Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : Le FMI approuve un prêt de 15 millions de dollars pour soutenir la reprise au Mali

le 10 juin 2013

  • Prêt d’urgence sans intérêts à l’appui du redressement économique
  • Les prêts du FMI aident à catalyser la reprise des dons extérieurs qui totalisent plus de 4 milliards de dollars
  • Tout revers dans la voie de la transition démocratique risquerait de miner la confiance et de compromettre la reprise

Le 10 juin, le Conseil d’administration du FMI a approuvé un prêt d’urgence de 15 millions de dollars sans intérêts en faveur du Mali pour accompagner les mesures visant à maintenir la stabilité macroéconomique et à promouvoir le redressement de l’économie après le repli enregistré en 2012.

Marché à Bamako. Les bonnes récoltes de 2012 ont amorti l’impact de la crise politique et sécuritaire (photo : Habibou Kouyate/AFP/Newscom)

Marché à Bamako. Les bonnes récoltes de 2012 ont amorti l’impact de la crise politique et sécuritaire (photo : Habibou Kouyate/AFP/Newscom)

AFRIQUE DE L’OUEST

Ce prêt est accordé au titre de la Facilité de crédit rapide, guichet concessionnel ouvert aux pays qui ont subi de graves perturbations économiques et ont besoin d’un soutien rapide.

Ce nouveau prêt en faveur du Mali fait suite à un crédit de 18 millions de dollars que le Conseil d'administration du FMI avait approuvé en janvier. Les deux concours ont contribué à catalyser la reprise des dons extérieurs, qui totalisent plus de 4 milliards de dollars.

Ces dernières années, le Mali a connu une des crises les plus graves de son histoire récente. Après une sécheresse désastreuse en 2011 et une période de pénurie alimentaire qui a touché près d’un tiers de la population, le pays a été plongé dans une crise sécuritaire lorsque des insurgés ont pris le contrôle du nord du territoire au début de l’année 2012. Un coup d’État militaire en mars 2012 est venu déstabiliser davantage une situation politique déjà fragilisée.

L’insécurité a eu de très graves conséquences sur le plan humanitaire et économique. Dans le nord du pays, quelque 400.000 personnes ont fui les combats et ont trouvé refuge dans les pays voisins — Burkina Faso, Niger, Mauritanie — tandis que le reste de la population était déplacée au sein même du Mali.

Des finances publiques mises à rude épreuve

L’économie a plongé dans la récession, car l’aggravation de l’insécurité a provoqué une réduction brutale des arrivées de voyageurs au Mali, avec des conséquences désastreuses pour les secteurs du commerce, de l’hôtellerie et de la restauration. Les finances publiques ont été malmenées, car les recettes fiscales ont chuté, tandis que les bailleurs de fonds suspendaient leurs concours dans l’attente de l’adoption d’une feuille de route claire vers le rétablissement d’un gouvernement élu démocratiquement.

La compression des investissements publics — première ligne de défense pour contenir le déficit budgétaire — a contribué à la contraction des secteurs des BTP et des services. Les arriérés de paiements extérieurs et intérieurs se sont accumulés en dépit des efforts vigoureux déployés par les autorités pour maîtriser les dépenses, compte tenu de l’affaiblissement des recettes publiques.

Les perspectives se sont améliorées au début de 2013. L’intervention militaire dirigée par la France a permis de chasser les rebelles des villes du nord et les autorités gouvernementales ont pu commencer à reprendre le contrôle de la totalité du territoire. La feuille de route en vue de l’organisation d’élections présidentielles l’an prochain a été adoptée par le gouvernement de transition d’unité nationale et par l’Assemblée nationale.

Appui des bailleurs de fonds

Le décaissement du prêt accordé par le FMI en janvier et les engagements pris par les autorités en vue de l’organisation d’élections et de l’application de bonnes politiques ont contribué à mobiliser les bailleurs de fonds. Lors de la conférence organisée à Bruxelles en mai 2013, ces derniers ont promis au Mali une assistance totalisant quelque 4 milliards de dollars pour 2013–14, ce qui constituera un véritable ballon d’oxygène pour ce pays dans le besoin.

Le Mali reste aux prises avec de redoutables difficultés. Sur le front politique, il doit rétablir pleinement le fonctionnement des administrations publiques dans le nord du pays, organiser des élections démocratiques dans des délais ambitieux et consolider la paix. Dans le même temps, le gouvernement s’efforce d’accompagner la reprise économique qui se fait jour et de maintenir la stabilité économique et financière face à des pressions croissantes à la hausse des dépenses publiques.

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Aujourd’hui, l’économie amorce un redressement (voir graphique). La perspective d’une reprise des dons extérieurs sur une grande échelle a amélioré la confiance, et les dépenses publiques qui en découleront devraient stimuler les secteurs éprouvés par la crise sécuritaire et politique. Il subsiste cependant une part de risque : la production agricole est tributaire des aléas climatiques, et une augmentation des tensions sociales ou des revers sur la voie de la transition démocratique pourraient miner la confiance encore fragile et compromettre le redressement prévu.

La politique budgétaire prudente est un facteur de stabilisation. Jusqu’à présent, la modération budgétaire a permis de maintenir la stabilité macroéconomique dans une conjoncture difficile. Avec la reprise des aides extérieures, il sera essentiel de poursuivre une politique budgétaire prudente et de veiller au déploiement efficace du surcroît de ressources.

Les plans de dépenses publiques pour 2013 parviennent à concilier deux impératifs : répondre aux besoins sécuritaires et sociaux et résorber les arriérés. Le mode de financement, qui limite autant que possible le recours au crédit bancaire intérieur, devrait ménager plus de marge pour le crédit bancaire au secteur privé, ce qui est important pour relancer la croissance économique.

Investissements dans les infrastructures

À moyen terme, pour tirer parti du potentiel qui permettra d’accélérer la croissance et de faire reculer la pauvreté, il faudra faire progresser les réformes pour accroître la marge budgétaire et développer les circuits financiers. La mise en valeur intégrale des vastes terres agricoles qui peuvent être irriguées pourrait déboucher sur une croissance plus largement partagée. Il faut pour cela investir davantage dans les domaines prioritaires : infrastructures routières, énergie et irrigation, modernisation des techniques agricoles, éducation et santé.

Afin de créer la marge budgétaire requise pour ces dépenses,

• Il faut accroître les recettes fiscales en réduisant les exonérations, en éliminant les subventions à l’énergie et en procédant à une refonte des administrations fiscale et douanière,

• Il faut réduire les dépenses non prioritaires en supprimant les transferts en faveur de la compagnie nationale d’électricité déficitaire, des banques d’habitat et de développement et des caisses de retraite, et

• Il est nécessaire de rationaliser la gestion de trésorerie en créant un compte unique du Trésor.

Pour favoriser les investissements dans le secteur privé, il importe d’élargir l’accès au crédit en accélérant l’apurement des créances improductives des banques, en réformant le code foncier pour faciliter l’emploi des terres comme garantie des crédits bancaires et en étoffant le secteur du microcrédit.