Perspectives économiques régionales

LE MOYEN-ORIENT ET L'AFRIQUE DU NORD

mai 2023

Préserver la stabilité macroéconomique dans un contexte toujours incertain

Les pays du Moyen-Orient et d’Asie centrale (région MOAC) ont fait preuve de résilience en 2022 face à une série de chocs d’envergure mondiale. Cependant, en 2023, et potentiellement en 2024, la croissance devrait ralentir au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (région MOAN) dans la mesure où les politiques restrictives visant à combattre l’inflation, à atténuer les vulnérabilités et à reconstituer des volants de sécurité commenceront à peser sur l’activité économique dans de nombreux pays tandis que les baisses de production de pétrole déjà approuvées freineront la croissance des exportateurs de pétrole. Quant à l’inflation, elle devrait persister2. Les perspectives pour les pays du Caucase et d’Asie centrale (région CAC) sont fortement tributaires de facteurs extérieurs, à savoir les consequences du durcissement monétaire et le dynamisme de la croissance chez leurs principaux partenaires commerciaux, l’ampleur des transferts privés et l’afflux d’immigrés en provenance de Russie. Les incertitudes sont grandes et les risques de révision du scénario de référence sont orientés à la baisse dans un climat marqué par des inquiétudes quant à la stabilité financière, en particulier dans les pays avancés du fait de craintes de contagion. Les arbitrages sont encore plus délicats qu’auparavant, et les décideurs devront judicieusement définir le dosage des politiques afin de réduire l’inflation hors alimentation et énergie sans provoquer de tensions ou de resserrement excessif sur le plan financier et continuer d’apporter un soutien budgétaire ciblé aux groupes vulnérables tout en préservant la viabilité de la dette et la stabilité financière. La mise en oeuvre de politiques monétaires et budgétaires rigoureuses dans la region alors que les conditions financières mondiales sont restrictives appelle une accélération des réformes structurelles de façon à stimuler la croissance potentielle et à renforcer la résilience.

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Chapitre 2

Politique monétaire : où en est la région Moyen-Orient et Asia centrale ?

La riposte des autorités monétaires des pays du Moyen-Orient et d’Asie centrale (MOAC) à la poussée inflationniste de 2021–22 a été très variable. L’orientation actuelle est suffisamment restrictive ou neutre dans de nombreux pays se servant d’un taux directeur, mais un resserrement plus important s’impose dans les autres. La réaction au dernier choc inflationniste a été du même ordre voire parfois plus vigoureuse que celle observée lors de précédents épisodes. Dans plusieurs pays, cependant, la mise en oeuvre de la politique monétaire continue de souffrir d’un défaut de coordination avec la politique budgétaire ou de la prééminence de la politique budgétaire. La transmission de la politique monétaire dans les pays avec un régime de change flottant ou de flottement dirigé est plus puissante que dans les pays à régime de change fixe, elle s’effectue essentiellement par le canal des taux de change et le canal du crédit joue un rôle assez limité. Même les pays dont la réaction a été suffisante gagneraient à renforcer leur cadre de politique monétaire et favoriser le développement financier. Activer d’autres circuits de transmission améliorerait la capacité des banques centrales à combattre l’inflation en réduisant leurs coûts économiques. En outre, des taux de change plus flexibles et des mesures macroprudentielles pourraient contribuer à rendre la politique monétaire plus efficace. Dans les pays les banques publiques jouent un rôle important dans l’intermédiation financière, les dirigeants devraient aussi réduire les activités quasi monétaires et quasi budgétaires de ces banques pour améliorer la transmission.