantes

6,0 1,1 0,3

Investissement direct étranger

0,7 0,6 0,6

Total dette extérieure

1,9 1,5 1,3

Réserves brutes (en milliards de dollars EU)

190,7 196,0 196,8

En mois d’importations de biens et de services de l’année prochaine

34,9 35,6 35,2

Taux de change

 

 

 

Taux de change effectif réel (2005 = 100)

107,2

Unités de monnaie nationale/dollar EU (moyenne de la période)

77,6

Secteur du pétrole et du gaz

 

 

 

Total des exportations de produits pétroliers et de gaz (en milliards de dollars EU)

70,6 65,3 63,5

Production d’hydrocarbures (en millions de TEP)

173,0 166,0 169,2

Prix d’exportation moyen du pétrole brut (en dollars EU le baril)

110,8 111,3 107,9

 

(En pourcentage du PIB)

Investissement et épargne

 

 

 

Formation brute de capital

40,6 42,6 43,1

Dont : hors administrations publiques

26,3 30,2 29,9

Épargne nationale brute

46,6 43,6 43,4

Dont : hors administrations publiques

36,3 31,6 32,3

Poste pour mémoire :

 

 

 

PIB nominal (en milliards de dollars EU)

204 209 214
 

Sources : autorités algériennes; estimations et projections des services du FMI.

1/ Crédit au secteur privé et aux entreprises publiques.

 

 

 

Algérie : principaux indicateurs macroéconomiques du scénario de référence, 2012–14
 

 

2012 2013 2014

 

  Proj. Proj.
 

Production

 

 

 

PIB réel

3,3 2,7 4,3

PIB réel hors hydrocarbures

7,1 5,9 5,3

Emploi

 

 

 

Taux de chômage (en pourcentage)

11,0 9,8

Prix

 

 

 

Prix à la consommation (moyenne de la période)

8,9 4,5 4,5

 

(En pourcentage du PIB, sauf indication contraire)

Finances publiques

 

 

 

Recettes

40,5 38,4 37,6

Hydrocarbures

26,4 23,9 23,2

Dépenses et prêts nets

44,5 38,7 39,7

Dépenses courantes

30,2 26,0 26,1

Dépenses en capital

14,4 12,3 13,2

Solde budgétaire

-4,0 -0,2 -2,1

Solde primaire hors hydrocarbures (en pourcentage du PIBHH)

-46,4 -34,0 -34,9

Total dette publique

9,2 9,4 10,2

 

(Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)

Secteur monétaire

 

 

 

Crédit à l’économie 1/

15,1 29,6 10,3

Monnaie au sens large

10,9 8,6 10,2

Vitesse de circulation de la monnaie au sens large (niveau)

1,4 1,4 1,4

Taux des bons du Trésor à trois mois (fin de période, en pourcentage)

0,4
  (En pourcentage du PIB, sauf indication contraire)

Balance des paiements

 

 

 

Exportations d’hydrocarbures (en dollars EU, variation en pourcentage)

-1,5 -7,5 -2,7

Exportations d’hydrocarbures (en pourcentage du total des exportations de marchandises)

98,4 98,1 97,8

Importations de marchandises (en dollars EU, variation en pourcentage)

14,9 4,9 0,9

Transactions courantes

6,0 1,1 0,3

Investissement direct étranger

0,7 0,6 0,6

Total dette extérieure

1,9 1,5 1,3

Réserves brutes (en milliards de dollars EU)

190,7 196,0 196,8

En mois d’importations de biens et de services de l’année prochaine

34,9 35,6 35,2

Taux de change

 

 

 

Taux de change effectif réel (2005 = 100)

107,2

Unités de monnaie nationale/dollar EU (moyenne de la période)

77,6

Secteur du pétrole et du gaz

 

 

 

Total des exportations de produits pétroliers et de gaz (en milliards de dollars EU)

70,6 65,3 63,5

Production d’hydrocarbures (en millions de TEP)

173,0 166,0 169,2

Prix d’exportation moyen du pétrole brut (en dollars EU le baril)

110,8 111,3 107,9

 

(En pourcentage du PIB)

Investissement et épargne

 

 

 

Formation brute de capital

40,6 42,6 43,1

Dont : hors administrations publiques

26,3 30,2 29,9

Épargne nationale brute

46,6 43,6 43,4

Dont : hors administrations publiques

36,3 31,6 32,3

Poste pour mémoire :

 

 

 

PIB nominal (en milliards de dollars EU)

204 209 214
 

Sources : autorités algériennes; estimations et projections des services du FMI.

1/ Crédit au secteur privé et aux entreprises publiques.

 

 

 


1 Conformément aux dispositions de l'article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières, et s'entretient avec les responsables nationaux de l'évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du Conseil d'administration.

2 À l'issue des délibérations, le Directeur général, en qualité de Président du Conseil d'administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. Les consultations de cette année ont été conclues selon la procédure du défaut d'opposition. En vertu de cette procédure, les consultations au titre de l'article IV sont achevées par le Conseil sans faire l’objet de discussions officielles. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés du Conseil d’administration à l’adresse suivante : http://www.imf.org/external/french/np/sec/misc/qualifiersf.htm.




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