Le conseil d’administration du FMI achève les consultations au titre de l’article IV avec l’Union des Comores

le 18 juin 2018

Le 13 juin 2018, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé les consultations au titre de l’article IV [1] avec l’Union des Comores.

Les résultats de l’économie comorienne se sont améliorés en 2017. La croissance est estimée à 2,7% en 2017, soit ½ point de pourcentage de plus que l’année précédente. Une combinaison de facteurs a contribué à ce résultat, notamment une amélioration de la situation dans le secteur de l’électricité par rapport à 2016, une augmentation des exportations et une hausse des transferts de fonds. Cependant, l’économie a été freinée par un sentiment de détérioration du climat des affaires et des tensions dans le secteur financier. L’inflation est demeurée modérée.

Des réformes visant à accroître les recettes et les premiers pas effectués vers le règlement des arriérés extérieurs ont commencé à porter leurs fruits en 2017 et ce, en dépit des problèmes rencontrés dans la mise en œuvre de la politique budgétaire. Les recettes ont augmenté considérablement en 2017, de quelque 2,5 points de pourcentage du PIB par rapport à 2016, portées à la fois par les impôts et les recettes douanières. Les recettes ont été largement inférieures à l’objectif ambitieux du budget supplémentaire et ont été insuffisantes pour satisfaire les besoins de dépenses courantes : elles ont été complétées par des dons au titre de l’aide budgétaire fournie par l’Arabie Saoudite et l’Émirat de Sharjah (environ 3% du PIB ensemble), ainsi que des emprunts du secteur financier. Par ailleurs, l’exécution du budget d’investissement a été bien inférieure au niveau requis pour combler le déficit considérable des infrastructures et rehausser les perspectives de croissance à moyen terme.

Les perspectives à court terme restent difficiles en l’absence de nouvelles réformes. Pour limiter la vulnérabilité et réaliser durablement une croissance suffisamment élevée qui peut accroître le niveau de vie, il convient de s’appuyer sur les réformes actuelles tout en mettant en œuvre un vaste ensemble de mesures. Pour améliorer les perspectives de croissance à long terme, il sera essentiel de surmonter les contraintes persistantes et considérables sur le plan des capacités physiques et humaines, en particulier les goulets d’étranglement dans la fourniture des infrastructures de base telles que les routes et l’électricité, d’améliorer le climat des affaires, d’accroître davantage les recettes, de renforcer la gouvernance et l’efficacité du système judiciaire, et de redresser les fragilités du secteur financier.

Le programme de réforme et les plans d’investissement des autorités, entrepris dans le contexte de leur plan révisé de développement stratégique (SCA2D), contribueront à rehausser la croissance potentielle à terme. Un cadre budgétaire réaliste, fondé sur des objectifs réalistes en matière de recettes et d’investissement, ainsi que la poursuite de la mise en œuvre des réformes, est essentiel pour étayer le programme de développement. Pour obtenir l’indispensable financement extérieur du développement à des conditions favorables, une collaboration plus étroite avec la communauté des bailleurs de fonds sera nécessaire, afin de préserver les gains durement acquis en matière de viabilité de la dette au cours des dernières années.

Évaluation par le Conseil d’administration [2]

Les administrateurs saluent les résultats économiques obtenus récemment par les Comores en dépit des difficultés persistantes. Notant les perspectives difficiles à moyen terme, les administrateurs encouragent les autorités à s’appuyer sur les progrès accomplis jusqu’à présent et à poursuivre leur action exhaustive et leurs réformes structurelles pour réaliser une croissance plus élevée et plus inclusive.

Les administrateurs soulignent qu’il est nécessaire de continuer de chercher à créer l’espace budgétaire requis pour accroître les dépenses prioritaires dans les infrastructures et dans le domaine social. Ils soulignent qu’il est important de maîtriser les dépenses publiques courantes et de continuer d’accroître les recettes en renforçant les administrations des impôts et des douanes. Les administrateurs appellent aussi à continuer de s’employer à améliorer l’exécution du budget grâce à une réforme de la gestion des finances publiques. Ils soulignent la nécessité de continuer à gérer la dette de manière prudente, avec le recours principalement à des emprunts concessionnels, afin de préserver la viabilité de la dette.

Les administrateurs saluent les mesures qui ont été prises pour moderniser le cadre de politique monétaire et encouragent les autorités à bien échelonner les réformes envisagées. Ils notent que même si le secteur financier est bien capitalisé et liquide, il sera essentiel de remédier à la vulnérabilité croissante du secteur financier, y compris le niveau élevé des prêts improductifs, afin d’accélérer la croissance du crédit et le développement du secteur privé. Les administrateurs encouragent les autorités à veiller à ce que le dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme soit conforme aux normes internationales, ce qui contribuerait aussi à faire face aux problèmes relatifs aux relations de correspondants bancaires.

Les administrateurs saluent les progrès qui ont été accomplis dans la mise en œuvre des réformes structurelles. Cependant, ils conviennent qu’il est nécessaire d’opérer des réformes plus profondes pour améliorer les perspectives de croissance. Les administrateurs soulignent qu’il doit être prioritaire de remédier au déficit des infrastructures, de maintenir un approvisionnement stable en électricité, de renforcer la gouvernance et de réduire les inégalités de genre. Ils soulignent que la mise en œuvre du programme de développement ambitieux nécessite d’identifier des sources de financement durables dans le contexte d’un cadre budgétaire réaliste, afin de préserver la viabilité de la dette. Les administrateurs notent avec satisfaction que les autorités souhaitent collaborer plus étroitement avec le FMI. Ils soulignent qu’il est essentiel de continuer de chercher à améliorer les capacités statistiques, la fiabilité, ainsi que les délais de production et la cohérence des données économiques aux fins de la surveillance macroéconomique et de l’élaboration de la politique économique.

Comores — Principaux Indicateurs Economiques et Financiers, 2015–23

2015

2016

2017

2018

2019

2020

2021

2022

2023

Prel.1

Proj.1

(Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)

Revenu national et prix

PIB réel

1.0

2.2

2.7

2.8

2.8

2.9

3.1

3.2

3.3

Déflateur PIB

1.6

2.4

1.2

2.4

2.2

2.3

2.3

2.3

2.3

Indice des prix à la consommation (moyenne annuelle)

2.0

1.8

1.0

2.0

2.0

2.0

2.0

2.0

2.0

Indice des prix à la consommation (fin d'année)

2.0

0.8

2.9

1.9

1.6

1.8

1.7

1.9

1.9

Monnaie et crédit

Avoirs extérieurs nets

37.9

-13.1

10.4

2.4

2.7

2.0

1.7

1.5

1.0

Crédit intérieur

-4.7

33.5

-0.4

2.3

3.9

5.0

5.5

5.9

6.3

Crédit au secteur privé

16.8

7.2

6.3

5.4

5.4

5.8

6.4

6.5

6.2

Monnaie au sens large

17.1

10.3

1.8

5.3

5.1

5.3

5.5

5.6

5.7

Vitesse de circulation (PIB/masse monétaire fin d'année)

2.3

2.2

2.2

2.2

2.2

2.2

2.2

2.2

2.2

Secteur extérieur

Exportations (f.à.b.)

-21.7

82.0

26.2

-12.8

5.5

5.7

6.0

6.7

7.4

Importations (f.à.b.)

-7.8

-0.4

14.2

3.0

3.1

4.4

5.6

5.7

6.2

Exportations en volume

-21.0

32.3

-0.9

-10.2

4.7

4.8

5.0

5.4

5.9

Importations en volume

-4.9

13.4

9.7

8.9

6.0

6.1

6.2

6.3

6.3

Termes de l'échange

3.5

22.3

8.6

-0.2

2.6

1.7

1.2

1.3

1.2

(En pourcentage du PIB, sauf indication contraire)

Investissement et épargne

Investissement intérieur brut

18.4

21.0

21.4

21.6

21.8

22.1

22.5

22.8

23.1

Public

8.4

10.3

9.9

10.7

10.9

11.1

11.1

11.2

11.3

Privé

10.0

10.7

11.6

10.9

10.9

11.0

11.4

11.5

11.8

Epargne nationale brute

18.0

13.6

17.3

15.6

14.1

14.7

15.2

15.7

16.2

Publique

10.7

-0.8

5.1

3.8

0.4

0.1

-0.1

-0.3

-0.6

Privée

7.3

14.5

12.2

11.8

13.7

14.6

15.3

16.0

16.8

Budget du gouvernement

Recettes et dons

31.6

23.4

28.5

28.3

25.5

25.7

26.0

26.3

26.6

Recettes intérieures

11.1

13.0

15.5

15.6

14.7

14.8

14.9

15.0

15.0

Total dons

15.1

8.9

11.7

10.6

8.6

8.6

8.5

8.5

8.6

Total dépenses

27.4

30.8

27.9

30.2

30.8

31.5

32.0

32.6

33.3

Dépenses courantes

17.4

18.2

16.9

19.5

19.4

19.8

20.3

21.0

21.6

Dépenses en capital

8.4

10.3

10.4

10.7

11.3

11.7

11.7

11.6

11.6

Solde primaire

-1.4

-5.1

-1.8

-3.5

-5.1

-5.6

-5.7

-6.0

-6.4

Variation des arriérés

-1.6

0.0

-0.2

-1.2

-0.1

0.0

0.0

0.0

0.0

Intêrets extérieurs

0.0

0.1

0.1

0.0

-0.1

0.0

0.0

0.0

0.0

Intérieurs

-1.6

-0.1

-0.3

-1.2

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

Solde global (base caisse)

2.8

-8.1

0.4

-3.1

-5.4

-5.8

-6.0

-6.3

-6.7

Hors dons

-12.3

-17.0

-11.3

-13.7

-13.9

-14.4

-14.6

-14.9

-15.3

Financement

-1.5

6.9

-0.3

3.1

5.4

5.8

6.0

6.3

6.7

Extérieur (net)

3.2

2.0

-0.4

3.5

5.5

5.8

6.0

6.3

6.7

Intérieur (net)

-4.7

4.9

0.1

-0.3

-0.2

0.0

0.0

0.0

0.0

Ecart de financement/ Erreurs et omissions

-1.3

1.2

-0.1

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

Secteur Extérieur

Exportations de biens et services

16.5

17.9

19.1

18.1

18.2

18.3

18.5

18.8

18.9

Importations de biens et services

45.4

43.8

46.9

47.0

47.0

47.0

47.0

47.1

47.3

Compte courant

-0.4

-7.4

-4.1

-6.0

-7.7

-7.4

-7.3

-7.1

-7.0

Excl. Transferts officiels et transferts privés

-42.1

-25.0

-27.1

-28.2

-28.0

-27.8

-27.8

-27.7

-27.7

Transferts privés nets 2

17.1

16.1

18.6

18.6

18.7

18.8

19.0

19.1

19.2

Dette extérieure

22.8

26.4

28.8

25.8

25.7

26.0

26.3

26.7

27.3

Service de la dette extérieure3

0.8

1.2

1.2

3.6

2.0

1.9

1.7

1.6

1.5

Balance des paiements globales (en million de dollar E.U.)

47.1

-38.3

23.6

1.9

3.2

0.0

0.0

0.0

0.0

Dons et emprunts

18.3

11.1

11.7

12.7

10.8

10.9

11.0

11.1

11.2

Réserves internationales brutes (fin de période)

En millions de dollars E.U.

204.0

167.3

205.6

216.6

219.2

221.1

222.7

223.9

224.8

Equivalent en mois d'importations de biens et services

9.2

7.5

8.1

7.3

7.0

6.6

6.3

5.9

5.6

Taux de change effectif réel (2000=100)

81.7

76.3

71.1

Taux de change dollar E.U. (moyenne annuelle)

443.4

444.6

435.7

Pour mémoire

PIB (nominal, milliards FC)

260.9

273.1

283.9

298.8

314.0

330.6

348.8

368.2

389.1

PIB par tête (nominal, en dollars E.U.)

751

763

788

887

918

952

984

1,020

1,055

Sources : Autorités comoriennes et estimations et projections des services du FMI.

1 À partir de 2017, comprend les recettes et les dépenses budgétisées liées aux subventions aux combustibles des entreprises publiques.

2 À partir de 2015, les transferts officiels privés nets comprennent les estimations faites par la Banque centrale des Comores des éléments de débit autres que les virements électroniques.

3 En pourcentage des exportations de biens et services et des transferts privés.



[1] Conformément aux dispositions de l'article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières, et s'entretient avec les responsables nationaux de l'évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du conseil d'administration.

[2] À l'issue de ces délibérations, le directeur général, en qualité de président du conseil d'administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés des délibérations du conseil d'administration à l’adresse : http://www.imf.org/external/np/sec/misc/qualifiers.htm .

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