Typical street scene in Santa Ana, El Salvador. (Photo: iStock)

(photo : Sultan Mahmud Mukut/SOPA Image/Newscom)

Bulletin du FMI : La lutte contre le changement climatique ne doit pas nécessairement se faire aux dépens de l’emploi et de la croissance

le 24 novembre 2015

  • Il est possible de s’attaquer à la fois au changement climatique et à la pauvreté
  • Les emplois «verts» sont compatibles avec la croissance économique
  • L’heure est venue de commencer à déployer les taxes carbone

À l’heure où le monde converge vers Paris à l’occasion du Sommet des Nations Unies sur le climat, l’édition de décembre 2015 du magazine Finances & Développement (F&D) examine les tensions et les complémentarités qui peuvent exister entre la lutte contre le changement climatique et la logique de la croissance.

Les énergies vertes peuvent être un outil de développement : panneaux solaires, Réserve de développement durable, Amazonas, Brésil (photo : Stringer/Brazil/Reuters/Corbis)

Les énergies vertes peuvent être un outil de développement : panneaux solaires, Réserve de développement durable, Amazonas, Brésil (photo : Stringer/Brazil/Reuters/Corbis)

FAIRE TOURNER LA PLANÈTE

Le rédacteur en chef de F&D, Jeffrey Hayden, donne le ton : l’une des questions les plus pressantes auxquelles doit répondre la société est celle de savoir comment concilier la demande d’une énergie suffisante pour nourrir la croissance et le développement économiques et l’urgente nécessité de réduire fortement les émissions de gaz carbonique, principale cause du changement climatique. Cette question alimente, selon lui, un intense débat, de plus en plus polarisé et mettant souvent dos à dos croissance et énergie durable.

Pour Nicholas Stern de la London School of Economics (LSE) la lutte contre la pauvreté et la lutte contre le changement climatique ne s’excluent pas l’une l’autre. Il faudra investir en masse dans les infrastructures durant les 15 années à venir pour faire reculer la pauvreté et promouvoir la croissance sur fond d’urbanisation rapide. Selon N. Stern, cet investissement donnera toutefois l’occasion — avec une collaboration internationale et une planification résolue — de promouvoir un développement durable, y compris en réduisant l’utilisation de combustibles fossiles.

Peter Poschen, de l’OIT, et Michael Renner, du Worldwatch Institute, affirment qu’il ne faut pas nécessairement choisir entre l’écologie et l’emploi. De fait, la protection de l’environnement peut aller de pair avec la prospérité économique et la création d’emplois. Les études de l’OIT et d’autres organisations font apparaître que si les émissions étaient réduites conformément aux objectifs fixés pour les délibérations de Paris sur le climat, le gain net pour l’emploi total serait de l’ordre de 0,5 à 2 %.  

Dans un article sur la tarification du carbone, Ian Parry, économiste du FMI, examine les problèmes pratiques que pose la définition d’un prix qui tienne compte des coûts véritables. Selon lui, la chute des prix de l’énergie et une dynamique positive en faveur de l’atténuation dans le sillage du Sommet de Paris créent une conjoncture particulièrement propice à la mise en place progressive de taxes carbones.

Il ressort d’une analyse des quatre grands épisodes de chute des cours du pétrole des 30 dernières années réalisée par des économistes de la Banque mondiale que la baisse la plus récente ressemble étonnamment au repli prolongé qui a commencé en 1986, ce qui laisse augurer une longue période de faibles prix.

Les économistes Lucas Davis et Catherine Hausman et Mustafa Jamal, du Département des études du FMI, bouclent le tour d’horizon avec des articles consacrés, respectivement, à l’avenir de l’énergie nucléaire et à la modernisation des réseaux électriques pour permettre une gestion de la demande fondée sur le client.

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Financement de la lutte contre le VIH/sida

Paul Collier et d’autres auteurs se penchent sur les coûts du traitement et de la prévention du VIH/sida en Afrique. La maladie étant désormais maîtrisable, le financement des traitements et l’investissement dans la prévention deviennent des engagements de longue durée qui pourraient mettre à mal les capacités budgétaires de certains pays. Les auteurs mettent en garde : «donateurs et gouvernements ne sauraient avancer à l’aveuglette vers une future crise».

Également dans ce numéro

Luis Catão et Rui Mano examinent le coût élevé que doivent assumer les pays qui se déclarent en défaut de paiement sur leur dette souveraine, allant à l’encontre de l’idée reçue selon laquelle ce coût serait négligeable. Par ailleurs, David Dollar et ses collaborateurs remettent en question, quant à eux, un autre cliché qui voudrait que la Chine soit un investisseur dominant en Afrique.

La dernière édition de F&D contient aussi des articles sur l’effet que la pratique de plus en plus répandue de «vente» de citoyenneté peut avoir sur les petits pays; la pénurie de sable comme obstacle au développement; et l’impact négatif que les élections peuvent avoir sur la prise de décision judicieuse en matière d’investissement public.

La rubrique L’ABC de l’économie explique la théorie des jeux, et Paroles d’économistes dresse le portrait de Richard Layard, de la LSE, qui signale que l’économie s’est par trop écartée de sa finalité première — et à laquelle il a toujours consacré sa vie professionnelle —, à savoir maximiser le bien-être.