Bulletin du FMI : Il faut passer d’une reprise à trois vitesses à une reprise à plein régime, déclare Mme Lagarde
le 18 avril 2013
- La coopération est plus importante que jamais, étant donné les interconnexions à grande échelle
- Dans un monde interconnecté, une reprise mondiale inégale n’est pas suffisante
- Pour passer à une reprise à plein régime, il faut prendre des mesures de large portée et adaptée aux besoins
La reprise inégale de l’économie mondiale peut devenir une reprise « à plein régime » si les pays prennent des mesures adaptées aux besoins sur divers fronts, a déclaré Christine Lagarde, Directrice générale du FMI.
Réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale
Lors des réunions de printemps 2013 du FMI et de la Banque mondiale, elle a déclaré aux journalistes qu’une économie mondiale « à trois vitesses » — celle des pays qui affichent de bons résultats, celle des pays dont la situation se rétablit et celle des pays qui ont encore du chemin à parcourir — ne serait pas suffisante pour promouvoir une croissance équilibrée et durable.
« Nous avons besoin d’une reprise mondiale à plein régime, avec une croissance qui est vigoureuse, durable et équilibrée, mais aussi solidaire et bien ancrée dans le développement vert », a déclaré Mme Lagarde lors d’une conférence de presse au début des réunions de printemps à Washington, qui rassemblent les dirigeants économiques des 188 pays membres du FMI, des fonctionnaires nationaux, des organisations de la société civile, des journalistes et des représentants du monde universitaire et du secteur privé.
Le programme des réunions de printemps inclut des séminaires, des séances d’information régionales et des conférences de presse portant sur l’économie mondiale, le développement international et les marchés financiers mondiaux.
Des mesures adaptées aux besoins
Mme Lagarde a souligné que chacun des trois groupes de pays susmentionnés devrait prendre des mesures adaptées à leurs besoins pour que l’économie mondiale tourne à plein régime. En particulier, le FMI attirera l’attention sur les effets d’entraînement dans une économie mondiale de plus en plus interconnectée.
« Dans la situation actuelle, la coopération reste essentielle. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le FMI a été fondé et, dans un monde très interconnecté, c’est plus important que jamais », a déclaré Mme Lagarde.
Mme Lagarde a répété sa mise en garde d’une reprise mondiale à trois vitesses — celle des pays qui affichent de bons résultats (principalement les pays émergents et les pays en développement), celle des pays dont la situation se rétablit (y compris les États-Unis, la Suède et la Suisse) et celle des pays qui ont encore du chemin à parcourir (tels que la zone euro et le Japon).
Première vitesse : les pays émergents doivent reconstituer leur marge de manoeuvre et renforcer la réglementation et le contrôle de leur secteur financier, tandis que les pays à faible revenu doivent s’appuyer sur leur succès et investir dans l’avenir, notamment en répondant à leurs besoins en infrastructures et à leurs besoins sociaux.
Deuxième vitesse : Les États-Unis ont réussi à éviter le précipice budgétaire, mais ils doivent encore corriger le rythme de leur ajustement budgétaire : un ajustement de moindre envergure et de meilleure qualité aujourd’hui, et un ajustement bien plus marqué à l’avenir.
Troisième vitesse : Les dirigeants de la zone euro ont accompli beaucoup de progrès sur une courte période. La priorité consiste maintenant à réparer des systèmes bancaires fragiles et à faire avancer l’établissement d’une union bancaire. Au Japon, l’annonce récente d’un ambitieux programme d’assouplissement monétaire constitue un pas positif. Mais le pays a besoin de plans plus ambitieux pour réduire son endettement, ainsi que de réformes structurelles pour accélérer son activité économique.
Mme Lagarde a souligné que les dirigeants doivent aussi s’attaquer aux vieux risques qui n’ont pas encore été tout à fait résolus : elle les a engagés à achever la réforme du secteur financier, à s’employer à réduire les déséquilibres mondiaux et à promouvoir vigoureusement la croissance, l’emploi et l’équité. « Nous devons protéger ceux qui sont les plus touchés par la crise et veiller à ce que l’ajustement soit aussi équitable que possible », a-t-elle déclaré.
Mme Lagarde a souligné que le FMI se préoccupe avant tout d’être au service de ses 188 pays membres et qu’il s’efforce d’évoluer en phase avec l’économie mondiale. « Il est fondamental que nous soyons le miroir de l’évolution du monde », a-t-elle noté.
Lors de sa conférence de presse d’ouverture, Mme Lagarde a abordé un large éventail de sujets, allant du multilatéralisme au Soudan du Sud.
En ce qui concerne le multilatéralisme, elle a noté que pendant toute la crise les pouvoirs publics se sont efforcés d’éviter la fragmentation. « La coopération demeure essentielle », a-t-elle déclaré, notant que certaines formes de régionalisme, telles que les accords commerciaux régionaux, peuvent faciliter les échanges commerciaux entre certains groupes de pays.
Pour ce qui est des déséquilibres mondiaux, Mme Lagarde a noté que le FMI évalue les déséquilibres extérieurs et les désalignements dans le cadre de son nouveau rapport sur le secteur extérieur. « Nous cherchons à mieux comprendre les effets d’entraînement qui se font ressentir dans une économie mondiale de plus en plus interconnectée », a-t-elle déclaré.
En ce qui concerne l’Égypte, Mme Lagarde a souligné que le FMI est déterminé à aider le pays. Elle a déclaré que l’aide extérieure a un rôle à jouer : « Le pays est vulnérable, il a perdu beaucoup de réserves. Il y a de la croissance, mais elle pourrait certainement être bien plus élevée si la situation était stable du point de vue financier et économique », a-t-elle déclaré.
En réponse à une question sur le point de vue du FMI en ce qui concerne la politique d’assainissement budgétaire du Royaume-Uni, Mme Lagarde a déclaré : « Au fil des années, le FMI a cherché à observer d’aussi près que possible le résultat de cette politique, et nous y souscrivons clairement. Nous l’avons dit à maintes reprises. Cependant, nous avons aussi répété ces deux dernières années, et je ne peux préjuger de ce que nous ferons lors de la prochaine consultation au titre de l’article IV, que si la croissance fléchissait, si la croissance était particulièrement faible, il faudrait envisager de ralentir le rythme de l’assainissement. Il n’y a là rien de neuf. »
En outre, Mme Lagarde a noté avec satisfaction que le Soudan et le Soudan du Sud ont annoncé récemment l’application d’un accord en matière de sécurité et de partage des recettes pétrolières.