Le conseil d’administration du FMI achève les consultations de 2019 au titre de l’article IV avec la République du Congo
le 27 janvier 2020
Le 17 janvier 2020, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé les consultations au titre de l’article IV 1 avec la République du Congo.
La situation économique reste difficile, mais des signes de stabilité sont observés. La croissance hors pétrole pourrait devenir positive pour la première fois depuis 2015 grâce à une reprise dans les secteurs de l’agriculture, de la sylviculture et des transports. Toutefois, de nombreux secteurs économiques demeurent en récession en raison de retards dans la mise en œuvre de la stratégie d’apurement des arriérés et du caractère restrictif des conditions de financement. La progression de la production de pétrole en 2019 est moins franche qu’initialement prévu et la croissance globale reste proche de 2 %.
Les autorités ont continué de faire preuve de prudence en matière de politique budgétaire et de gestion de la dette, et le niveau global de la dette publique devrait diminuer en 2019, après avoir atteint un niveau record de 117 % du PIB en 2017. Toutefois, la dette publique extérieure reste en difficulté et les autorités congolaises négocient une restructuration de la dette avec les créanciers commerciaux extérieurs afin d’en rétablir la viabilité. L’inflation se maintient à des niveaux modérés (environ 2 %) et le compte courant devrait enregistrer un fort excédent grâce à la hausse des exportations de pétrole et des exportations minières à la suite de nouvelles mises en exploitation. Conjuguée à une application plus stricte des réglementations de change, cette situation se traduit par une plus forte accumulation d’avoirs extérieurs nets à la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) que celle initialement prévue.
À moyen terme, la croissance non pétrolière devrait se redresser à mesure que les autorités mettent en œuvre leur stratégie d’apurement des arriérés intérieurs et lancent des réformes visant à appuyer leur stratégie de diversification. Les perspectives à court terme risquent d’être revues à la baisse en raison de la possible diminution des prix du pétrole, de la difficulté éventuelle à maintenir sur la durée des excédents budgétaires élevés et des capacités insuffisantes pour mettre en œuvre l’ambitieux programme de réformes structurelles élaboré par les autorités. Toutefois, ces risques seraient atténués à moyen terme par des perspectives de hausse de la production pétrolière si les récentes découvertes de gisements pétroliers venaient à se confirmer.
Évaluation par le conseil d’administration 2
Les administrateurs ont noté que la République du Congo continuait de faire face à une situation économique très difficile, assortie de perspectives macroéconomiques délicates caractérisées par des niveaux d’endettement élevés, une faible croissance et une confiance limitée des chefs d’entreprise. Dans le même temps, ils ont salué le caractère modéré des niveaux d’inflation, la tendance à la baisse de la dette publique et l’augmentation des avoirs extérieurs nets. Pour soutenir la stabilité macroéconomique et une croissance inclusive, les administrateurs ont encouragé les autorités à poursuivre l’assainissement des finances publiques, la restructuration de la dette et la mise en œuvre de réformes visant à renforcer la gouvernance et à diversifier l’économie.
Les administrateurs ont estimé que les autorités devraient continuer de renforcer leur cadre budgétaire à moyen‑terme. Prenant note de la prudence avec laquelle le budget de l’année écoulée avait été exécuté, ils ont constaté avec satisfaction que le budget 2020 continuait de prévoir un assainissement des finances publiques pour contribuer à rétablir la viabilité de la dette. Les administrateurs ont souligné combien les efforts déployés pour augmenter les recettes non pétrolières constituaient un pilier essentiel de la stratégie budgétaire, en particulier les mesures visant à réduire les exonérations fiscales, à recouvrer les arriérés d’impôts et à continuer de réformer l’administration fiscale. Ils ont également insisté sur l’importance de renforcer les systèmes de gestion des finances publiques et de veiller à ce que des ressources suffisantes soient allouées à des programmes sociaux indispensables pour les groupes vulnérables, notamment les programmes destinés aux femmes et ceux menés dans les domaines de la santé et de l’éducation. Les administrateurs ont aussi relevé l’importance d’un appui coordonné des donateurs aux efforts d’ajustement du pays.
Les administrateurs ont convenu que la gestion de la dette publique devrait continuer de figurer au cœur du plan de relance économique du Congo. Ils ont souscrit aux mesures prévues par les autorités pour accélérer les négociations avec les créanciers commerciaux extérieurs afin de parvenir à un accord de réduction de la dette. Les administrateurs ont également encouragé les autorités à mettre en œuvre leur stratégie d’apurement des arriérés intérieurs auprès du secteur privé et ont souligné la nécessité de limiter l’augmentation des prêts improductifs, de fournir suffisamment de liquidités au secteur privé pour lui permettre de remplir ses obligations fiscales et d’accroître la confiance des chefs d’entreprise afin de soutenir l’activité économique, en particulier dans le secteur non pétrolier. Ils ont également insisté sur la nécessité d’éviter toute nouvelle accumulation d’arriérés extérieurs officiels et d’apurer l’encours existant conformément aux engagements pris précédemment. Pour mieux cerner les vulnérabilités liées à la dette, les administrateurs ont préconisé d’accroître la transparence en matière de dette, y compris pour les entreprises publiques.
Les administrateurs ont jugé encourageantes les réformes visant à améliorer la gouvernance et à réduire la corruption. Ils ont salué la publication des états financiers vérifiés de la société pétrolière nationale et du projet de budget 2020, qui a permis d’améliorer l’accès du public à l’information économique. Néanmoins, les administrateurs ont estimé que des efforts supplémentaires étaient nécessaires et ont encouragé les autorités à poursuivre le renforcement et la mise en œuvre du cadre de lutte contre la corruption et à faire en sorte que la nouvelle instance chargée de cette question et la commission de transparence deviennent pleinement opérationnelles.
Les administrateurs ont convenu que la stratégie de diversification de la République du Congo serait déterminante pour promouvoir une croissance plus élevée et plus inclusive. À cet égard, ils ont souligné combien il importait de renforcer la gouvernance et d’améliorer le climat des affaires, notamment par des réformes visant à accroître l’accès à l’électricité, à réduire les exigences administratives liées à la création de nouvelles entreprises et à améliorer l’accès au crédit.
Tableau 1. République du Congo : principaux indicateurs économiques et financiers, 2017-2024 |
||||||||||||
|
2017 |
2018 |
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
2023 |
2024 |
||||
Proj. |
Proj. |
Proj. |
Proj. |
Proj. |
Proj. |
Proj. |
||||||
(variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) |
||||||||||||
Production et prix |
||||||||||||
PIB à prix constants |
-1,8 |
1,6 |
2,2 |
4,6 |
1,9 |
0,0 |
1,3 |
2,3 |
||||
Pétrolier |
15,3 |
23,9 |
5,5 |
9,5 |
-1,6 |
-8,8 |
-6,1 |
-3,4 |
||||
Hors pétrole |
-6,2 |
-5,5 |
0,8 |
2,5 |
3,6 |
4,0 |
4,1 |
4,2 |
||||
PIB aux prix courants |
12,4 |
24,8 |
1,1 |
3,4 |
-1,5 |
-3,0 |
0,2 |
2,6 |
||||
Déflateur du PIB |
14,4 |
22,9 |
-1,1 |
-1,1 |
-3,4 |
-3,0 |
-1,0 |
0,3 |
||||
Prix à la consommation (moyenne de la période) |
0,4 |
1,2 |
1,9 |
1,8 |
2,6 |
2,8 |
3,0 |
3,0 |
||||
Prix à la consommation (fin de période) |
1,8 |
0,9 |
1,8 |
2,5 |
2,7 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
||||
Secteur extérieur |
||||||||||||
Exportations, f.à.b. |
37,7 |
46,1 |
-1,8 |
2,0 |
-5,0 |
-7,4 |
-2,5 |
1,0 |
||||
Importations, f.à.b. |
-43,2 |
5,0 |
-2,2 |
7,3 |
3,5 |
1,0 |
0,3 |
2,7 |
||||
Volume des exportations |
26,0 |
30,8 |
0,9 |
8,9 |
-2,6 |
-9,8 |
-7,3 |
-2,7 |
||||
Volume des importations |
-40,0 |
10,3 |
-1,6 |
6,0 |
2,1 |
1,1 |
-0,2 |
2,6 |
||||
Termes de l’échange (- = dégradation) |
9,6 |
16,4 |
-2,1 |
-7,5 |
-3,9 |
2,7 |
4,7 |
3,7 |
||||
Solde des transactions courantes (en % du PIB) |
-3,5 |
7,2 |
8,0 |
5,8 |
1,2 |
-2,1 |
-2,5 |
-2,9 |
||||
Avoirs extérieurs nets |
-54,2 |
12,3 |
100,8 |
32,2 |
41,7 |
9,3 |
11,8 |
6,8 |
||||
Dette publique extérieure (en % du PIB) |
80,0 |
61,3 |
55,2 |
52,7 |
52,8 |
51,5 |
48 |
46 |
||||
Secteur monétaire |
||||||||||||
Monnaie au sens large |
-10,4 |
-4,0 |
15,8 |
1,5 |
8,5 |
0,4 |
1,4 |
2,9 |
||||
Crédit au secteur privé |
-5,4 |
-2,7 |
-1,5 |
2,1 |
2,4 |
5,8 |
7,0 |
7,8 |
||||
(en pourcentage du PIB) |
||||||||||||
Investissement et épargne |
||||||||||||
Épargne nationale brute |
26,2 |
24,3 |
27,8 |
27,4 |
25,3 |
24,6 |
26,2 |
27,6 |
||||
Publique |
1,6 |
9,2 |
13,6 |
13,8 |
14,4 |
15,2 |
14,8 |
14,8 |
||||
Privée |
24,6 |
15,1 |
14,2 |
13,6 |
11,0 |
9,5 |
11,3 |
12,8 |
||||
Investissement brut |
29,8 |
17,1 |
19,9 |
21,6 |
24,1 |
26,7 |
28,7 |
30,5 |
||||
Public |
7,9 |
2,2 |
4,2 |
4,8 |
5,8 |
6,3 |
6,6 |
6,8 |
||||
Privé |
21,9 |
14,9 |
15,7 |
16,8 |
18,3 |
20,2 |
21,9 |
23,5 |
||||
(en pourcentage du PIB non pétrolier, sauf indication contraire) |
||||||||||||
Finances de l’administration centrale |
||||||||||||
Total des recettes |
53,6 |
74,2 |
80,0 |
79,0 |
75,4 |
71,6 |
67,8 |
65,5 |
||||
Recettes pétrolières |
25,2 |
50,6 |
51,3 |
45,8 |
41,2 |
36,1 |
32,2 |
29,6 |
||||
Recettes non pétrolières (dons compris) |
28,4 |
23,6 |
28,6 |
33,2 |
34,2 |
35,4 |
35,6 |
35,9 |
||||
Total des dépenses et prêts nets |
67,8 |
57,4 |
58,0 |
58,1 |
57,0 |
54,4 |
53,0 |
51,8 |
||||
Courant |
48,4 |
51,9 |
47,5 |
46,2 |
43,6 |
41,2 |
40,1 |
39,1 |
||||
Capital (et prêts nets) |
15,2 |
5,5 |
10,4 |
11,9 |
13,4 |
13,2 |
12,9 |
12,7 |
||||
Hors budget |
4,3 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
||||
Solde global (base déficit, base ordonnancement, en % du PIB) |
-7,4 |
6,6 |
8,8 |
8,4 |
8,0 |
8,2 |
7,6 |
7,4 |
||||
Solde primaire hors pétrole (- = déficit) |
-35,3 |
-28,1 |
-24,7 |
-21,2 |
-19,6 |
-16,5 |
-15,4 |
-14,3 |
||||
Solde budgétaire primaire de base (- = déficit) 1 |
-1,9 |
24,3 |
26,6 |
24,5 |
21,5 |
19,7 |
16,8 |
15,2 |
||||
Solde budgétaire de référence (en % du PIB)2 |
-0,7 |
-4,7 |
-0,8 |
3,0 |
5,6 |
6,5 |
5,7 |
5,0 |
||||
Solde primaire (en % du PIB) |
-5,2 |
8,9 |
10,6 |
9,9 |
9,4 |
9,4 |
8,6 |
8,2 |
||||
Écart de financement (en milliards de FCFA)3 |
0,0 |
0,0 |
260 |
449 |
269 |
68 |
-98 |
0,0 |
||||
Dette publique totale (en % du PIB) |
117,5 |
87,1 |
77,5 |
70,5 |
66,9 |
62,5 |
56,8 |
54,2 |
||||
(en pourcentage du total des recettes publiques, hors dons) |
||||||||||||
Service de la dette publique extérieure |
24,0 |
24,6 |
37,4 |
32,2 |
23,1 |
19,1 |
12,6 |
7,6 |
||||
Dette publique extérieure |
293,4 |
210,9 |
175,4 |
168,2 |
163,5 |
152,5 |
139,8 |
133,6 |
||||
(en milliards de FCFA, sauf indication contraire) |
||||||||||||
PIB nominal |
5 188 |
6 476 |
6 545 |
6 767 |
6 666 |
6 469 |
6 484 |
6 652 |
||||
PIB pétrolier nominal |
2 493 |
3 932 |
3 936 |
4 046 |
3 771 |
3 373 |
3 161 |
3 081 |
||||
PIB non pétrolier nominal |
2 695 |
2 544 |
2 609 |
2 721 |
2 894 |
3 096 |
3 323 |
3 570 |
||||
PIB nominal (en millions de dollars) |
8 932 |
11 664 |
11 206 |
11 559 |
11 496 |
11 240 |
11 314 |
11 624 |
||||
Prix mondial du pétrole (en dollars/baril) |
53 |
68 |
62 |
58 |
55 |
55 |
55 |
56 |
||||
Production de pétrole (en millions de barils) |
98 |
121 |
128 |
140 |
137 |
125 |
118 |
114 |
||||
Taux de change nominal (FCFA/$EU, moyenne de la période) |
580,9 |
555,2 |
… |
… |
… |
… |
… |
… |
||||
TCER (variation en pourcentage) |
-0,5 |
3,1 |
… |
… |
… |
… |
… |
… |
||||
Sources : autorités congolaises ; estimations et projections des services du FMI. |
||||||||||||
1 Recettes à l’exclusion des dons, moins dépenses totales (à l’exclusion des paiements d’intérêts et de l’investissement public financé sur ressources extérieures). |
||||||||||||
2 Solde budgétaire global moins 20 % des recettes pétrolières et moins 80 % des recettes pétrolières supérieures à la moyenne observées au cours des trois années précédentes. |
||||||||||||
3 Avant le financement du FMI au titre de la FEC, les autres financements attendus et le financement exceptionnel dû à la restructuration de la dette extérieure, nette des passifs conditionnels restructurés. |
||||||||||||
1 Conformément à l’article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières, et s'entretient avec les responsables nationaux de l'évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du conseil d'administration.
2 À l'issue des délibérations, la directrice générale, en qualité de présidente du conseil d'administration, résume les vues des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés des délibérations du conseil d'administration à l’adresse suivante : https://www.imf.org/external/french/np/sec/misc/qualifiersf.htm .
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ATTACHÉ DE PRESSE: Lucie Mboto Fouda
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