Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : Les banques canadiennes sont sûres et solides, le logement présente des risques

le 4 février 2014

  • Six banques dominent avec 93% des actifs
  • Les tests de résistance indiquent que les banques sont résilientes et bien capitalisées
  • Un organe unique avec une «vue générale» des risques financiers serait utile

Si le système bancaire du Canada était une personne, une fiancée pourrait le présenter à ses parents : stable, solide, riche et prudemment réglementé. Comme dans d’autres économies avancées exportatrices de produits de base, les banques canadiennes sont parmi les plus rentables depuis 2008.

Un passant devant une banque à Toronto au Canada: les six plus grandes banques du pays dominant le secteur financier (photo: Mark Blinch/Reuters)

Un passant devant une banque à Toronto au Canada: les six plus grandes banques du pays dominant le secteur financier (photo: Mark Blinch/Reuters)

PROGRAMME D’ÉVALUATION DU SECTEUR FINANCIER

Le marché du logement du pays constitue un risque potentiel pour la stabilité financière ; mais le système d’assurances hypothécaires garanties par l’État du pays amortirait le premier coup porté par une crise, selon la dernière évaluation du secteur financier du pays par le FMI.

Le rapport précise que le ratio de la dette au revenu des ménages a grimpé ces dernières années, en grande partie à cause des prix élevés du logement dans certaines régions, ce qui rend l’économie plus vulnérable en cas de choc. Les prêts hypothécaires et à la consommation garantis par l’immobilier sont le groupe d’actifs le plus important des banques canadiennes. Un tiers de tous les prêts non productifs sont des prêts hypothécaires.

Le FMI a également publié le bilan de santé annuel de l’économie du Canada qui devrait progresser de 2¼% en 2014.

Réduire le risque pour les contribuables

Les autorités ont pris des mesures pour imposer des limites sur les assurances hypothécaires garanties par l’État et le FMI estime qu’elles pourraient faire davantage pour limiter le risque pour les contribuables. En particulier, deux mesures seraient utiles :

• Confier au principal organisme de surveillance financière pleine autorité réglementaire sur l’organe d’assurances hypothécaires de l’État

• Prévoir des principes communs pour les assurances hypothécaires

Six banque réglementées niveau fédéral détiennent 93% des actifs bancaires — une concentration relativement importante par rapport à d’autres pays tels que le Royaume-Uni.

Les autorités fédérales réglementent la majorité du secteur financier, bien qu’une part importante soit placée sous la surveillance des provinces. Le FMI indique que le cadre de réglementation et de surveillance correspond aux normes internationales et que les différents organismes fédéraux de surveillance sont bien coordonnés. Mais le Canada ne dispose pas d’un régulateur unique qui veille aux risques pour le système financier dans son ensemble.

«Le système financier canadien a obtenu des résultats remarquables au cours des années. C’est le résultat à la fois de la démarche conservatrice adoptée pour une réglementation et une surveillance bancaires effectives par un régulateur qui suit le marché de près et d’une bonne coordination entre les autorités fédérales. Notre recommandation vise à protéger le système des crises futures plutôt qu’à suggérer des changements fondamentaux. L’une des lacunes que nous avons relevées est qu’il n’existe aucune entité ou enceinte qui ait mandat ou qualité de membre lui permettant d’avoir une vue complète et générale du système et de couvrir toutes les institutions et marchés qui relèvent du niveau fédéral et provincial,» a ajouté Aditya Narain, Directeur adjoint du Département des marchés monétaires de capitaux du FMI qui dirige l’équipe qui a réalisé l’évaluation.

Principaux risques

Le secteur financier du Canada est étendu et dominé par un petit nombre d’acteurs. Le système financier du pays détient des actifs équivalant à cinq fois le PIB du Canada.

Les autres risques éventuels relevés par le FMI sont les suivants :

• Un ralentissement de la croissance sur les marchés émergents pourrait déboucher sur une baisse des prix des produits de base

• Les tensions financières en Europe pourraient se traduire par des coûts de financement bancaire plus élevés et une chute des résultats bancaires

• Le dénouement désordonné des politiques non traditionnelles des banques centrales aux États-Unis pourrait se traduire par des pertes sur les portefeuilles obligataires

Le Canada est l’un des 25 centres financiers majeurs qui doivent soumettre leur santé financière à une revue régulière dans le cadre de la surveillance du FMI. La crise économique mondiale a démontré les conséquences économiques dévastatrices que la crise financière d’un pays pouvait avoir sur l’économie mondiale. Depuis 2010, les pays dont le secteur financier est susceptible d’avoir un impact majeur sur la stabilité financière mondiale doivent subir tous les cinq ans une revue approfondie de leur santé financière.

Réformes clés

Dans son évaluation du système financier, le FMI a recommandé que le gouvernement entreprenne une série de réformes, notamment les suivantes :

• Recueillir régulièrement davantage de données sur le secteur financier pour aider les régulateurs à détecter les futures difficultés éventuelles

• Inclure les grandes institutions de dépôts réglementées au niveau fédéral et provincial dans des exercices de résistance communs et accroître la coordination entre le niveau fédéral et provincial s’agissant des plans de gestion de crise

• Combler les lacunes de l’identification des risques et de l’application de la réglementation des valeurs mobilières

• Prévoir un mandat clair pour une entité unique qui ait une vue générale des risques pour le système financier dans son ensemble

La dernière évaluation financière du Canada a eu lieu en 2008. Le FMI signale que les autorités ont depuis lors pris des mesures pour appliquer ses précédentes recommandations. Dans les années à venir, les autorités devraient progressivement réduire le rôle des assurances hypothécaires.