Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : L’activité bancaire internationale, plus sûre depuis la crise

le 8 avril 2015

  • Les banques réduisent les prêts transfrontaliers et s’appuient davantage sur les crédits locaux des filiales
  • Les systèmes financiers des pays d’accueil sont donc plus sûrs
  • Les dirigeants doivent promouvoir la stabilité de l’activité bancaire internationale

Les banques internationales font davantage appel aux crédits des filiales étrangères qu’aux prêts transfrontaliers. De ce fait, les systèmes financiers des pays d’accueil sont sans doute plus sûrs; c’est ce qui ressort d’une récente étude du Fonds monétaire international.

Banque à Londres : les banques internationales prêtent moins à l’international, ce qui est une bonne chose pour la stabilité financière (photo : Reuters/Toby Melville)

Banque à Londres : les banques internationales prêtent moins à l’international, ce qui est une bonne chose pour la stabilité financière (photo : Reuters/Toby Melville)

RAPPORT SUR LA STABILITÉ FINANCIÈRE DANS LE MONDE

Il ressort d’une nouvelle analyse du FMI publiée dans la dernière édition du Rapport sur la stabilité financière dans le monde que les prêts transfrontaliers accentuent l’effet des chocs nationaux et mondiaux sur le système économique et financier des pays. Les plus exposés aux crédits transfrontaliers accusent un ralentissement plus marqué de la croissance du crédit durant les crises, qu’elles soient nationales ou mondiales. Les crédits locaux des filiales étrangères ont en revanche un comportement différent.

Considérations pratiques

En principe, les prêts des banques étrangères peuvent être une arme à double tranchant au regard de la stabilité financière du pays bénéficiaire (le pays d’accueil). D’une part, les banques étrangères seront vraisemblablement moins exposées aux tensions locales et elles peuvent donc stabiliser la croissance du crédit lorsque le pays d’accueil traverse une période difficile. Par ailleurs, les banques étrangères risquent de transmettre les chocs mondiaux aux pays d’accueil.

En règle générale, les banques peuvent mener leurs activités de prêts internationaux de deux manières : directement par des opérations transfrontalières, ou par le biais de leurs filiales étrangères. Dans le premier cas, le siège prête directement aux entreprises ou autres banques à l’étranger. Dans le second, les succursales ou filiales (sociétés affiliées) contrôlées par le groupe bancaire accordent des prêts aux résidents du pays où elles sont implantées. Ces deux formes d’activité bancaire internationale ont des conséquences très différentes pour la stabilité financière du pays d’accueil.

Tandis que les activités bancaires transfrontalières tendent à aggraver les effets des chocs nationaux ou mondiaux sur le crédit dans le pays d’accueil, les prêts locaux peuvent, eux, jouer un rôle stabilisateur durant les crises nationales.

«En période de crise nationale, les sociétés affiliées d’établissements étrangers tendent à réduire leur crédit moins que les banques locales», a déclaré Gaston Gelos, Chef de la Division des analyses de stabilité financière mondiale. «C’est notamment le cas si la maison-mère de la filiale est bien capitalisée et dispose de sources de financement stables».

Certaines banques se replient, d’autres interviennent

Le basculement relatif, depuis la crise, vers le crédit des filiales aura donc vraisemblablement des conséquences positives pour la stabilité financière des pays d’accueil.

Depuis la crise financière mondiale, le durcissement de la réglementation bancaire, aussi bien générale que spécifiquement liée aux opérations internationales, et la nécessité d’assainir les bilans ont poussé les banques à réduire leurs crédits internationaux. Elles se sont recentrées sur les régions et places financières présentant une plus grande importance stratégique. Les banques dont le bilan était fragile se sont retirées davantage des prêts transfrontaliers.

Cette situation est principalement le fait des banques de la zone euro. Le retrait des banques européennes du crédit à l’Asie a ouvert la voie à d’autres établissements à vocation plus régionale. Les banques chinoises et japonaises, par exemple, ont partiellement comblé le vide. En Afrique, l’expansion des banques panafricaines dans l’ensemble du continent a renforcé les liens financiers entre pays africains.

Bien que le tassement des prêts transfrontaliers ait vraisemblablement une incidence positive sur la stabilité financière, ce type d’activité bancaire internationale présente aussi, en principe, des avantages. Par exemple, les crédits transfrontaliers directs des banques internationales contribuent à la distribution de l’épargne mondiale entre les différents pays et ils aident les emprunteurs à diversifier leurs sources de financement. Les dirigeants doivent donc prendre tout cela en considération pour rendre le système bancaire international plus sûr.

L’analyse dont rend compte le rapport apporte des arguments aux politiques destinées à promouvoir la coopération internationale en matière de mécanismes de résolution bancaire, afin de limiter les risques liés aux faillites des banques internationales.

Par ailleurs, comme les prêts locaux des filiales étrangères se révèlent plus sûrs et plus résilients, les politiques qui encouragent ce type de prêts sont utiles. Les gouvernements peuvent renforcer la résilience aux chocs financiers en encourageant les filiales des banques internationales à s’appuyer davantage sur les sources de financement locales.

«Comme les maisons-mères bien capitalisées peuvent également contribuer à la stabilité financière du pays d’accueil, les récentes réformes financières visant à renforcer les marges de fonds propres des banques internationales aident à promouvoir la stabilité financière à l’échelle mondiale», a déclaré M. Gelos.

Le FMI présentera plus de détails sur le Rapport sur la stabilité financière dans le monde le 15 avril.